Dans la lumière encore
glacée du matin, m'en suis allée vers la pharmacie, me choisissant
des cadeaux délicieusement inutiles et d'autant plus désirables
qu'ils resteront virtuels.
Mais, comme les enfants,
savais qu'il n'était pas temps et que la patinoire et le traineau
n'étaient encore que symboliques, endormis.
Dans l'antre, s'activer et
puis décider de chercher des mots pour une petite histoire, mais
restaient gelés dans mon crâne occupé par carcasse, les quelques
nouvelles, des projets... Ecrit quelques lignes, repassé un peu,
tremblé de froid en honneur de ceux qui l'affrontaient vraiment et
recours à un texte publié par les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
Dans une rangée de
façades neutres, maisons de gros bourg aux percements légèrement
différents, très légèrement, juste comme des notes sur une portée
sage, une maison qui détonne légèrement, comme une croche, par son
étroitesse relative. On entrerait, un couloir laissant à gauche une
cuisine minuscule, augmentée d'une petite souillarde en profondeur,
à droite un coin bureau et un escalier et puis une pièce qui
s’étalait sur toute la largeur étriquée de la bâtisse et un
jardin, un jardin-couloir mais couloir pour rêver, un luxe, un
espace dallé pour y poser un fauteuil, une table, deux chaises, et
puis un long bassin étroit comme le serait un tapis de galerie,
bordé de deux passages dallés qui ne permettrait qu'une marche
précaire, en enjambant les petits pots de plantes aromatiques, et la
beauté jaillissante de cinq fins jets d'eau alignés, parfois, quand
l'humeur du vieux était à la fuite, aux souvenirs, à l'ailleurs.
Et l'était là, derrière
la table de métal vert portant blague de tabac, cafetière et une
tasse de café froid, assis et quiet, absent, ayant juste l'énergie
nécessaire pour se tenir le dos ferme légèrement penché en avant
vers cet ailleurs imprécis et pour que la cigarette éteinte ne
s'échappe pas de la main qui pendait le long de sa chaise, quand le
Gérard est arrivé, irruption de longs bras, longues jambes
brusquement stoppée, et grand rire bruyant.
- Ah te voilà, ben tu es dans un drôle d'état...
- ça va, ça va
- Assieds-toi
et l'autre en s'affalant
sur le fauteuil,
- tu ne devineras pas
- pas la peine, je t'écoute
Alors en pagaille, au
début, se calmant peu à peu, a raconté : qu'il était avec un ami,
Lucien, «lui il a écopé, il est à l'hôpital... non ce n'est pas
grave, mais tout de même, il a trinqué, il fallait le panser»,
qu'ils sortaient d'un café, près du marché aux puces, qu'il y
avait un petit attroupement près d'une voiture arrêtée devant le
super-marché, que deux gars armés sont sortis en courant avec deux
sacs et que les gens se sont précipités sur eux, que Lucien s'est
rué, qu'il l'a suivi, que ça criait, riait et frappait, que ça a
été une bagarre homérique, qu'au début un des gars, celui qui
avait un pistolet, a tiré, qu'il y a eu des cris, qu'un bonhomme a
reçu du petit plomb, qu'un pépé a eu droit à un coup de crosse,
que le tireur a été jeté à terre par les autres, que l'autre
bandit, celui qui avait un fusil à pompe, a lâché son sac, a
couru, a pu monter dans sa voiture, a démarré, s'est échappé,
amochant un peu davantage en passant son camarade en lui roulant
dessus, que la bagarre a continué, générale...
- et quand les gendarmes sont arrivés, du butin il ne restait presque plus rien
- vous vous étiez servis ?
- pas moi, bien sûr, tu pense
- c'est vrai, ça ?
- oui, bon... suis arrivé à passer avec quelques billets dans ma serviette... mais c'est pas moi, c'est Lucien
- tu vas me faire le plaisir de les rendre
- je ne peux pas, c'est à Lucien
- tu me l'enverra...
Et puis «Tout de même,
j'aurais bien aimé voir ça.»
8 commentaires:
Il y a des choses extraordinaires que vous allez voir
J'adore inutiles. .et virtuels pour les cadeaux
casabotha juste les vitrines d'une petite rue proche... mais Noël est assez discret cette année ici (pas totalement, mais sobre)
Arlette longtemps que les cadeaux à dates carillonnées sont virtuels pour moi... et les plus beaux sont toujours inutiles
L'absence de guirlandes repose...
Les cadeaux étaient offerts samedi 8 décembre dans certaines boutiques, à Paris, Toulouse, Bordeaux... :-)
Dominique, à la grande détresse des marchands (et sans doute des assureurs)
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