mettre ma
montre
et meubler de
pas l'heure
bailler,
prolonger
et pour nourrir
paumée recopier ma contribution répondant à la onzième vidéo de
François Bon pour l'atelier d'été de tiers.livre
https://youtu.be/9rM1d4A--pU
En picorant
dans mon dictionnaire perso
accordailles parce
que c'est un de ces mots que je chéris avant qu'ils meurent
totalement, comme un caillou ou une bille de bois ou n'importe quoi
que l'on caresse, mais avec un sens ce qui n'est pas normalement le
cas d'un caillou, d'une bille etc...
beauté,
un goût qui nous a été transmis naturellement, avec quelques a
priori pour avoir le plaisir de les dépasser... et puis bien entendu
il y a la Beauté pour les poètes et les philosophes, la même avec
des mots choisis et une interrogation éternelle en plus.
carrelage,
son utilité et son caractère décoratif, du plus simple au plus
noble, a pendant longtemps été, surtout au sud, une marque de la
région, la province où on le rencontrait dans les demeures
ordinaires... surtout, le plaisir sensuel de son contact vivant.
elle, mot qui peut
se dire avec un rien de tendresse (mais en ce cas c'est plutôt un
nom qui est employé), avec une distraction neutre, ou une hargne
plus ou moins dissimulée.
éventail,
objet qui avec l'âge m'est devenu amical, qui fut longtemps support
de rêverie dans l'enfance et l'adolescence et puis très longuement
objet exaspérant manié par des créatures que trouvais
silencieusement grasses et avachies un peu comme des baleines
animales sans armatures.
fille, une
tendresse, une prolongation, une compagnie, une fierté ou un souci
douloureusement aimant et pesant, une rivale sans qualité, une
éternelle histoire recommencée à chaque génération avec plus ou
moins de succès.
frères,
voir soeurs ci-dessous
heurt, un désir et
une crainte, un moyen d'éveil aussi pour jeter un corps qui
s'éveille ou rêvait, pantelant un peu, dans le monde auquel
s'adaptera vivement par un pas glissé...
imagination, mon
défaut chéri qui me fait voir les choses, la vie, les gens d'une
façon que l'on peut juger mensongère.
Limousin, souvenir
ensoleillé même quand la pluie m'apprenait les odeurs d'humus et
quand la neige brutalement nous bloquait dans une voiture sur une
route dans la nuit, une naissance
Lyon, noyau, source
un peu fantasmée de ma lignée, plus qu'Alger ou toute autre des
villes d'où sont venues des pièces du patchwork qu'est notre
famille ; les femmes, au rebours du bruit ambiant, étant, du moins
dans notre cas, le noyau.
mère, une
tendresse, un guide, un recours, dont on doit se détacher ce qui
peut en faire un obstacle, parfois un amour/lien persistant sous un
antagonisme qui ne cesse qu'avec l'âge et la découverte de la
jeunesse de celle qui portait ce nom longtemps après sa mort.
nonnes (de Toulon),
un couvent-école, le souvenir de Thomas d'Aquin aux bons moments,
une propriété si transformée qu'avait perdu son lustre, qui
gardait un jardin sans plus aucune herbe ni fleur mais avec son
vallonnement, une villa avec des ailes où n'avions pas accès, une
allée bordée de buis et cahoteuse pour s'entraîner à la course –
m'obstinais à fréquenter l'une puis l'autre des rangées de buis ce
qui allongeait ma performance et la rendait fort peu performante –
quelques baraques de ciment pour les classes secondaires et une
ancienne ânerie dans un recoin protégé pour les premières et
philos, avec un muret sur lequel refaire le monde ou parler chiffons.
Pékin, Dàlat
lieux géographiquement, historiquement, économiquement (avec
grandes différence entre eux bien sûr) existants, certainement
importants mais qui, ne leur en déplaise, sont pour moi simples
supports de rêveries familiales – enfin presque.
le Père Lachaise,
lieu de promenades ennuyées ou joyeusement méditatives, d'amusement
aussi en regardant, assise contre le mur d'une des chapelles qui
dominent l'entrée pour prendre le soleil, mes semblables en visites
familiales, touristiques ou pèlerines, mais toujours hors de leur
presse quotidienne, visage un peu plus ouvert et gestes maladroits.
snobisme, un défaut
que nous n'avons – la tribu – aucun titre à avoir et que nous
méprisons bien entendu, un défaut dont je ne manque pas, même s'il
est basé sur des qualités assez inhabituelles, pour les autres
membres de la smala je crois qu'il ne porte pas sur mêmes critères
et le suppose inconscient – mais comme me trompe toujours...
soeurs, amour,
cohésion et luttes incessantes, éclats réguliers, accalmies parce
que... ou sans parce que..., jugements subis, jugements que je
m'interdis, admiration et incapacité totale de nous conformer les
unes aux autres, et puis bloc soudé quand le faut – frères,
amour plus simple, tendre et distant, compagnonnage.
Solliès,
celui du pont, la villa touchante avec ses velléités réprimées de
se déguiser en chalet, le plus grand tilleul que j'ai jamais vu et
ce merveilleux couple, notables locaux, terriens et simples,
secrètement cultivés, à la bonté rayonnante, et leur tendresse
pour nous la petite smala... et puis un lavoir sous les arbres et une
machine à faire des pâtes.
Tamentfoust, nom
que j'aime, trace de l'ancienneté de ce lieu, reconquis après que,
pendant près d'un siècle, il se soit mué en La Pérouse et c'est
sous ce dernier nom que le magma de souvenirs personnels, d'histoires
ou légendes familiales, m'habite avec l'eau fraîche de la fontaine
vêtue de carreaux anciens, un goût de mouna à l'huile kabyle, les
rais des volets pendant la sieste, les galopades dans l'allée, les
oies de la ferme proche, la fraîcheur, l'odeur de toile et de corde
du garage à bateau ouvrant sur la plage qui est tout ce qui restait
il y a dix ans, et le plus petit bateau familial, l'une des deux
anciennes annexes, le Coq sur son tin, l'interdiction d'y monter que
nous ne respections pas
13 commentaires:
Je suis contente que Lyon soit une source un peu phantasmée de votre lignée, c’est une belle ville, elle le mérite.
oh que oui Marie-Christine
À chacun ses mots comme ses maux. On y puise comme du réconfort à les énumérer fouillant dans une vieille malle abandonnée dans le grenier de la mémoire.
Joli mot que cet "accordailles"... il faudrait pouvoir l'utiliser en politique ! :-)
smala : galaxie de pépites de la lexicographe Brigetoun
Pierre, oui et la mémoire transforme (au moins la mienne)
Dominique, encore moins de chance là que dans le couple d'être parfaitement réussies les accordailles
Claudine, merci
Les accordailles (quel joli mot) me rappellent un livre que j'avais beaucoup aimé Les affrontailles de Nicole Lombard...
souhaitons aux accordables de ne pas finir en affrontailles
Légèrement en retard mais je t'adresse tous mes voeux et te remercie pour les tiens.
Toujours grand plaisir à te lire; j'aime beaucoup ton dictionnaire perso.
Amusant comme une porte entre ouverte
Arlettte, assez amusant à écrire
Tanette merci
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