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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, septembre 14, 2020

Les 20 ans de la collection Lambert A2


Dimanche, jour ensoleillé et sous plaque bleue, mais jour casanier, où ai vaqué un peu davantage pour l'antre et carcasse, où j'ai écouté, lu, et repris la suite de la première exposition fêtant les 20 ans de la collection Lambert à travers les yeux, les choix, de son fondateur, celle qui occupe actuellement l'Hôtel de Caumont.



Fuyant la rouge fumée de Claude Levèque (« Chaque œuvre de- vient une aventure, car le visiteur est sans repères ou parfois violentés. Les narrations deviennent » Timothée Chaillou) épiques, ai donc dégringolé en esprit, lentement et prudemment en fait, l'escalier, avec un arrêt à l'entresol, pour la petite vidéo de Dennis Oppenheim blottie dans un coin, la salle décorée par Sol Lewitt, vide actuellement pour mieux se baigner dans ce manteau d'Arlequin, et être partagée entre un plaisir doux et un délicieux vertige,



et la traversée de la salle intérieure donnant accès à l'escalier du coin (là où étaient les miroirs de Boltanski) où sont posés quelques panneaux de Daniel Buren

« Par ce geste radical et répété qui symbolise l’art dans son entièreté, l’artiste s’inscrit dans le sillon des réflexions de Roland Barthes sur Le Degré zéro de l’écriture et La mort de l’auteur qui, en remettant en cause la notion d’auteur et l’importance attribuée à la figure de l’artiste, invitent le spectateur, le lecteur, à prendre part de manière émancipée à l’expérience sensible. » sur le carton du musée

« J’aimais aussi le paradoxe qui consistait à exposer dans une galerie commerciale des œuvres invendables. » Yvon Lambert



Retrouver, au bas de l'escalier, la galerie et à nouveau Sol Lewitt, face à la façade vitrée sur la cour et Miroslaw Barka, la traverser, monter le petit plan incliné, déboucher dans la pièce obscure carrée, reconnaître les photos d'Andrès Serrano, découvertes d'exposition en exposition, montrant la beauté et cruauté de l'espèce pour finir par des photos pour moi inédites avec cette façon de rendre esthétiques et vivants les fluides humains qui ne doivent pas être montrés et à peine évoqués. 







« Il y a une certaine esthétique que je dois assumer. Je choisis de rendre beaux des objets qui rendent mal à l’aise. » Serrano

« Je pensais d’ailleurs à l’époque que cette tendance qui prône l’idée du correct comme règle d’éthique ne franchirait pas les frontières des États-Unis, alors que plusieurs exemples prouvent que nous ne sommes plus à l’abri en France de telles considérations stupides. » Yvon Lambert





Dans la première salle en façade sur le boulevard ce cher Anselm Kieffer avec la matière du grand panneau (photographie et plomb sur toile) avec le grand tournesol (n'ai pas attendu que la petite famille sympathique ait dégagé la vue, tant pis, en ai des versions sans public), avec la douceur un peu kitch des « reines de France » 

« Enfant, je voulais devenir Jésus puis le pape. En fait, j’ai toujours rêvé de l’impossible. Je souhaitais sortir de mon milieu petit-bourgeois, dans lequel je me sentais limité, enfermé. Embrasser la carrière d’artiste m’apparaissait comme le moyen de m’en échapper. » Anselm Kieffer, 

Tour à tour, les tournesols sont devenus arbres de vie dans les plus récents autoportraits ; en prenant directement racine dans le ventre de l’artiste, ils ont servi aussi à d’incroyables cosmogonies où chaque graine noire symbolise les étoiles d’un savant système solaire. » Yvon Lambert






Et pour rester dans les artistes que, moi, petite chose, je préfère, après Serrano et Kieffer, la seconde salle montre quelques œuvres de Miquel Barcelo (les deux beaux fugitifs – enfin ça c'est mon interprétation – dans la nuit et deux bibliothèques)

« Je ne vais pas faire de l’art abstrait avec triangles et carrés, voyons. Je ne vais pas faire non plus de la sociologie ou des petites blagues sur le devenir de l’art occidental. Ni des exercices de cynisme avec une main au téléphone et l’autre sur Artforum. Ah non ça n’arrive pas à m’intéresser. Dès que j’ai compris, ça m’ennuie et je comprends vite. Loin des troupeaux, je fais de la peinture. Du grand art occidental en décadence perpétuelle depuis mille ans.» Miquel Barcelo, et il n'y a donc pas que ses œuvres qui donnent envie de l'aimer plutôt (un gros plutôt)

« J’avais un véritable coup de foudre pour ce garçon qui paraissait déjà si déterminé sur son œuvre » (en 1983) Yvon Lambert 



la salle centrale, avec l'avant-corps rythmant la façade sur le boulevard face à la grande porte sur le vestibule, est occupée par David Horvitz avec au centre une installation « imagined clouds » qui fait que l'on a tendance à ne pas voir (ou pour être plus exacte : que je n'ai pas vu) la phrase en néon qui l'accompagne, sur le thème de l'eau selon la présentation sur le site de la collection 

« l’artiste raconte, en une phrase de néon courant sur les murs de la salle, comment il espère chaque matin que l’eau de la douche provient des nuages. Au sol, il réalise une installation faite de tous les modèles d’eau minérale qui ont pu être repérés et achetés par l’équipe du musée à Avignon » 




Suit une salle homérique de Robert Combas

« Je ne veux pas seulement retranscrire comme beaucoup de graffitistes, je veux aussi trouver des choses inventives, créer vraiment à partir de là, pour moi, en moi... Je ne travaille pas toujours spontanément et il m’arrive de faire des sujets sérieux, politiques même, mais mes toiles font plutôt rire même quand c’est horrible. » 

et Yvon Lambert sur le jeune Combas des années 80 « Alors qu’avant, les visiteurs et les collectionneurs pénétraient dans ma galerie en se demandant toujours ce qu’ils allaient trouver, et aussi ce qu’il fallait comprendre, là, c’était la gaieté partagée et la drôlerie communicative qui s’affichaient sur mes murs. Pendant les premières années de cette décennie si délirante, j’ai souvent passé mes dimanches après-midi dans son atelier. J’avais le sentiment de respirer différemment » Yvon Lambert






Alors que les œuvres dans toutes ces salles sont disposées en laissant de grands espaces pour les laisser respirer, dans la dernière, la pièce d'angle, les œuvres de Jean-Charles Blais se répondent, non pas serrées mais sans garder la « distance sociale » y compris pour le grand corps elliptique courant 

« Je peins des figures qui ne sont plus des personnages mais des objets [...]. Le corps est devenu un morceau de peinture. » Jean-Charles Blais

« J’avais déjà commencé en ce début des années 1980 à esquisser un tournant majeur dans ma vie de marchand, en exposant un peu timidement des peintures plutôt figuratives qui rompaient totalement avec mon programme habituel, toujours ardu et radical. » Yvon Lambert 



La salle qui fait l'angle sur la cour a gardé le décor conçu par Niele Toroni

« Je crois qu’en raisonnant par l’absurde, on pourrait dire que toute l’histoire de la peinture a toujours été l’empreinte de l’artiste. Mais laisser l’empreinte de la peinture avant de laisser mon empreinte d’artiste a été ma motivation » Niele Toroni 

« Si je dois caractériser Niele Toroni, c’est sans hésiter sa fidélité qui me vient immédiatement à l’esprit. Fidèle en amitié car je partage son aventure artistique et son côté épicurien depuis plus de trente ans, fidèle dans son œuvre car je ne connais pas d’autres artistes qui ont suivi comme lui le même chemin sans jamais se détourner du but. » Yvon Lambert



La dernière salle de cette exposition, en revenant vers le vestibule l'Hôtel est vouée à la radicalité délicate (oui cela eut-être) de Robert Ryman

« Faire des peintures blanches n’a jamais été mon intention. Et ça ne l’est toujours pas. Je n’estime même pas que je peins des tableaux blancs. Le blanc est seulement un moyen d’exposer d’autres éléments de la peinture. Le blanc permet à d’autres choses de devenir visibles. » Robert Ryman

« Les peintures, si discrètes que les visiteurs ne les voyaient pratiquement pas, étaient faites à même le mur sur de fines pellicules en plastique de format carré, retenues par des bandes de scotch qu’il avait collées pour fixer ce support invisible. Après avoir enduit toute cette surface en débordant sur le mur blanc, il enleva les rubans adhésifs car la peinture en séchant retenait miraculeusement cette surface collée sur la paroi de la galerie. » Yvon Lambert 

reste à re-traverser l'étape Niele Toroni pour pénétrer dans la rotule qui relie les deux hôtels et trouver dans l'hôtel de Montfaucon la seconde exposition « Je refléterai ce que tu es – de Nan Goldin à Roni Horn : l'intime dans la Collection Lambert » mais ce sera pour plus tard.



8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Belle collection en effet.

Lambert n'a pas lambiné.

Buren, on le reconnaît bien là, David Horwitz a dû anticiper l'expansion du gel hydroalcoolique...

Kieffer, oui, on kiffe toujours pour lui. :-)

jeandler a dit…

Des images, à elles seules, dignes d'être exposées... Merci.
J'aime le décor de Toroni.
Merci du reportage commenté. Si léonard avait ainsi commenté sa Mona Lisa... mais ce n'était pas la mode.

Brigetoun a dit…

Dominique beau résumé (un doute pour Horvitz, sourire)

Brigetoun a dit…

Pierre, Léonard a abondamment commenté pas Mona Lisa mais la peinture et son oeuvre en général

lanlanhue a dit…

bains de couleurs bains de regards ! j'adore .. beaucoup la troisième photo ;-))

Brigetoun a dit…

merci (un peu floue la photo !)

arlette a dit…

Ravie de retrouver les amis et leurs désirs de faire réfléchir et non de violer mais besoin de pause cette succession me tourne l'esprit Merci pour ton super intéressant reportage jai l'impression de ne plus y arriver ma pensée se confine en banalités 🥶🤧

Brigetoun a dit…

Oh la mienne aussi (à vrai dire est occupé par mon hésitation un peu honteuse au sujet des cours à Rosmerta) alors je prends des béquilles avec les mots des autres