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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, janvier 04, 2020

Quotidienneté et lexique

mettre ma montre
et meubler de pas l'heure
bailler, prolonger
et pour nourrir paumée recopier ma contribution répondant à la onzième vidéo de François Bon pour l'atelier d'été de tiers.livre https://youtu.be/9rM1d4A--pU

En picorant dans mon dictionnaire perso

accordailles parce que c'est un de ces mots que je chéris avant qu'ils meurent totalement, comme un caillou ou une bille de bois ou n'importe quoi que l'on caresse, mais avec un sens ce qui n'est pas normalement le cas d'un caillou, d'une bille etc...

beauté, un goût qui nous a été transmis naturellement, avec quelques a priori pour avoir le plaisir de les dépasser... et puis bien entendu il y a la Beauté pour les poètes et les philosophes, la même avec des mots choisis et une interrogation éternelle en plus.

carrelage, son utilité et son caractère décoratif, du plus simple au plus noble, a pendant longtemps été, surtout au sud, une marque de la région, la province où on le rencontrait dans les demeures ordinaires... surtout, le plaisir sensuel de son contact vivant.

elle, mot qui peut se dire avec un rien de tendresse (mais en ce cas c'est plutôt un nom qui est employé), avec une distraction neutre, ou une hargne plus ou moins dissimulée.

éventail, objet qui avec l'âge m'est devenu amical, qui fut longtemps support de rêverie dans l'enfance et l'adolescence et puis très longuement objet exaspérant manié par des créatures que trouvais silencieusement grasses et avachies un peu comme des baleines animales sans armatures.

fille, une tendresse, une prolongation, une compagnie, une fierté ou un souci douloureusement aimant et pesant, une rivale sans qualité, une éternelle histoire recommencée à chaque génération avec plus ou moins de succès.

frères, voir soeurs ci-dessous

heurt, un désir et une crainte, un moyen d'éveil aussi pour jeter un corps qui s'éveille ou rêvait, pantelant un peu, dans le monde auquel s'adaptera vivement par un pas glissé...

imagination, mon défaut chéri qui me fait voir les choses, la vie, les gens d'une façon que l'on peut juger mensongère.

Limousin, souvenir ensoleillé même quand la pluie m'apprenait les odeurs d'humus et quand la neige brutalement nous bloquait dans une voiture sur une route dans la nuit, une naissance

Lyon, noyau, source un peu fantasmée de ma lignée, plus qu'Alger ou toute autre des villes d'où sont venues des pièces du patchwork qu'est notre famille ; les femmes, au rebours du bruit ambiant, étant, du moins dans notre cas, le noyau.

mère, une tendresse, un guide, un recours, dont on doit se détacher ce qui peut en faire un obstacle, parfois un amour/lien persistant sous un antagonisme qui ne cesse qu'avec l'âge et la découverte de la jeunesse de celle qui portait ce nom longtemps après sa mort.

nonnes (de Toulon), un couvent-école, le souvenir de Thomas d'Aquin aux bons moments, une propriété si transformée qu'avait perdu son lustre, qui gardait un jardin sans plus aucune herbe ni fleur mais avec son vallonnement, une villa avec des ailes où n'avions pas accès, une allée bordée de buis et cahoteuse pour s'entraîner à la course – m'obstinais à fréquenter l'une puis l'autre des rangées de buis ce qui allongeait ma performance et la rendait fort peu performante – quelques baraques de ciment pour les classes secondaires et une ancienne ânerie dans un recoin protégé pour les premières et philos, avec un muret sur lequel refaire le monde ou parler chiffons.

Pékin, Dàlat lieux géographiquement, historiquement, économiquement (avec grandes différence entre eux bien sûr) existants, certainement importants mais qui, ne leur en déplaise, sont pour moi simples supports de rêveries familiales – enfin presque.

le Père Lachaise, lieu de promenades ennuyées ou joyeusement méditatives, d'amusement aussi en regardant, assise contre le mur d'une des chapelles qui dominent l'entrée pour prendre le soleil, mes semblables en visites familiales, touristiques ou pèlerines, mais toujours hors de leur presse quotidienne, visage un peu plus ouvert et gestes maladroits.

snobisme, un défaut que nous n'avons – la tribu – aucun titre à avoir et que nous méprisons bien entendu, un défaut dont je ne manque pas, même s'il est basé sur des qualités assez inhabituelles, pour les autres membres de la smala je crois qu'il ne porte pas sur mêmes critères et le suppose inconscient – mais comme me trompe toujours...

soeurs, amour, cohésion et luttes incessantes, éclats réguliers, accalmies parce que... ou sans parce que..., jugements subis, jugements que je m'interdis, admiration et incapacité totale de nous conformer les unes aux autres, et puis bloc soudé quand le faut – frères, amour plus simple, tendre et distant, compagnonnage.

Solliès, celui du pont, la villa touchante avec ses velléités réprimées de se déguiser en chalet, le plus grand tilleul que j'ai jamais vu et ce merveilleux couple, notables locaux, terriens et simples, secrètement cultivés, à la bonté rayonnante, et leur tendresse pour nous la petite smala... et puis un lavoir sous les arbres et une machine à faire des pâtes.


Tamentfoust, nom que j'aime, trace de l'ancienneté de ce lieu, reconquis après que, pendant près d'un siècle, il se soit mué en La Pérouse et c'est sous ce dernier nom que le magma de souvenirs personnels, d'histoires ou légendes familiales, m'habite avec l'eau fraîche de la fontaine vêtue de carreaux anciens, un goût de mouna à l'huile kabyle, les rais des volets pendant la sieste, les galopades dans l'allée, les oies de la ferme proche, la fraîcheur, l'odeur de toile et de corde du garage à bateau ouvrant sur la plage qui est tout ce qui restait il y a dix ans, et le plus petit bateau familial, l'une des deux anciennes annexes, le Coq sur son tin, l'interdiction d'y monter que nous ne respections pas

13 commentaires:

Marie-Christine Grimard a dit…

Je suis contente que Lyon soit une source un peu phantasmée de votre lignée, c’est une belle ville, elle le mérite.

Brigetoun a dit…

oh que oui Marie-Christine

jeandler a dit…

À chacun ses mots comme ses maux. On y puise comme du réconfort à les énumérer fouillant dans une vieille malle abandonnée dans le grenier de la mémoire.

Dominique Hasselmann a dit…

Joli mot que cet "accordailles"... il faudrait pouvoir l'utiliser en politique ! :-)

Claudine a dit…

smala : galaxie de pépites de la lexicographe Brigetoun

Brigetoun a dit…

Pierre, oui et la mémoire transforme (au moins la mienne)

Brigetoun a dit…

Dominique, encore moins de chance là que dans le couple d'être parfaitement réussies les accordailles

Brigetoun a dit…

Claudine, merci

chri a dit…

Les accordailles (quel joli mot) me rappellent un livre que j'avais beaucoup aimé Les affrontailles de Nicole Lombard...

Brigetoun a dit…

souhaitons aux accordables de ne pas finir en affrontailles

tanette2 a dit…

Légèrement en retard mais je t'adresse tous mes voeux et te remercie pour les tiens.
Toujours grand plaisir à te lire; j'aime beaucoup ton dictionnaire perso.

Arlette A a dit…

Amusant comme une porte entre ouverte

Brigetoun a dit…

Arlettte, assez amusant à écrire

Tanette merci