Ai repris le chemin de la
rue Pasteur par les rues de la ville, leurs discours
incompréhensibles et leurs stylisations, ai retrouvé les deux
garçons d'hier, la géométrie basique et notre projet (engagement
pris pour demain, ce sera mercredi... je perds la notion des jours de
la semaine) et d'autres qui ont été pris en charge ce matin par un
nouvel ami.de.permanence.ce jour, fortement encouragée à cela par
les responsables (bon ai prévu de sauter de temps en temps un jour)
et paresseusement reprends
un petit texte que les Cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
ont publié en juin
Perdu
Il aimait la mer depuis
l'enfance, ou avant,
il aimait la mer depuis ce
temps où il n'était pas encore
et je l'aimais bien
il était gracieux comme
un petit page et sérieux comme un vassal
quand il souriait il
devenait lumière, quand il se taisait il était silence bruissant
d'idées tues,
et quand il franchissait
le portail, quand on le cherchait on le trouvait toujours, ou presque
– il avait au grand soulagement de ses parents des amours passagers
pour des petites fées-lutins et des admirations pour des grands qui
s'arrêtaient au moment de devenir leur homme-lige – on le trouvait
donc toujours ou presque au bout de la rue, au ras de la plage,
fermement planté devant la mer, les pieds à peine enfoncés dans le
sable, les mollets tendus...
Ce jour là, quand nous
sommes revenus, adultes et adolescents, d'une petite réception
faussement improvisée et très réussie, quand, en riant, nous
sommes descendus des voitures sur le sable de l'enclos, les six
petits attendaient groupés, graves ou apeurés... quelqu'un a
demandé «où est Jules ?» et des cinq voix se chevauchant,
pleureuse, criardes ou murmurantes, avons deviné «il a disparu,
dis-pa...»
La voix forte du père
«qu'est-ce que c'est que cette histoire ?»
et celle de la mère
«Marie !»
Elle est arrivée la
Marie, a tapoté sur deux ou trois petites têtes, a dit «le goûter
vous attend sur la table devant...» et puis, à nous : «il est
sorti vers la plage, il aimait trop la mer cet enfant»
et comme la mère
s'affolait «le grand Jean y est allé...»
Alors sommes partis en
courant, et il était là, Jean, la bouche ouverte, les yeux plissés
comme pour chercher à mieux voir, et à côté il y avait Jules, ou
du moins ses mollets, dressés bien droit, mais rien, plus rien, au
dessus
Jean a dit : «il faut
attendre, il s'est perdu à la suite de ses yeux dans la mer, mais il
va se fatiguer, il reviendra, il a laissé ses jambes...»
Monique, la mère, a
commencé à pleurer. Je me suis assise et je reste là sur le sable
en attendant de trouver comment finir cette histoire, et puis
finalement ce n'est pas la peine.
pardon pour le titre tiré par les cheveux, entre autres choses
8 commentaires:
les migrants et la mer (le Président ne veut pas que son parti soit "bourgeois", trop tard !)... :-)
tiens c'est vrai, e n'avais pas fait le rapprochement entre mes jeunes migrants (dont je ne connais pas l'histoire, ça viendra peut êtreLL) et ce texte !
quant à notre petit président… le pire c'est que j'ai peur si je survie jusque là de découvrir que son successeur se révèle encore plus médiocre et trompeur
Beau et reviendra aux anciennes manières. .rien ne change ..tout change quand même un peu .
en tout cas moi je m'ancre à coeur réticent dans ces nouvelles habitudes… c'est ainsi - au moins je sers minusculement à quelque chose (mais plus cap, les vieux ont le crâne qui se durcit, de lire ou écrire)
Entre perdre la tête ou les jambes, rien de pire.
la gamine et ses frangins à la mer, plutôt.
la tête dure se combat à tout âge
et l'histoire est jolie
Piere, conversation plus facile avec qui a perdu les jambes et gardé la tête
merci Claudine
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