Parce que suis perdue et
lasse devant la masse du off (et les fermetures échelonnées des
théâtres, par les conseils de gens sympathiques dont les goûts et
attentes ne reflètent pas forcément les miens, par facilité, les
deux premiers spectacles que me suis autorisée pour l'après-in
étaient au Théâtre des Halles
avec d'abord, puisque
revenant dans la petite musique dite bouche à oreille ils
n'avaient pas prévu qu'on allait gagner
https://www.theatredeshalles.com/pieces/ils-navaient-pas-prevu-quon-allait-gagner/
« J’irai à la
mer, y aura des vagues de toutes les couleurs et je serai riche. »
Résonnent ici des voix
que l’on entend bien peu. Qui sont ces jeunes qui, en toute verve
et crudité, nous font part de leurs vies bouleversées ? On
comprend, loin des caricatures et sans angélisme aucun, qu’il
s’agit de mineurs en foyer d’accueil d’urgence. Brûlante
chorale, coups de gueule, confidences… Chacun cherche à s’en
sortir du mieux qu’il peut. Ces jeunes peuvent-ils « gagner » ?
(photo
du site du théâtre)
le texte de Christine
Citti qu'elle a voulu aussi près que possible du réel qu'elle avait
rencontré, le jeu des acteurs qui semblent ne pas en être (au moins
pour qui a côtoyé ces jeunes uniquement dans les rues, le métro
etc..., le travail de Jean-Louis Martinelli faisant ressortir ce
mélange de il faut le faire et de désespoir, ou découragement
https://sceneweb.fr/jean-louis-martinelli-met-en-scene-ils-navaient-pas-prevu-quon-allait-gagner-de-christine-citti/
(pour la création à Bobigny) – une réserve qui est en fait une
façon d'affirmer que c'est théâtre, je ne pense pas que dans la
réalité un éducateur étalerait son désarroi devant les jeunes
assemblés)
retour en
passant pour prendre un billet pour la fin de la semaine par le
théâtre du Roi René parce qu'à côté et parce qu'un spectacle
conseillé par voisins sympathiques, déjeuner, sieston, médicaments,
et repartir
pour le théâtre des Halles (bon là c'est la clôture en ce qui me
concerne), le jardin debout contre mur le nez dans les Diversions de
Laurent Margantin chez Oeuvress Ouvertes ou sur la petite voute aux
moments méditatifs
et Bérénice
paysages (d'après la pièce de
Racine) dans la petite chapelle, un adaptation de Frédéric Fisbach
(qui met en scène) et Mathieu Montanier (crédit photo Matthieu
Edet)
Un acteur dans sa loge
après une représentation, il est seul, se démaquille, se change,
il attend… Il est dans ce temps bien particulier de l’entre deux,
pas encore complètement sorti de la fiction mais déjà une autre
réalité pointe le bout de son nez. Il se redit des bribes de texte,
le sien ? Celui de ses partenaires ? Tout en se préparant à rentrer
dans l’autre vie, celle qui commence dès la sortie du théâtre.
Il attend un message... Il reçoit le message attendu qui annule le
rendez-vous et cela suffit pour le faire basculer dans la pièce. Son
esprit s’emballe, son corps le suit. Il oscille entre masculin et
féminin, il est Titus, il est Bérénice, il est Antiochus, il en
est en tout cas une version, un possible. Il est rattrapé par la
pièce, avalé par elle.
Un
corps mince, une voix qui murmure parfois dans l'intimité où nous
sommes avec lui, et la poésie de Jean Racine pour bercer sans
diminuer la tristesse. Le démaquillage, le rasage des jambes, et le
texte dit comme une ritournelle pour se remémorer, une ou deux fois
comiquement et puis de plus en plus pris en charge avec, sans que le
timbre change, une façon subtile de faire vivre les dialogues, et
comme vécu de l'intérieur.
Retour
en passant par le théâtre Transversal pour avoir un billet pour
demain matin
4 commentaires:
Encore Bravo et Merci et en retirer ..la substantielle moelle désolée je suis toujours en train de faire des bilans
Petit repos pour toi surtout par ces temps
normalement jusqu'à dimanche soir
mais pas mal de théâtre fermés déjà
et une Brigetoun un peu lasse mais qui n'a pas plus envie de repassage, lecture ou écriture que de spectacle… (sourire)
Merci pour ce suivi si riche du Festival d'Avignon. Heureusement, l'été n'est pas que canicule et plage, la culture traverse les saisons et vous avez réapprovisionné notre désir de spectacle tout au long de l'année. Vous êtes une bonne sentinelle de cette culture.
suivi très très partiel du festival et pour l'année limitée à culture d'un certain âge...
Enregistrer un commentaire