petit charroi de linge et manteaux dans la gloire bleue, une idée de douceur
finissant sur un moment de plaisir qui faisait ressortir le besoin que nous en avons...
et puis, in memoriam d'une vie qui s'est achevée mercredi, pour poser une note de tristesse, même si, en novembre déjà il n'était plus depuis un certain temps, dans les rues de Grignan, qu'une absence accompagnée de nouvelles inquiétantes, un petit passage, un peu au hasard mais parce que je l'aime bien de « Paysages avec figures absentes » de Philippe Jaccotet
« Au milieu du pré, trois mûriers côte à côte sont pareils à des harpes dressées pour les invisibles, les Absents, et dont la voix aussi se dérobe. Ils sont là groupés telle une haute et fragile barrière, telles ces choses qui se trouvent sur un passage pour intervenir, pour transformer : barrière, écluse, tamis. Ils filtrent le vent ou le jour, on voit bien, en tout cas, cette ombre à leurs pieds qui s'amasse ; et quelque jour, je percevrai le chant qui s'en dégage. Ainsi voudrais-je filtrer le temps jusqu'à ce que je n'en ai plus la force ou le courage, enraciné dans la terre colorée. »
Brigetoun a un grand besoin de restauration, jusqu'au proche mois de mars sans doute.
9 commentaires:
Vous avez tué février avant sa fin officielle ?
Jacottet, poète discret et secret... :-)
Dominique, homme discret aussi, se protégeant des importuns, les hommages ont mis le temps à apparaître sur le web mais sont là
Compagnon fidèle répondant à chaque demande en tendant la main vers ses pages juste là discrètement..annotées "Taches de soleil ou d'ombre "
oui Arlette (fait petite plongée cette nuit dans les livres que j'ai de lui (pas tant : cinq)
"L’aérienne convenance
C'était notre vie, avec ses cahots : peu de mérite, peu d'ardeur, partout des menaces. Un cœur peu généreux, un esprit incertain et prudent, rien que des vertus négatives, d'abstention ; et quant au monde : un visage tailladé. Le fer dans les yeux, l'os carié. Le siècle que l'on ne peut plus regarder en face. Et rien que d'avoir entendu ces voix auxquelles je ne m'attendais plus, ainsi liées aux arbres et au ciel en même temps, ainsi placées entre moi et le monde, à l'intérieur d'une journée, ces voix qui se trouvaient être sans doute l'expression la plus naturelle d'une joie d'être (comme quand on voit s'allumer des feux pour une fête de colline en colline) et qui la portaient, cette joie, à l'incandescence, faisant tout oublier des organes, des plumages, de la pesanteur (comme fondus dans sa sphère), rien que d'avoir entendu cela, mon attention s'était portée à nouveau, par surprise, par grâce, vers ce qui, plus pur, la purifie et, plus lumineux, l'illumine.
Ciel. Miroir de la perfection. Sur ce miroir, tout au fond, c'est comme si je voyais une porte s'ouvrir. Il était clair, elle est encore plus claire.
Pas de clochers. Mais dans toute l'étendue, l'heure de l'éternité qui bat dans des cages de buée.
Suprême harmonie, justice de l'Illimité. On aurait dit que chacun recevait sa part, la lumière qui paraît infinie distribuée selon l’aérienne convenance."
Philippe Jaccottet / Paysages avec figures absentes
Poésie gallimard ... p.78 - 79
juste avant de partir, notre ami F m'a recommandé la lecture de ce poète
Franck, comme beaucoup de gens un peu en dehors du coup et lents, le premier recueil que j'ai lu de lui
Claudine, ils allaient bien ensemble !
Pour moi ce février est très agréable il nous annonce le printemps. Chaque matin j'entends les oiseaux chantaient et c' est un bonheur l'hiver est terminé
Mohamed, mais moi la vieille j'attends toujours que les coups de froid de février et les caprices de mars viennent bouleverser cette annonce de printemps
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