commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, janvier 11, 2021

Paresse blanche


un ciel blanc, froideur prenante mais sans excès, stupide chair tremblotante, penser aux autres, peau sous douche chaude, peau frictionnée, massée, vêtue, agir tranquillement, sérieusement, travailler à l'engraissement, en sombrer dans sieste, relire les quelques mots sur le fichier ouvert le matin pour le #5 de l'atelier du tiers livre, en poser d'autres, tailler, remplacer, se souvenir du rythme, arrêter, musique, lecture, s'interrompre, retour au fichier, se lever, tourner en pensant il faut sortir, marcher, d'ailleurs tête lourde et nuque raide, mais une idée, revenir au fichier, ajouter, chercher un mot, se maudire, thé mordoré, noir sur la cour, réaliser, dix sept heures quarante, peux plus sortir, reprendre fichier un moment, laisser reposer, faire une petit tour internet et avant de voir/écouter une vidéo de la Comédie Française « théâtre à la carte – juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce » sans essayer de raviver le souvenir bon mais quasi effacé d'une ancienne représentation au théâtre de la Colline https://youtu.be/EX4MzDYeBeQ, poser ici en passant outre à ma grimace le texte envoyé hier à François Bon, qui l'a gentiment mis rapidement en ligne, pour le #04 « Chantal Akerman, ralenti &, caméra circulaire » de l'atelier d'hiver du tiers livre https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4947 er ma piètre vidéo qui m'a permis de constater que sa lecture prenait huit minutes et non onze ou douze comme prévu (reprendrai demain sans doute la lecture de la masse des contributions, honte à moi, sur https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article627 )


Les épaules contre un mur, tête sous une casserole de cuivre et une petite maternité sur bois, jambes devant le radiateur et fesses au dessus de sa chaleur, les yeux regardent le mur du fond, mais les mains ne savent manier, comme désiré, très très lentement mais fermement un appareil de photo. Y renoncer. Faire voyager le regard, en le voulant innocent, à la découverte des choses, s'interdisant de les connaître – un blanc – Tête un peu renversée, poser les yeux en dehors du cadre sur la plus proche des poutres maîtresses – la taille anarchique des ciseaux qui ont laissé leurs marques, les trous, ravines, blessures de la surface, la peinture épaisse, d'un blanc qui a pris de l'âge, peinture qui par minuscules fragments s'abandonne – arrêter le mouvement avant de la suivre dans le coin cuisine, le regard part vers le mur du fond effleure la cloison de la petite salle d'eau rapportée, mur d'un ocre jaune pâle, dont la peinture a une vingtaine d'années, bordé, juste sous les lattes blanches du plafond, que soutiennent de petites poutres soigneusement rectangulaires appuyées aux deux mini-troncs, par une frise d'un rouge papal, ou pompéien, ou terre cuite, très passé, parcourue de volutes vertes tracées à main libre, rencontre la seconde des grandes poutres, un peu plus grosse que la première peut-être, et plus soigneusement taillée, et accroche en passant le haut d'une porte vitrée entrebâillée, le haut d'un petit cadre qui semble simplement appuyé au mur dont il s'écarte pour se poser un peu plus bas et le profil d'un tableau accroché au mur qui s'interrompt devant le trou qu'est l'entrée, découpant la porte dont un tiers environ apparaît sur le mur du fond – laisser glisser les yeux le long du mur, rencontrer le haut d'un cadre de bois foncé, et, un peu avant l'angle, la baguette argent terni qui entoure un fond bleu gris à liseré plus foncé et le dessin d'un pierrot – pensée pour le grand oncle qui s'est perdu crayon et pinceaux en main dans le Paris de Toulouse Lautrec. Le regard note un petit grillage à l'utilité incertaine sous le plafond, tourne l'angle, passe au dessus de cadres, rencontre la grosse poutre qui, de ce côté, devenue trop grosse, a été retaillée, puis, posé sur la doucine d'une bibliothèque, un camion en bois, objet amical mais dont on ne sait que faire, jouet africain à l'usage des touristes et, juste en dehors de l'image que les yeux dépassent, deux gros livres à la reliure de carton ivoire peint de bleu clair et de rose, puis le haut d'un cadre mais se refuse à continuer, descend, trouve une pochade maladroite, des femmes en silhouettes brune, mauve, blanche et bleu, une aquarelle, un dessin noir et blanc, puissant mais incompréhensible à cette distance, descend encore attrape un petit plat d'étain au bord godronné, un long plat de Moustiers, une étagère en bambou avec livres, assiettes aux oiseaux, posés sur une bibliothèque longue, puis la profonde bibliothèque sous le camion,ses étagères, un désordre de livres, une statuette, des DVD, une assiette bretonne, le dessin assez maladroit d'un vaisseau sous voiles, avance vers une table pliante de jardin, une chaise en fer noir, et après cette accélération, recule, retrouve le mur, son vieux jaune posé un peu anarchiquement par endroits au dessus d'un soubassement du même rouge que la frise rencontrée au début, frise qui, de ce côté, fait frontière. Soubassement interrompu par des tiroirs supportant des petites ébauches en terre, une lampe non branchée, au pied d'étain et abat-jour de travers, une vieille petite chaine de radio, sur laquelle sont posés des CD, une boite de masques, un bas relief en terre dont on ne voit que la tranche – un blanc – les yeux indociles ne suivent pas le mur, aspirés par deux bougeoirs de bronze doré dont les bougies s'embrassent, et le rayonnage garni d'une pagaille de livres, placé en épi, en plan moyen, en travers de la pièce, sur lesquels ils sont posés, avec un petit émail qui s'appuie sur leurs futs, un échassier en bois surplombant un petit vase boule, chinoiserie moderne ornée d'un échassier, et des statuettes de terre de passage en fin d'année... le reste étant masqué par les éléments du premier plan – un blanc – le regard revient en arrière, regagne le mur latéral, le soubassement que vient masquer maintenant un coffre ancien, douceur brune du bois de cerisier très ciré, portant des paniers, une poterie crème, un petit PC, et surmonté de cinq cadres de tailles et qualités diverses, un dessin appliqué au cadre rose brûlé dans un coin, deux petites gouaches en hauteur très colorées, deux belles photos, et les yeux, passé le coin, trouvent le frère du pierrot, le dessin d'un arlequin, puis, après le haut du dossier d'une très mauvaise copie d'un fauteuil ancien recouvert d'un beau patchwork aux dominantes bleu foncé et orange doux, ce que l'on aperçoit d'une bibliothèque, en fait le vaisselier d'un buffet breton, emplie de livres, alignés, superposés, comme peuvent, portant une vieille lampe orange, deux petits pichets encadrant une tasse, une tête qui heureusement est en grande partie masquée, devant un miroir ovale enchâssé dans un cadre de chêne, et devant, éblouissante, une ampoule nue plantée en haut d'une tige métallique. Les yeux continuent, heurtent au plan moyen des volutes rousses, un cou blanc, le haut d'une statuette qu'ils dépassent pour frôler un petit coffre gris et au dessous, légèrement décalé, un dessin encadré, renoncent à continuer hors de l'image jusqu'à la porte, reviennent directement vers la margelle, qui, en plan moyen, masquait le fond, des statuettes de terre, un panier de fer avec une pomme et des serviettes en papier, le dos de la lectrice rousse dont les grosses fesses s'appuient sur un livre ouvert, descendent à côté du vieux petit four posé sur la paillasse carrelée de beige du coin cuisine, les derniers petits bidons de la collection d'huiles (sept actuellement) un fouillis, tasses hautes, vinaigre blanc, sirop d'orgeat, théière, panier, médicaments, remontent vers la margelle, des pots où sont plantés des cuillères de bois, du thym, des crayons et, entraperçus, une partie des santons qui se sont fait une place pour quelques jours, des paniers, un briquet, puis, en redescendant, une partie encore des santons, les moins beaux, sur le plus haut d'une pile de paniers à livres, et là ils s'arrêtent.

envoyer le #5.


8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Bon, vous travaillez d'arrache-pied, alors tout va bien ! :-)

Brigetoun a dit…

parlez pas de mes pieds - sujet sensible (rire)

Claudine a dit…

superbe texte !!!!
ravie par votre regard

Brigetoun a dit…

alors non...je ne trouve pas -ai eu du mal et ne 'aime pas.. plein de maladresses, mais voulais passer à la suite !

Godart a dit…

Période d'hibernation, bien de penser un peu à son corps, l'esprit suivra. J'ai mis votre texte de côté, mais je vais m'en soucier comme d'une sainte occupation.

Brigetoun a dit…

Godart, passez-vous en (conseil... me résistait, l'a fait jusqu'à la fin)

Godart a dit…

Et bien, vous avez tort malgré la difficulté de l'exercice proposé. Vous regimbez face à l'obstacle mais vous le franchissez haut la main.

Brigetoun a dit…

vous êtes gentil !