matin, me suis décidé,
ai descendu du haut de placard de la cuisine quatre boites diverses
qui attendaient leurs pensionnaires, ai emmailloté les santons, ai
disposé soigneusement dans la plus grande les Isoline et quelques
autres, suis remontée sur la chaise instable, ai levé la boite trop
lourde, l'ai posée – elle a refoulé les paquets de pâtes et de
riz pour rester en équilibre – sur le plus bas étage parce que je
sentais que j'allais tomber en arrière en entraînant tout, ou la
laisser tomber elle, et qu'aucune de ces éventualités n'était
acceptable... j'ai attrapé une petite boite qui avait contenu deux
chopes, y ai, à tâtons, transvasé quinze santons, ai monté
difficilement la grande en notant dessus avec un pastel brun sombre
qu'il fallait la vider en partie avant de la redescendre, ai posé à
côté d'elle celle du trop plein, puis ai casé les petits
personnages et animaux restant dans les deux dernières, ai nettoyé
les étagères, ai remis en place ma pagaille habituelle...
et j'ai constaté avec
fureur que j'étais aussi crevée après cela qu'un marathonien en
fin de course, ou presque, mais comme je n'avais plus de timbres,
comme il me manquait un médicament indispensable, suis sortie, me
traînant dans l'air qui se dégourdissait, au long des rues presque
mortes, sous un ciel qui hésitait entre le lait en train de cailler
(avec une brisure blanche)
et le bleu résistant
et suis restée dans
l'après-midi au bord du moment où je mettrais des mots sur la
petite histoire qu'une image ébauchait pour les cosaques, sur
l'oloé, mais pas tout à fait que, pour le 7 de l'atelier d'hiver du
tiers.livre, mais je suis toujours bloquée entre un élan, une envie
et une incapacité obstinée (incapacité salle gosse)
alors, je me décide,
comme le suggérait François Bon, à tenter de remettre en circuit
le livre que j'ai gagné lors de son avant-dernier service de presse
et terminé il y a deux nuits - un peu ennuyée, parce que si je l'ai
moins esquinté que d'ordinaire, j'ai cependant corné la couverture
-
donc si quelqu'un (me
donner l'adresse dans un commentaire à part que je supprimerait sans
l'afficher) veut lire et garder «L'étrange animal» de Béatrice
Leca, publié chez Corti, qu'il me l'indique... cela prendra quelques
jours pour que j'aille à la Poste sans doute mais ce sera avec
plaisir.
La 4ème page dit : C'est
une histoire vraie, dans un appartement de New York, un enfant entend
un bruit, comme un chant ou une plainte. Il est seul. Il sort :
il veut savoir d'où vient cette parole.
L'enfant et l'étrange
animal se rencontrent.
Ils deviennent amis.
Ce
qui est légèrement trompeur, parce que cette histoire vraie prend
un parfum de rêve... rêve cruel et tendre, amitié de deux
souffrances qui s'aiment, et rêve du monde... avec cette écriture
sensible :
À la lumière du jour
les yeux de l'étrange animal se teintent de vert et de petites
paillettes s'y allument. L'enfant sait maintenant l'odeur de sa
fourrure, la forme des côtes, des muscles, ses pattes faites de cuir
et de bois son museau luisant, percé de trous froids, minuscules et
frémissants. Il a vu sa langue passer le long des dents courbées
comme celles des requins, ses oreilles fines qui se lèvent et
s'abaissent au moindre bruit. Il reconnaît l'inquiétude, la joie et
la paix lorsqu'elles le saisissent. Il lui caresse le dos, le cou.
L'étrange animal se retourne sur le ventre et comme un chat énorme,
grogne de plaisir en se frottant au béton...
ou,
quelques pages avant : Derrière les paupières fermées de
l'étrange animal des palmes bougent lentement, longues algues
fraîches qui s'étendent et passent, ombres vivantes etc...
et,
pour ceux qui voudrait découvrir ce livre, sans le posséder, je
viens de trouver, un enregistrement (en ai écouté, c'est
formidable, un peu moins d'un quart d'heure) que je crois intégral
pour l'atelier fiction de France-Culture
https://www.franceculture.fr/emissions/latelier-fiction/letrange-animal-de-beatrice-leca
Je ne
lui fait donc pas subir l'injure de ma voix, et la réserve (pardon)
au livre de Christine Jeanney que j'ai dégusté ensuite (et bien
entendu je ne sais pas ce qui m'a fait choisir ce passage entre tous
ceux que j'aurais voulu retenir) pour http://brigetoun.wordpress.com,
avant de le ranger... d'autant que j'ai reçu d'elle ce matin, promis
avant que je me mette en quête, la langue de la girafe aux
éditions Abrüpt dont je ne connais pour le moment que ce qu'en dit
l'éditeur https://abrupt.ch/c-jeanney/la-langue-de-la-girafe/
et la quatrième de couverture
J'entends des femmes me
dire qu'elles ont quitté la mort pour aller vers la mort.
Demain je me promets d'écrire, mais suis un peu comme les hommes politiques du moins tels que les humoristes et habitués des zincs (qui ne sont plus en zinc) le disent, je ne tiens pas toujours mes promesses, surtout celles que je me fais.
11 commentaires:
c'est haut de plafond chez vous
Joli "bord du moment" vivant
casabotha non mais je suis petite, très
Claudine, épuisant
Belle lecture merci du partage sans équilibre instable ...
c'est toujours un vague malaise de rentrer les santons savoir si ...le Prochain voyage aura lieu
Arlette, je me refuse à voir aussi loin, même si parfois je pense que devrais préparer
Un peu d'aigreur dans ce ciel qui caille, les santons à l'abri ne chanterons pas sous la pluie.
en fait ce fut peu à peu une relative douceur sous ce ciel caillé
Simone, c'est d'accord, partira demain ou lundi
Il semble que Christine Jeanney ait une production-record en ce moment... Il est bon de faire de la place sur vos étagères (puisque l'on en revient inéluctablement, dirait-on, au livre-papier) ! :-)
longtemps que je n'ai plus de place sur les étagères (même en double position avec livres masqués) j'entasse des paniers mais là aussi plus de place...
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