commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, septembre 10, 2018

Pour meubler un dimanche, recours à l'atelier

Ciel qui jouait avec l'épaisseur de son voile, carcasse jouant avec mal-être, garder l'antre, lavage de cheveux, ménage insuffisamment, un peu plus de cent pages du Paysan de Paris (y compris revenir sur la lecture brumeuse de samedi soir) et quelques textes (bien trop peu, l'importance de mon retard – et de mes quelques refus – devient irréversible) de l'atelier d'été du tiers livre http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
et me borne à reprendre ma réponse à la vidéo 41 de François Bon
(reprendre un passage du texte antérieur et l'augmenter de l'intérieur, en mettant les fragments ajoutés entre des doubles crochets sur le fichier que nous adressons à François Bon, lequel pour retrouver le parti pris par Georges Perec dans W les installe, dans la version publiée, en notes sous l'original du texte inchangé... mais ci-dessous, tant pis, un peu par paresse, un peu pour suivre le pente de mon ego - et puis la courge a tant tâtonné pour trouver comment faire des crochets -, je trahis ce principe et garde la présentation du fichier)
Arrivé là, il a redressé la tête, lui l'ancien habitué des après-midi de paresse au Père Lachaise [[,quand après avoir circulé un peu, montant et descendant entre les grands monuments des maréchaux ou autres grands des siècles passés, rendu visite à des poètes aimés et cueilli une ou deux occasions de sourire en observant les enfants qui jouaient, il revenait s'asseoir, son dos appuyé au mur d'une des deux chapelles dominant l'allée solennelle qui grimpait depuis la grande porte, un livre posé sur ses jambes tendues, visage offert, yeux fermés, au soleil printanier,]], lui qui aimait flâner [[dans les cimetières blottis autour de petites églises villageoises,]]avec juste un petit arrière-goût de mélancolie en avançant entre les tombes de frères humains inconnus, ce petit goût qui ralentit le pas, qui lui donne saveur tendrement amère, mais n'allait jamais visiter les tombes familiales qui d'ailleurs étaient hors d'accès, auraient nécessité un voyage plus ou moins compliqué, comme pour vérifier que les aimés étaient là rangés [[sagement, pour attendre que la mémoire d'un de leurs proches ait recours à leur souvenir pour un moment de tendresse consolante ou pour appuyer une décision, sans d'ailleurs trop s'interroger sur ce qui aurait été leur avis]], ne gardant d'ailleurs des enterrements que les quelques souvenirs poignants de la peine maîtrisée des survivants – la vision d'une jeune femme et de cinq enfants se tenant par la main devant une tombe et le sanglot étranglé de son voisin, [[ou le fils debout devant le trou, regardant le cerceuil sous lui, mains serrant convulsivement, sans pourvoir faire le geste de la lâcher, la casquette qu'il était chargé de poser sur le bois vernis,]] le mort n'étant plus pour un temps [[que le tumulte intérieur, le désarroi, la peine éperdue de ceux qui l'aimaient ou, plus tendrement et terriblement,]] que [[l'entrée dans]] l'absence planant sur leur groupe. Et dès qu'il l'a pu, a fait le court trajet en bus, est descendu là où la rue, qui n'était plus depuis longtemps bordée de muriers, dessinait une ébauche de place arrondie, entre trois bureaux et hangars de pompes funèbres (avec devant l'un d'eux quelques échantillons de sculptures) et la porte qui s'ouvrait dans la longue muraille, sous une profusion, en effet, de branches, est entré avec un mélange de respect et de curiosité [[dans cet espace que seules animaient les branches ondulant lentement dans un vent naissant]], pour être saisi, au bout de quelques pas, par le plaisir de circuler sans but sous les arbres, le mélange de tons, de formes des feuillages[[, sous les hautes futaies dont les troncs jaillissaient de buissons sages et quelques arbustes abandonnés à leur désordre]], les yeux errants sur les chapelles orgueilleuses – refoulant d'un sourire l'ironie qui pointait parfois – avec leurs colonnes aux ordres improbables et les pleureurs ou anges si merveilleusement lisses, convenus et émouvants (tant et tant que ne l'étaient plus, émouvants, sauf légèrement quand la pierre portait usure ou lichens) entre les concessions qui, ici, étaient découpées à angles droits, de tailles assez égalitaires, si ce n'est que les tombes les plus simples [[étaient regroupées au centre de chaque îlot derrière la rangée des monuments familiaux]] – et parmi les plébéiennes dalles de pierre ou de marbre rouge sombre, l'émotion d'une simple butte de terre où s'alignaient, plantées dans le sol, de minuscules plaques ex-voto et des fleurs en fil métallique, et il était resté là gorge nouée murmurant, ou le croyant, des noms qui n'avaient sens que pour lui et renvoyaient à d'autres lieux, d'autres simplicités, ou pour certains à d'injurieuses opulences imposées [[par une génération antérieure, dans d'immenses cimetières aux abords de grandes villes]]. Mais ce qui dominait ici c'étaient les arbres, les merveilleux arbres, leur vieillesse robuste, les troncs multipliés comme en faisceaux des énormes cyprès, l'infinie variété de cette vie végétale regroupée là, protégeant les morts et semblant en tirer force, se les assimiler pour que l'essence des corps abandonnant le ciment du caveau [[où la mort et la tranquillité des vivants les tenaient enfermés]], se hissant au dessus de l'humus sur lequel les visiteurs glissaient, au dessus des énormes racines contre lesquelles se tordaient les chevilles, se balancent dans le mistral, boivent les pluies d'orage, se baignent dans le bleu et se libèrent de cette dalle que l'on fleurit pour eux ou abandonne, s'en moquent bien les morts... stupidités qui le faisaient sourire, un peu, auxquelles il aimait croire un instant, pris d'un besoin de se sentir frère de ces morts inconnus, dans la navrance résignée de constater leur abandon, ou le sourire attendri d'un objet, d'un bouquet frais [[ou, à côté d'un arrosoir abandonné, un petit arrosoir de couleur, une petite voiture offerte en cadeau pour amadouer une brutale détresse inexplicable]], en circulant sans rencontrer personne dans les allées, avec le plaisir aussi de se sentir aussi merveilleusement vivant que le vent qui se levait et faisait danser lentement les hautes branches des conifères.


6 commentaires:

casabotha a dit…

Pour garder l'antre vous faut-il un molosse?

Brigetoun a dit…

non... du temps de l'antre parisien mes neveux m'avaient offert un chien en peluche, plus commode parce que pas besoin de le promener, mais il a succombé dans ma rage de jeter lors du départ

Dominique Hasselmann a dit…

Mais alors, quand "l'atelier" va être fini, vous allez être en manque grave... ? :-)

Brigetoun a dit…

oui - c'est tragique (sourire)

Claudine a dit…

il est bien aussi avec notes ce texte
j'adore la tenue pour le ménage

Brigetoun a dit…

je découvre à mon âge les shorts (12 ans garçonnets) mais uniquement pour l'intimité de l'antre