Ciel qui jouait avec
l'épaisseur de son voile, carcasse jouant avec mal-être, garder
l'antre, lavage de cheveux, ménage insuffisamment, un peu plus de
cent pages du Paysan de Paris (y compris revenir sur la
lecture brumeuse de samedi soir) et quelques textes (bien trop peu,
l'importance de mon retard – et de mes quelques refus – devient
irréversible) de l'atelier d'été du tiers livre
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
et me borne à reprendre
ma réponse à la vidéo 41 de François Bon
(reprendre un
passage du texte antérieur et l'augmenter de l'intérieur, en
mettant les fragments ajoutés entre des doubles crochets sur le
fichier que nous adressons à François Bon, lequel pour retrouver le
parti pris par Georges Perec dans W les
installe, dans la version publiée, en notes sous l'original du texte
inchangé... mais ci-dessous, tant pis, un peu par paresse, un peu pour suivre le pente de mon ego - et puis la courge a tant tâtonné pour trouver comment faire des crochets -, je trahis ce principe et
garde la présentation du fichier)
Arrivé
là, il a redressé la tête, lui l'ancien habitué des après-midi
de paresse au Père Lachaise [[,quand après avoir circulé un peu,
montant et descendant entre les grands monuments des maréchaux ou
autres grands des siècles passés, rendu visite à des poètes aimés
et cueilli une ou deux occasions de sourire en observant les enfants
qui jouaient, il revenait s'asseoir, son dos appuyé au mur d'une des
deux chapelles dominant l'allée solennelle qui grimpait depuis la
grande porte, un livre posé sur ses jambes tendues, visage offert,
yeux fermés, au soleil printanier,]], lui qui aimait flâner [[dans
les cimetières blottis autour de petites églises
villageoises,]]avec juste un petit arrière-goût de mélancolie en
avançant entre les tombes de frères humains inconnus, ce petit goût
qui ralentit le pas, qui lui donne saveur tendrement amère, mais
n'allait jamais visiter les tombes familiales qui d'ailleurs étaient
hors d'accès, auraient nécessité un voyage plus ou moins
compliqué, comme pour vérifier que les aimés étaient là rangés
[[sagement, pour attendre que la mémoire d'un de leurs proches ait
recours à leur souvenir pour un moment de tendresse consolante ou
pour appuyer une décision, sans d'ailleurs trop s'interroger sur ce
qui aurait été leur avis]], ne gardant d'ailleurs des enterrements
que les quelques souvenirs poignants de la peine maîtrisée des
survivants – la vision d'une jeune femme et de cinq enfants se
tenant par la main devant une tombe et le sanglot étranglé de son
voisin, [[ou le fils debout devant le trou, regardant le cerceuil
sous lui, mains serrant convulsivement, sans pourvoir faire le geste
de la lâcher, la casquette qu'il était chargé de poser sur le bois
vernis,]] le mort n'étant plus pour un temps [[que le tumulte
intérieur, le désarroi, la peine éperdue de ceux qui l'aimaient
ou, plus tendrement et terriblement,]] que [[l'entrée dans]]
l'absence planant sur leur groupe. Et dès qu'il l'a pu, a fait le
court trajet en bus, est descendu là où la rue, qui n'était plus
depuis longtemps bordée de muriers, dessinait une ébauche de place
arrondie, entre trois bureaux et hangars de pompes funèbres (avec
devant l'un d'eux quelques échantillons de sculptures) et la porte
qui s'ouvrait dans la longue muraille, sous une profusion, en effet,
de branches, est entré avec un mélange de respect et de curiosité
[[dans cet espace que seules animaient les branches ondulant
lentement dans un vent naissant]], pour être saisi, au bout de
quelques pas, par le plaisir de circuler sans but sous les arbres, le
mélange de tons, de formes des feuillages[[, sous les hautes futaies
dont les troncs jaillissaient de buissons sages et quelques arbustes
abandonnés à leur désordre]], les yeux errants sur les chapelles
orgueilleuses – refoulant d'un sourire l'ironie qui pointait
parfois – avec leurs colonnes aux ordres improbables et les
pleureurs ou anges si merveilleusement lisses, convenus et émouvants
(tant et tant que ne l'étaient plus, émouvants, sauf légèrement
quand la pierre portait usure ou lichens) entre les concessions qui,
ici, étaient découpées à angles droits, de tailles assez
égalitaires, si ce n'est que les tombes les plus simples [[étaient
regroupées au centre de chaque îlot derrière la rangée des
monuments familiaux]] – et parmi les plébéiennes dalles de pierre
ou de marbre rouge sombre, l'émotion d'une simple butte de terre où
s'alignaient, plantées dans le sol, de minuscules plaques ex-voto et
des fleurs en fil métallique, et il était resté là gorge nouée
murmurant, ou le croyant, des noms qui n'avaient sens que pour lui et
renvoyaient à d'autres lieux, d'autres simplicités, ou pour
certains à d'injurieuses opulences imposées [[par une génération
antérieure, dans d'immenses cimetières aux abords de grandes
villes]]. Mais ce qui dominait ici c'étaient les arbres, les
merveilleux arbres, leur vieillesse robuste, les troncs multipliés
comme en faisceaux des énormes cyprès, l'infinie variété de cette
vie végétale regroupée là, protégeant les morts et semblant en
tirer force, se les assimiler pour que l'essence des corps
abandonnant le ciment du caveau [[où la mort et la tranquillité des
vivants les tenaient enfermés]], se hissant au dessus de l'humus sur
lequel les visiteurs glissaient, au dessus des énormes racines
contre lesquelles se tordaient les chevilles, se balancent dans le
mistral, boivent les pluies d'orage, se baignent dans le bleu et se
libèrent de cette dalle que l'on fleurit pour eux ou abandonne, s'en
moquent bien les morts... stupidités qui le faisaient sourire, un
peu, auxquelles il aimait croire un instant, pris d'un besoin de se
sentir frère de ces morts inconnus, dans la navrance résignée de
constater leur abandon, ou le sourire attendri d'un objet, d'un
bouquet frais [[ou, à côté d'un arrosoir abandonné, un petit
arrosoir de couleur, une petite voiture offerte en cadeau pour
amadouer une brutale détresse inexplicable]], en circulant sans
rencontrer personne dans les allées, avec le plaisir aussi de se
sentir aussi merveilleusement vivant que le vent qui se levait et
faisait danser lentement les hautes branches des conifères.
6 commentaires:
Pour garder l'antre vous faut-il un molosse?
non... du temps de l'antre parisien mes neveux m'avaient offert un chien en peluche, plus commode parce que pas besoin de le promener, mais il a succombé dans ma rage de jeter lors du départ
Mais alors, quand "l'atelier" va être fini, vous allez être en manque grave... ? :-)
oui - c'est tragique (sourire)
il est bien aussi avec notes ce texte
j'adore la tenue pour le ménage
je découvre à mon âge les shorts (12 ans garçonnets) mais uniquement pour l'intimité de l'antre
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