M'en suis allée matin,
d'humeur sereine, pas très solide sur mes jambes, arborant le trop
cher et, même si c'était celui conçu pour le bras de femme le plus
mince, trop grand bracelet mauritanien en bois et argent pour lequel
j'avais craqué la veille dans le jardin de Claire,
jusqu'au théâtre
Transversal, attendant avec un couple sympathique, achetant, juste en
face, la rue est étroite, au théâtre la Croisée des chemins, un billet pour écouter, le 27, Khadija El Mandi dans un conte
berbère, saluée par mon vendeur d'hier qui allait établir son étal
à l'angle de la rue Amphoux et de la rue de la Bonneterie (donc
j'avais encore mon bracelet que nous avons fait admirer à la femme
avec laquelle je discutais)
et accédant enfin à la
petite salle pour assister à Noir et humide
un texte de
Jon Fosse, (photo du catalogue) monté par l'Autre Compagnie, interprété par Camille
Carraz, le récit (avec les courtes expressions reprises,
construisant peu à peu le texte comme toujours chez Fosse) à la
troisième personne, de l'expérience, l'audace de Lene petite
fille qui profite de l’absence de sa mère pour réaliser ce
qu’elle projette de faire depuis longtemps et qui lui est
formellement interdit : descendre à la cave, là où il fait noir et
humide et où il y a des choses noires et humides qu’elle ne
connaît pas. Elle devra surmonter sa peur, braver les interdits,
dérober la lampe torche de son frère Asle et descendre à la
cave...
Sorte de conte initiatique contemporain et obsessionnel, cette histoire nous rappelle la puissance des sentiments de l’enfance et de la lutte farouche du désir contre la peur et l’interdit.
Pour avoir une idée de ce que j'ai aimé, un teaser (les dessins qui émergent du noir un peu comme des Seurat sont projetés en fonction du texte sur l'écran du fond, les objets blancs sont en fait très petits, en papier, éclairés parfois lorsque le récit les évoque, mais sans autre importance que de soutenir l'attention portée au principal, à la voix
Sorte de conte initiatique contemporain et obsessionnel, cette histoire nous rappelle la puissance des sentiments de l’enfance et de la lutte farouche du désir contre la peur et l’interdit.
Pour avoir une idée de ce que j'ai aimé, un teaser (les dessins qui émergent du noir un peu comme des Seurat sont projetés en fonction du texte sur l'écran du fond, les objets blancs sont en fait très petits, en papier, éclairés parfois lorsque le récit les évoque, mais sans autre importance que de soutenir l'attention portée au principal, à la voix
chemin des
écoliers en sortant parce que j'avais velléité de passer à
Présence Pasteur pour prendre un billet pour un des derniers
jours... avec abandon, retour sur mes pas parce que vraiment
l'épuisement sans être total frôle l'inquiétant et en passant
devant l'étal de mon vendeur ce constat, le bracelet trop lourd,
trop large est tombé de mon bras... refait trajet, bien entendu pas
retrouvé, me suis dit que c'était bien fait pour moi... bon ce soir
me vient enfin l'idée que c'est peut-être au théâtre, pas pu les
joindre, on verra le 27 et dans le cas contraire j'espère qu'il ira
et plaira à celle qui l'aura trouvé...
Sur le chemin
du retour me suis arrêtée au Petit Louvre (Templiers) pour prendre
un billet pour le soir... et puis ai récupéré, tentant d'émerger
de zombie à être sensé
Attente dans l'entrée du restaurant, traverser jardin le long des tables, premier rang dans la belle chapelle - et satisfaite en gros de l'expérience, pas seulement d'avoir vaincu la tendance de mes yeux à se clore
sans que l'esprit y prenne part (enfin pas uniquement) mais trop paresseuse, trop à dire,
trop peu capable ? En reste à : feuilleton de Tchekhov
dont Lisa Wurmser, metteur en scène, a demandé une adaptation à
Grumberg
présentation sur le
catalogue du off : Tchekhov situe l’action
sur un bord de mer du Caucase. C'est à la fois un lieu d’exil qui
exacerbe les passions et une terre sur laquelle se projettent des
utopies contradictoires.
Cette histoire d'amour construite comme un roman policier met en scène deux héros que tout oppose : un scientifique darwiniste, raide de certitudes et un jeune homme indolent qui se laisse vivre et se complaît dans le mensonge. Un vrai duel va avoir lieu mais quel est le véritable motif de l’affrontement ? Un idéal spirituel ou leur désir partagé pour une femme, belle et tourmentée…
Cette histoire d'amour construite comme un roman policier met en scène deux héros que tout oppose : un scientifique darwiniste, raide de certitudes et un jeune homme indolent qui se laisse vivre et se complaît dans le mensonge. Un vrai duel va avoir lieu mais quel est le véritable motif de l’affrontement ? Un idéal spirituel ou leur désir partagé pour une femme, belle et tourmentée…
et puis dans le, comme
toujours, trop intelligent (pour moi) article de Yannick Butel trouvé
cet après midi dans l'Insensé http://www.insense-scenes.net/?p=3284
(auquel j'emprunte cette photo signée Lot) ces mots que je retiens :
Eux règlent leur petit problème d’égo, de
solitudes, de vie commune, de vie amoureuse… et les différents
tableaux qui se succèdent font la part belle à ces psychologies
atteintes du mal vivre, du vivre ensemble, du vivre heureux, du vivre
sa vie. Petit monde en crise, sans plus de larmes, où même la crise
est devenue un mode de vie, ils apparaissent et disparaissent au fur
et à mesure que la cabane tourne, imprimant à la scène (aux
scènettes) un mouvement circulaire où vivre reviendrait à tourner
en rond. C’est-à-dire à vivre un temps qui ne passe pas et
revient en boucle, sensiblement le même et légèrement différent.
Vous laisse le choix de découvrir le jugement final sur le
spectacle, que dans ma lassitude et avec ma trop fréquente lâcheté
frivole je trouvais un peu sévère (pas totalement parce que le
plaisir de l'image comptait pour moi)
seulement,
en sortant, sans penser que j'ai raison (saturation peut-être) le
plaisir de la carte postale évoqué par le titre de Yannick Butel
n'avait pas été totalement suffisant... une mise en scène
ingénieuse, mais un jeu qui se tient juste à la limite du grotesque
pour certains des acteurs, au moins au début, qui rend difficile
l'intérêt que nous devrions porter à des personnages en partie
haïssables, pour le reste pétris comme il se doit chez des humains et donc des personnages de Tchékhov de
petits défauts, manques (une prédilection tout de même, rôle et
jeu, pour le docteur et, à un degré moindre le zoologiste)
6 commentaires:
Désolée pour ton bracelet ..parti à l'aventure. ..peut être tombé dans les escaliers de la superbe photo de l'escalier..(je te l'emprunte)
Ou sous les pieds des personnages si compliqués de Tchekhov
Y a pas photo... du bracelet. Triste pour toi et pour nous.
pour le bracelet peut être dans l'escalier il est vrai, de toute façon dans ma croyance que suis enfin digne d'être une femme, mais avant Tcheckhov
Pierre, pas très grave, 'espère qu'il aura trouvé preneur, avec poignet de taille appropriée, le plus navré était mon petit vendeur (juste me reprochais : de l'avoir acheté, de n'avoir pas vérifié TOUT LE TEMPS qu'il était toujours à mon bras (un petit plaisir coupable et éphémère)
La petite histoire du bracelet et les grandes histoires théâtrales, ou comment inscrire la vie quotidienne dans la vie culturelle. La photo des marches accédant à la cave est saisissante (de frayeur enfantine ?). Mais existe-t-il encore de vrais caves à charbon éclairées à la lampe de poche ? Le grand Tomi Ungerer avait bien compris que les enfants aiment les histoires où l'on a un peu peur, mais la nouvelle éducation tend à gommer cette peur enfantine qui sert de catharsis.
là elle sert cette terreur, avec l'aide d'un petit geste tendre maternel venant après l'épreuve surmontée, à commencer à sortir de l'enfance en douceur
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