avec un entrain qui a
perdu un peu, juste un peu, de sa force en cours de matinée, un peu
davantage en reprenant dans l'après-midi, pour s'effacer,
l'essentiel fait, devant une envie de vagabondage en lecture, pour
une irruption-inspection-tri-organisation de l'anarchie créée au
fil des jours et ans dans le coffre de linges et autres endroits,
créant ainsi des places, des moments d'anarchie nouvelle (et provisoire ou qui le voudrait).
Et comme n'y a rien à en
dire, ou trop, ou d'un intérêt très relatif, je reprends la
première des trois «vies hors champs» par lesquelles ai tenté de
répondre au 8 de la plus récente vidéo de François Bon en rapport
avec son atelier d'hiver (l'ensemble des textes, plus ou moins
avancés, des participants :
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article376
Laurette Ansouis avait été
une enfant gracieuse et choyée, fille venue après deux garçons qui
assuraient à leur père et à sa manufacture – il tenait à cette
appellation en mémoire des générations qui l'avaient précédé –
une heureuse relève, quant il serait temps, elle n'avait d'autre
justification que d'ensoleiller leur maison et de renforcer le charme
que sa mère s'efforçait d'y créer. Elle aima l'école, fut élève
appliquée sans excès, se réservant ce qu'il fallait de rêve et de
fantaisie à des moments choisis, devint une jeune-fille soucieuse de
son élégance avec des éclats de gaité et une coquetterie mesurée.
Elle jouait correctement au bridge, quant au tennis elle y mettait
plus de grâce que d'habileté mais savait si gentiment s'excuser et
se moquer d'elle-même que ses partenaires exaspérés mettaient dans
leur éventuels moments d'humeur une indulgence de grand-frère,
évitant seulement autant que le pouvaient de recommencer
l'expérience trop souvent ce qui la satisfaisait parfaitement. Parmi
les amis de ses frères, le plus assidu, le plus attentionné était
un jeune notaire, fils de notaire, et après un échange d'aveux et
un ou deux baisers dans la véranda d'une maison amie ils se
fiancèrent à la grande satisfaction des deux familles. Elle eut
maison charmante, amis divertissants avec goût et, après deux fils,
deux filles, l'une sage, l'autre fantasque et souvent révoltée ce
qui animait les diners de famille et la tourmentait assez pour la
réveiller. Elle avait surtout, sous sa beauté devenue un peu trop
abondante, sous son respect instinctif des limites et des
conventions, un amour presque forcené pour ses enfants et son mari,
se répandant au delà sur leurs amis et s'élargissant en sympathie
vague pour le reste de l'humanité, qui faisait de leur maison
parfaitement tenue, comme il se devait, un endroit chaleureux, et
quand ses fils partirent, l'ainé, André restant à vrai dire dans
la région pour devenir avocat à Lille, mais le second Maurice à
l'autre bout de la France comme médecin, le lien ne fit que se
relâcher et ils revenaient régulièrement passer quelques jours de
vacances avec elle. Et, malgré sa crainte lors du mariage de Maurice
– une fort jolie fête finalement, un peu moins cérémonieuse
qu'elle l'aurait souhaité, mais assez élégante ma foi, et fort
gaie ; la mariée, petite et blonde, alliait timidité et politesse
à une énergie bridée, avec de brusques foucades et un certain
talent de clown : sa famille était gigantesque comme l'avait dit
Maurice, et le nombre de leurs amis plus ou moins proches ne l'était
pas moins – il ne se rompit pas, et le couple partagea
équitablement ses visites entre les deux familles.
12 commentaires:
J'aime beaucoup votre première photo
c'est pas bien de le dire : moi aussi
les trois sont belles
trop gentille Christine
Un certain charme dans l'anarchie et même une harmonie ...quand tu écris j'ai l'impression d'être. .avec Jane Austen ..en ce moment suis en Re lecture de tous ses romans
Arlette, alors là ! mon cercle décrit un cercle presque parfait (sourire)
Hors champ mais pas hors piste.
les personnages étaient nommés hors champ parce que secondaires
Le plaisir de lecture est toujours aussi présent. Je vous envie cette fluidité du texte. Mais cette bourgeoisie provinciale qui se reproduit de génération en génération fait un peu peur.
Godart, ce n'est pas toujours évident, mais c'est là.... c'est aussi une sacrée force dans les mauvais moments (et les engueulades n'empêchent rien)
L'apparent capharnaüm (ou "anarchie") ne se retrouve pas dans l'écriture... :-)
déjà très moyennement habile dans l'écriture suis totalement nulle dans la vie domestique
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