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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, septembre 05, 2018

Préparer l'hiver et chantier avec l'atelier du tiers livre

fin de matinée, après quelques courses et après être arrivée à faire redescendre à sa place mon coeur qui s'était rué vers mes gencives dans le souffle d'un vélo me frolant à grande vitesse sur l'étroit trottoir de la rue Saint Agricol, ce qui m'avait mise en léger retard, longue attente en compagnie de gens charmants et de mannequins costumés
pour acheter une partie de mes billets pour les spectacles de la nouvelle saison (descendant légèrement de catégories, les temps étant ce qu'ils sont)
retour avec oeil qui devient un peu moins critique sur le chantier de l'opéra depuis qu'il semble devenir un peu plus actif (mais la réouverture est déjà retardée d'un an)
Et pour prolonger le plaisir intérieur de l'idée de chantier, reprise (pour flatter aussi ma paresse) de ma contribution répondant à la vidéo 39 (chantier) de l'atelier d'été du tiers livre de François Bon
Arrêté au bord d'un trottoir pour laisser une voiture négocier son virage d'entrée dans une rue moyennement étroite, en contournant une machine jaune hérissée d'un grand bras articulé replié sur son bec et sa compagne noire qui, prenant appui sur ses fortes chenilles, plongeait son museau dans l'amorce d'une tranchée, voiture arrêtée dans sa manoeuvre par la découverte tardive d'un écriteau rue barrée, il avait conscience du petit sourire involontaire qui devait trahir l'allégresse instinctive déclenchée en lui par l'idée, même vague, de chantier, maintenant qu'il n'en était que témoin purement désintéressé. Sourire qui s'est accentué par le fasseyement du coin détaché d'un voile vert protégeant un échafaudage, rideau de fond de cette scène – ce spectacle fréquent dans les rues de la ville qui se rapetassait sans fin, nuançait sa permanence, luttait contre son âge, et, lorsqu'un trou se libérait, étroit comme une dent, se forçait au neutre pour insérer une petite note sans discordance dans la mélodie que les siècles avaient créée avec ses longues lignes doucement banales, les surprises soudaines, détail parlant d'un passé effacé, et ses accords splendidement assénés. Avec le mauvais exemple, du moins à ses yeux – le jugement, en partie personnel, en partie consensuel, de sa jeunesse étudiante, bien qu'émoussé par la familiarité, gardant sa force – de ce quartier dont il avait découvert récemment les images anciennes, mélange comme le reste de la ville de demeures nobles et de battisses plus humblement personnelles mais aux détails soignés comme l'était la tenue du dimanche de leurs habitants, quartier devenue opprobre, abandonné aux rejetés qui étaient en ces temps anciens les gitans ou ceux qui leur étaient assimilés, quartier considéré comme insalubre, irrécupérable, et sabré, détruit, seules quelques façades des rues le bordant étant sauvées, pour y construire des logements au style bâtard, qui avaient la grâce d'éviter l'impossible copie de la bigarrure ancienne mais sans oser trancher, nouveau quartier d'autant plus verrue dans le tissu de la ville, entre la place du palais et les deux rues proches du fleuve que, malgré les circulations qu'avaient prévues les architectes, il se barricadait presqu'entièrement sur lui-même. Alors, il se satisfaisait du plaisir des chantiers côtoyés quand il s'agissait d'un immeuble, d'une vieille maison, se passionnait un peu plus quand on effleurait rudement un monument ou noble bâtiment sous prétexte de restauration, polémiquait en tentant de garder indépendance d'esprit à propos des modifications en cours des espaces publics – se navrait en passant de la disparition lente des vieilles calades qui plaisaient à ses yeux, faisaient souffrir légèrement ses vieilles chevilles mais avaient la vertu cardinale d'imposer une lenteur sage aux vélos qui peu à peu envahissaient la ville, l'habitude et l'étroitesse des rues ayant déjà cet effet sur les automobiles. Et puis s'était plongé dans tout ce qu'il pouvait trouver disant l'évolution maintenant irréversible, sauf manque de financement, de la création d'un nouveau quartier, un peu après la confluence du fleuve et de la rivière, confluence qu'occupait lentement des ateliers, entrepots, sièges sociaux avec ce style banal, longs alignements de béton et métal – la grâce seulement d'une fresque découverte un jour – containers alignés, préfabriqués peints avec plus ou moins de fantaisie, et quelques audaces perdues dans ce néant utile (auquel il trouvait secrètement une certaine saveur, même s'il n'avait que fort rarement l'occasion de le voir, en le longeant)... nouveau quartier dont les grandes lignes avaient été révélées récemment, avec ses deux longues allées ponctuées de kiosques – le mot l'avait fait sourire avec un rien de scepticisme amical en pensant aux fabriques du parc parisien – encadrant une pelouse le reliant à la ville, quartier dont... en bref une idée de chantiers futurs qui lui laissait une possibilité de rêve presque infinie, puisque serait très chenu ou mort lorsque le réel aurait remplacé l'utopie, qui l'avait intrigué, le terrain présentant de forts risques d'inondation, avant d'adhérer à la solution trouvée de ne pas essayer de lutter en risquant une artificialisation dangereuse mais de s'adapter, tirant profit de ce risque par la création de zones vouées à l'eau à l'intérieur de chacun des très grands ilots programmés, qui devraient incorporer également quelques centimètres plus haut des espaces verts dominés par les constructions, projet séduisant sur le papier, dans l'intention de mêler dès l'origine bureaux, logements, commerces, services publics dans chacun des îlots offerts aux groupes candidats, avec cependant à ses yeux un fort risque de ghettoïsation, le cahier des charges assez souple imposant tout de même des circulations douces à l'intérieur de chacun, les voitures étant rejetés en périphérie comme des frontières, ghettoïsation et gentrification accentuées par le choix de constructions le plus autonomes possible au point de vue énergétique, ce qui excluait à priori les populations les plus précaires. Ce drame qui veut que les constructions intellectuelles des urbanistes et architectes échouent le plus souvent à créer cette vie, avec ses douceurs et ses incommodités ou pire, que l'anarchie des siècles a produite sous le nom de ville.

11 commentaires:

casabotha a dit…

Oh ces deux éventails de tickets...on ne sait pas les opéras que vous irez voir (il m'a semblé deviner Figaro)...pas cool votre cœur de faire une descente musclée dans votre bouche... avez-vous des news du ciel?

Brigetoun a dit…

il est toujours là, oas encore tombé (le ciel)

casabotha a dit…

Merci chère Brigetoun de me répondre si spontanément (le chantier d'en face (dois-je déménager) n'en finit pas) alors que je dépose des mots maladroits dans le rectangle compatissant des commentaires

Brigetoun a dit…

casabotha, si en plus ça vous fait plaisir;.. tant mieux !

Dominique Hasselmann a dit…

Il fallait bien que vous chantiez...
L'opéra ouvrira, tôt ou tard. :-)

Brigetoun a dit…

Dominique, pour le climat il est PREFERABLE que je ne chante pas (ça tient du biniou)
je me demande si l'opéra rouvrira de mon vivant (sourire)

arlette a dit…

Des petits plaisirs en éventail dont tu nous parleras le temps venu
Jolis mannequins en attente

jeandler a dit…

La bourse en baisse; espérons que les spectacles resterons à la hauteur.

Brigetoun a dit…

pour la bourse rien d'original (et suis relativement privilégiée, très même)

Claudine a dit…

j'aime bien votre regard sur l'évolution de la ville

Brigetoun a dit…

merci de m'avoir lue !