matin courbée sur
balayette, sac poubelle et pelle, ramasser près de vingt litres de
feuilles qui sont venues se pâmer dans ma cour en deux jours de
mistral
et puis dans l'air frais,
avec le plaisir de l'azur, l'azur... et en plissant les yeux quand la
lumière éblouit, m'en aller vers la grande poste
et revenir en petite
errance
méditation…lectures, regarder bout du nez et recopier mon dernier texte pour l'atelier d'été du
tiers.livre en réponse à la vidéo de François Bon #12 oeil
intérieur oeil extérieur https://youtu.be/huRKHCqUruk
Ses yeux si
pâles
Avoir eu une idée en
écoutant la vidéo d'où émergeait le thème clôturant l'atelier
d'hiver, et malgré la distance prise avec l'idée d'être capable de
me maintenir dans le groupe, sentir une idée tressaillir, idée trop
intime, trop infime, reprendre le cours des jours en tentant d'y
tenir place, et de temps en temps repenser à cette jeune fille que
je n'ai pas connue, la saluer, me dire que n'en ai aucune image, si
j'en ai vu autrefois, tourner les yeux et leur regard vers la pluie,
la lumière, des visages, et puis hier matin en passant l'aspirateur,
en me penchant pour le glisser sous un rayonnage, voir vraiment, sur
la tablette aux têtes, cette photo, loupée, floue, prise un peu
avant sa fin de vie, que j'aime pour la douceur, la tendresse de ses
yeux posés sur je ne sais lequel de ses descendants et deviner dans
leur bleu décoloré par les ans, presque blanc, la petite fêlure,
la légère crainte, la peur de perdre contact, la solitude qui
montait avec cette surdité qui, s'installant depuis une vingtaine
d'année, la coupait alors presque complètement de nous – même si
elle avait le chic pour entendre brusquement un mot, une intonation
qu'il aurait été préférable qu'elle ne saisisse pas – et je
retrouve l'émotion ressentie en la regardant alors, en découvrant
dans ses yeux, son regard, le petit velours, la fragilité que, seule
je pense, je n'avais pas su deviner, ce qui la rapprochait de la
jeune fille qu'elle avait été, que j'imaginais, avec sa hardiesse
sourdant sous la réserve, l'assurance qu'elle plaquait sur ses
doutes, cette jeune fille que j'imaginais, que j'avais vue debout à
côté de sa mère devant une fenêtre ouverte sur un jardin sous
pluie, et dont je me sentais proche.
8 commentaires:
Merveilleux portrait !
Pouvoir d'une photo (et ailleurs photo du pouvoir)... :-)
Marie Christine, je l'aurais voulu meilleur, mais c'est idiot j'y tiens à ces lignes
Dominique ceci dit elle avait un "pouvoir doux" remarquablement efficace et comme souvent entre mère et fille aînée nous étions comme chien et chat (avec amour)
Faire un portrait c'est comme lancer un boomerang :)))))))
il est beau, quelle chance
elle était belle et plus encore charmante
Très beau texte, chère Brigitte. Merci pour cette douce évocation
merci à vous Lucien
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