Ciel couvert qui s'est
éclairci au fur et à mesure de ma marche
Pour le reste de la
journée, une longue ballade dans l'après-midi et une étourderie
brigetounienne qui, par chance, n'a pas provoqué de catastrophe.
Passons... et je reprends
ma contribution au #8 nos 27 septembre de
l'atelier en ligne de François Bon
https://www.tierslivre.net/ateliers/category/cycle-ete-2019-pousser-la-langue/ete-2019-08-nos-27-septembre/
27-9-2006
mes orteils, qui remuent
de temps en temps pour chasser le petit cri du froid, me rappellent
la futilité du monde autour de moi, et de moi en ce monde – avec
une force que je dénoue par l’idée que cette lucidité qui me
revient avec la pluie, pourrait, par là, être soupçonnée de
futilité.
27-9-2008
une matinée de 27
septembre presqu'active au royaume de la banalité,
savouré la lumière et la
façon tendre qu'elle a de caresser Saint Didier...
contrôlé la lente
décoloration des feuilles et l'annonce du rose ou du jaune, puis du
roux ou du brun, qui va les envahir rangé mes achats, fait un peu de
cuisine, piqué du nez
27-9-2010
à Calvet : dans nouvelle
salle, je me retourne, me fige face à face avec «Déchéance» de
Soutine, et la regarde pendant qu'elle me fixe. Du coin de l'oeil je
voyais, en fuite sur le même mur, les autres tableaux tourmentés,
tâches de couleurs qui m'attiraient pendant qu'elle me retenait, et
puis je sentais, hors de vue, une présence, un visage, du noir, deux
taches énormes qui étaient des mains, mais j'en revenais à la
femme avec un attachement complice.
J'ai senti un mouvement et
un homme, dans le mitan de l'âge, en vêture gardien, est apparu, un
peu comme s'il glissait, sortant de derrière un épi pourtant une
face rubiconde de Rouault, et s'est avancé en disant je ne sais plus
quoi et, comme je souriais, il a enchaîné par la satisfaction,
après des années d'attente, de l'ouverture de cette salle, y ai
répondu par mon plaisir de retrouver ce tableau (vu dans je ne sais
plus quelle rétrospective). et, comme des amis, échangeant des mots
sans phrase, des sensations, sommes lentement passés devant le
vieillard, un paysage de Céret – très composé, beau, parmi les
plus stables –, ignorant toujours ce qui était dans notre dos,
mais lui, planté, à côté de moi, s'était déjà tourné vers –
je le voyais maintenant – l'idiot, et il disait qu'après avoir
aimé spécialement la femme, c'était cette interrogation, ces mains
et surtout le regard, absent et fascinant qui lui plaisaient et que
d'ailleurs on lui avait suggéré d'écrire une note sur lui, mais
qu'il ne pouvait pas, que chaque fois il renonçait... j'ai risqué
que pour lui rendre justice, au garçon, 'il fallait être
schizophrène, libre avec les mots, la syntaxe. Alors il s'est
éloigné, a été prendre dans son sac posé à terre à côté de
sa chaise, une fine bande de papier couverte d'une petite écriture
penchée et m'a dit que ce matin justement ça lui était venu et il
a lu – je l'ai écouté, parce que c'était évidemment ce qu'il
fallait faire, me suis autorisée à trouver cela pas mal, pas mal du
tout, cela qui parlait simplement de la captation par le garçon de
ceux qui le regardaient, et de sa façon de les entraîner dans son
absence. Pour lui montrer que j'écoutais, je lui ai suggéré
d'enlever une série de pronoms relatifs et de les remplacer par des
virgules, ou des tirets ; il a essayé, et cela lui a plu. Alors nous
avons continué, et il m'a pardonné de ne pas aimer Chabaud, ce qui
est ici de l'ordre du crime. Nous avons dit que le Gleizes valait
mieux que l'oubli relatif dans lequel était tombé le peintre, mais
je lui ai préféré un grand Gris qui est prêté pour quelque
temps, même si cette toile n'est pas parmi ses meilleures, un peu
trop décorative, comme il me l'a fait remarquer – vengeance pour
avoir posé ce mot sur Chabaud).
27-9-2011
Une image ou l'idée d'une
rue canyon entre immeubles grimpants, brouillés, traits allusifs,
inattentifs, crépusculaires ou noyés de brume – verticales
noires, grises ou d'un blanc sale, et petites notes de couleur
circulant sur la rive basse de ce tableau que j'imagine
Une place vide, le soleil,
des tables, des parasols clos en flèches, - noyés, silhouettes,
émergeant parfois -, et l'affirmation d'un rempart, du ciel, et
d'arbres en très gros bouquets de feuilles.
La rencontre heurtée de
ces deux idées de la ville, leur mélange dénaturant.
La trace, entre elles, de
la présence, un instant, perdue, cachée, ou presque, d'une
Brigetoun paumée, hésitant à s'effacer ou être... qui ce mardi
n'est pas sortie.
Mauvais jour.
27-9-2014
Aux petites heures de ma
troisième venue au jour, vers neuf heures, moment brièvement
angoissant, quand le son, l'image, les yeux qui se trouvent privés
de lumière, tout meurt d'un coup. En chemise de nuit entrebâiller
la Porte palière, un bras passé, tâtonnant pour appuyer sur le
bouton - la minuterie ne s'allume pas. Coeur dénoué, tartine de
confiture, une goutte de café, fin du déshabillage, entrer dans la
douche en s'appuyant au mur dans la nuit - la lumière revient avec
l'eau.
Mais au bout d'une petite
demi-heure environ, connexion en mode refus.
27-9-2018
En relisant mon journal de
ces dernières années, dans cette nuit de pénible insomnie, où des
pensées mauvaises tournoyaient, en jouant pour parfaire la
distraction – avec une détermination qui doucement devenait
inutile –, à chercher des mentions se rapportant au 27 septembre,
ai vérifié la tranquille banalité de ma vie – me suis étonnée
aussi, avec une pointe de honte vite évanouie, de constater que même
lorsque j'ai noté autre chose que la couleur du ciel et
éventuellement l'humeur de mes jambes ou autre partie de mon
individu, il ne soit jamais question de cette chose semble-t-il
parfaitement négligeable qu'est l'état du monde – honte vite
évanouie parce que suis bien persuadée (ou veux l'être) qu'en fait
il m'importait tant que je n'osais l'aborder comme d'autres
broutilles de même acabit.
11 commentaires:
L’état du monde est une broutille comparé au ciel d’Avignon...
Sur cette page le quotidien prend une dimension supplémentaire, celle de la vie.
L'état du monde, l'état de la météo... souvent ces choses se confondent... :-)
Marie-Christine l'état du monde me touche mais moins directement (même si la détresse peut être très grande sous le bleu, je ne parle pas de moi là)
Dominique, et jouent sur notre état intérieur
Cet état du monde est dans tes mots inconsciemment comme dans les couleurs du ciel
Arlette, à moins d'être ermite on n'y coupe pas (même s'il m'arrive de privilégier l'accompagnement musique, et lectures anciennes)
Si le Monde et la Météo se confondent, ils n'en sont pas pour autant meilleurs amis.
12 ans d'une vie sur un peu plus de 12 lignes. Ainsi vogue le navire, dans notre quotidien la vie du monde nous parcourt dans nos vies minuscules. Et ce miracle répété de la singularité de chacun dans le domaine du vivant.
Godart c'était déjà bien assez long comme ça… (sourire)
belles dates, surtout la rencontre au Musée
et puis Soutine...
c'est, à peine un peu retouché, un passage de paumée (j'ai changé l'année pour que les dates soient espacées selon mon goût mais c'était bien un 27 septembre, joli souvenir)
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