commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, février 26, 2019

Une vie hors champ

avec un entrain qui a perdu un peu, juste un peu, de sa force en cours de matinée, un peu davantage en reprenant dans l'après-midi, pour s'effacer, l'essentiel fait, devant une envie de vagabondage en lecture, pour une irruption-inspection-tri-organisation de l'anarchie créée au fil des jours et ans dans le coffre de linges et autres endroits, créant ainsi des places, des moments d'anarchie nouvelle (et provisoire ou qui le voudrait).
Et comme n'y a rien à en dire, ou trop, ou d'un intérêt très relatif, je reprends la première des trois «vies hors champs» par lesquelles ai tenté de répondre au 8 de la plus récente vidéo de François Bon en rapport avec son atelier d'hiver (l'ensemble des textes, plus ou moins avancés, des participants : http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article376

Laurette Ansouis avait été une enfant gracieuse et choyée, fille venue après deux garçons qui assuraient à leur père et à sa manufacture – il tenait à cette appellation en mémoire des générations qui l'avaient précédé – une heureuse relève, quant il serait temps, elle n'avait d'autre justification que d'ensoleiller leur maison et de renforcer le charme que sa mère s'efforçait d'y créer. Elle aima l'école, fut élève appliquée sans excès, se réservant ce qu'il fallait de rêve et de fantaisie à des moments choisis, devint une jeune-fille soucieuse de son élégance avec des éclats de gaité et une coquetterie mesurée. Elle jouait correctement au bridge, quant au tennis elle y mettait plus de grâce que d'habileté mais savait si gentiment s'excuser et se moquer d'elle-même que ses partenaires exaspérés mettaient dans leur éventuels moments d'humeur une indulgence de grand-frère, évitant seulement autant que le pouvaient de recommencer l'expérience trop souvent ce qui la satisfaisait parfaitement. Parmi les amis de ses frères, le plus assidu, le plus attentionné était un jeune notaire, fils de notaire, et après un échange d'aveux et un ou deux baisers dans la véranda d'une maison amie ils se fiancèrent à la grande satisfaction des deux familles. Elle eut maison charmante, amis divertissants avec goût et, après deux fils, deux filles, l'une sage, l'autre fantasque et souvent révoltée ce qui animait les diners de famille et la tourmentait assez pour la réveiller. Elle avait surtout, sous sa beauté devenue un peu trop abondante, sous son respect instinctif des limites et des conventions, un amour presque forcené pour ses enfants et son mari, se répandant au delà sur leurs amis et s'élargissant en sympathie vague pour le reste de l'humanité, qui faisait de leur maison parfaitement tenue, comme il se devait, un endroit chaleureux, et quand ses fils partirent, l'ainé, André restant à vrai dire dans la région pour devenir avocat à Lille, mais le second Maurice à l'autre bout de la France comme médecin, le lien ne fit que se relâcher et ils revenaient régulièrement passer quelques jours de vacances avec elle. Et, malgré sa crainte lors du mariage de Maurice – une fort jolie fête finalement, un peu moins cérémonieuse qu'elle l'aurait souhaité, mais assez élégante ma foi, et fort gaie ; la mariée, petite et blonde, alliait timidité et politesse à une énergie bridée, avec de brusques foucades et un certain talent de clown : sa famille était gigantesque comme l'avait dit Maurice, et le nombre de leurs amis plus ou moins proches ne l'était pas moins – il ne se rompit pas, et le couple partagea équitablement ses visites entre les deux familles. 

12 commentaires:

casabotha a dit…

J'aime beaucoup votre première photo

Brigetoun a dit…

c'est pas bien de le dire : moi aussi

Claudine a dit…

les trois sont belles

Brigetoun a dit…

trop gentille Christine

Arlette A a dit…

Un certain charme dans l'anarchie et même une harmonie ...quand tu écris j'ai l'impression d'être. .avec Jane Austen ..en ce moment suis en Re lecture de tous ses romans

Brigetoun a dit…

Arlette, alors là ! mon cercle décrit un cercle presque parfait (sourire)

jeandler a dit…

Hors champ mais pas hors piste.

Brigetoun a dit…

les personnages étaient nommés hors champ parce que secondaires

Godart a dit…

Le plaisir de lecture est toujours aussi présent. Je vous envie cette fluidité du texte. Mais cette bourgeoisie provinciale qui se reproduit de génération en génération fait un peu peur.

Brigetoun a dit…

Godart, ce n'est pas toujours évident, mais c'est là.... c'est aussi une sacrée force dans les mauvais moments (et les engueulades n'empêchent rien)

Dominique Hasselmann a dit…

L'apparent capharnaüm (ou "anarchie") ne se retrouve pas dans l'écriture... :-)

Brigetoun a dit…

déjà très moyennement habile dans l'écriture suis totalement nulle dans la vie domestique