Lumière sur la cour, mais
repassage, ménage, avec l'énergie que me donnait l'énervement
provoqué par l'écoute du tout début de la rencontre entre Macron
et les intellectuels choisis (à part peut-être l'intervention de
Dominique Meda), écoute à laquelle j'ai mis fin dès le petit tas
de linge dûment défripé.
Passage du facteur avec
une enveloppe à bulle (entre autres choses) contenant le tout récent
livre de Juliette Mezenc publié aux éditions de l'Attente, avec une
belle couverture de Stéphane Gantelet, un conte sorcier
https://www.editionsdelattente.com/book/des-especes-de-dissolution/
… Il revint une nuit
en rêve dans un grand champ du plateau ardéchois, où il s'était
allongé l'été précédent sur une herbe brûlée par le vent. Il
avait fermé un temps les yeux et lorsqu'il les avait rouverts :
un oiseau de proie planait entre lui et le soleil/ Au matin, l'idée
avait trouvé un lieu...
Au début de l'après-midi
résolument calme, lecture, avec, presque toujours, l'attention
qu'ils méritaient, des 50 hommages à Antoine Emaz réunis et édités
sur Poezibao par Florence Trocmé et Ludovic Degroote
https://poezibao.typepad.com/poezibao/2019/03/dossier-50-hommages-%C3%A0-antoine-emaz.html
entre autres, de Matthieu
Gosztola
Chaque poème d’Emaz
est force percussive du peu, au plus près des choses, au plus ras
du réel. Il s’agit de dire ce qui est. Précisément. Le poème
est os, le plus souvent, même si parfois il est coulée de boue.
Pour que la précision puisse être absolue = effective, les mots
doivent être choisis avec beaucoup d’ardeur froide, faits
eux-mêmes de peu, puisqu’il s’agit de dire le peu. Aussi Emaz
utilise- t-il une langue commune, pour relater ce que chacun (« on
») peut vivre...
de
Jacques Ancet
Limite n’est pas,
comme on le dit banalement un « beau livre ». C’est un livre si
intense dans sa justesse, dans ce peu, ces « bribes de rien » dont
il est fait, qu’il est, pour moi, en quelque sorte la quintessence
de la poésie d’Antoine Emaz. Oui, la
vie, malgré : l’expression résumerait bien ce qu’il
me reste de cette lecture : cette force dans la faiblesse, ce courage
dans le désespoir (« on voudrait être à la hauteur du jour »),
ce petit bruit obstiné, là, sous les mots — quelque chose de
verlainien (« l’été entier / dans le clos bleu / et
l’épaisseur de l’air // les bruits de la ville / de la vie loin
autour... »)...
de
Jacques Josse
… En réalité, il
aura tourné autour durant plus de trois décennies. Il n'aura
cessé d'interroger, de tenter de comprendre ce qui affecte et peut
déstabiliser tout un chacun : la fatigue, la peur, le dur à
vivre, le peu qui nous est donné en retour. C'est ce qui fonde,
pétrit ou fracasse toute vie ordinaire qu'il aura exploré. Il
l'aura fait avec patience et obstination, avec son ressenti, son
être à vif, ses mots coupants, son énergie, sa nervosité, en
utilisant à dessein un vocabulaire simple et usuel....
et de
Florence Trocmé
La mort d’Antoine
Emaz, je le savais mais je m’en suis rendu compte mieux encore en
composant ce dossier avec Ludovic Degroote, est un vrai séisme et
ébranle en profondeur notre monde poétique. En raison de ce qu’il
était et pour la haute qualité de son œuvre....
série
d'hommages qui vient compléter le «dossier Antoine Emaz» constitué
en urgence et publié sur Poezibao
https://poezibao.typepad.com/files/dossier-antoine-emaz.pdf
le 7 mars, à partir des publications antérieures, avec des notes de
lecture, des entretiens, des études, une rencontre et enquête, un
feuilleton en 2013 et bien entendu des poèmes
dont,
le 9 mai 2011 cet extrait de lichen,
encore (Edition Renauts 2009)
Je ne sais pas d’où
vient ma voix : elle colle aux mots comme elle peut. Pourtant, j’ai
entendu le poème en l’écrivant ; ce n’était pas visuel,
c’était d’abord sonore. Le regard pouvait très bien se fixer
ou errer sur un coin de table ou de fenêtre ; d’un coup les mots
ont rompu cela et occupé tout l’espace mental. D’où
venaient-ils ? Je n’en sais rien. À chaque fois, je n’en sais
rien.
Ils sont venus. Assez
pour que je puisse continuer de creuser sur leur lancée ; toujours
sans bien comprendre, mais en sachant qu’il fallait continuer. À
force, j’ai commencé à voir ce qu’ils disaient, mais dès
lors, ça a commencé à freiner. J’ai continué jusqu’à
presque plus rien. Je voyais mieux, mais c’était de plus en plus
lent. J’ai continué jusqu’au bout, sur l’erre. Là, en fin
de course, un moment, j’ai vu d’où venait le poème mais tout
était figé, fixe, fini. J’ai eu froid, je me suis senti seul,
peu de temps, mais très seul. Ensuite, je n’ai plus vu la page,
ça s’est refixé sur la table, la fenêtre, le pot de fleurs...
il était tard.
Le lendemain, j’ai
relu les pages. J’ai entendu comme un son faible et il y a eu de
nouveau comme un léger décrochement de voir. J’ai commencé à
travailler, déblayer, très lentement, comme pour désencombrer
la voix qui s’était chargée jusqu’à cesser. Des jours, à
écouter, revoir, relire. Il s’agissait comme de fouiller
doucement, longtemps. En bout de course, il devait y avoir un poème
qui me prenait la voix et ne me laissait plus que l’effort (parfois
écœurant) d’émettre. Une chose est sûre : un jour ou
l’autre, on perd définitivement la parole. En ce sens le poème
est une entreprise désespérée, une sorte de voix de
haute-contre, une voix de tête, qui assume déjà la perte de
l’organe vivant....
(j'espère
que je serai pardonnée)
8 commentaires:
à quand un hommage national à la disparition d'un poète contemporain ?
relai chaleureux pour mots de poète
casabotha, je n'ai pas grand amour pour ces pompes appliquées aux poètes (bon à part Hugo) et je pense que là ce serait un peu lui faire injure
relai de relai de relai, Claudine… petitement
Ce débat avec les intellectuels, ouvert par Pascal Bruckner : on se pince, lui qui a écrit, avec l'Académicien actuel Finkielkraut, "Au coin de la rue l'aventure" puis "Fourier" (Seuil, Écrivains de toujours, 1975) quand on entend son intervention digne de Marine Le Pen...
Je n'ai pas écouté pendant huit heures ce passage de brosses à reluire.
Un retour à la poésie vaut mieux et sans célébration aux Invalides.
si j'étais poète et si je n'avais qu'un seul lecteur, je voudrais que ce soit Brigetoun ! Deux mille ans plus tard, on saurait en parcourant les belles phrases de Paumée qu'il y était fait mention d'une poétesse du Nord, peut-être luxembourgeoise ;)))))))
Dominique l'ai utilisé comme un dopant juste le temps nécessaire…
Claudine : rire, Antoine Emaz n'a vraiment pas besoin de moi, heureusement et je me contentais de lire ce qu'en disait des poètes
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