Une ruée du frais

 et dans la rue, dans mon tee-shirt de faux matelot en coton épais, un peu molleton, non pas en molleton mais épais et doux et qui me donne une idée de tiges rasées, comme un pré que l'on aurait coupé si court qu'il n'y aurait plus que l'idée de tiges si c'était possible, ou un menton un peu plus nu encore que les faux débuts de barbes que certains entretiennent pour avoir l'air intelligent, mes épaules hésitaient à frissonner pendant que ça tourbillonnait, les mots, les expressions, sans cesse, dans ma tête

comme un fin édredon que je tissais entre moi et le réel du monde, les autres, aimables ou non, les faits, la rue, les drames, posé juste en dessous de la petite ritournelle dansante, oui la météo avait raison, ce n'était qu'un crachin, un reste de crachin, ou des petites gouttes, une humidité que le vent frais plaquait contre les corps qui avançaient

et d'ailleurs ce n'était même plus un crachin mais un vent humide et, au fur et à mesure de la descente du jour vers le crépuscule à venir, ce ne fut plus qu'une haute blancheur translucide sur des dalles, une terre, qui séchaient, mais cela reste lamentable annonce de la fin de l'été.