réveil tardif en forte migraine, l'effacer, douche, le bonjour des lauriers de la terrasse supérieure, ciel bleu avec des pudeurs passagères
Brigetoun en dadame s'en va se débarrasser du vote, avec un détour qu'elle voulait presque considérable pour le bien-être des jambes (ces masochistes), quelque pas et la constatation indiscutable, impérative, de la fatigue grande, la narguer par un escalier, et puis rendre les armes et suivre pente directe vers la Mairie... un bureau moins arrogant et inexpérimenté que la semaine dernière (mais le cachet sur carte visiblement toujours démodé, en sourire...)
lavage de cheveux, déjeuner un poco trop, sieste, le ciel s'est voilé, ménage languide mais mené à bien, repassage nié, lecture/écoute des sujets de la deuxième étape des ateliers d'été de François Bon, perplexité grande, y rêvasser en pure perte pour le moment, lire en se faisant page blanche – et restant silencieuse – quelques contributions précédentes, en ne faisant que ronger un peu leur masse, admiration, et puis esprit trop vide... en buvant une tasse de tilleul refroidi, se réfugier dans l'écoute de Proust par la Comédie Française, accepter ma nullité, décider de la croire passagère et reprendre paresseusement ma contribution à la proposition du second des ateliers (celui que ne voulais surtout pas suivre) « faire un livre #1 quelqu'un arrive quelque part »
Premiers regards
Au fond du wagon, au dessus de la porte, le petit bandeau s'allume, un nom s'affiche, nom familier d'une ville inconnue, moyennement célèbre, un de ces noms de ville ou de région que l'on rencontre sans que s'y attache aucun souvenir historique marquant, aucune image précise, du moins pour celle qui s'est redressée en le voyant, qui ne savait même pas vraiment où la situer, cette petite ville, sur la carte du pays, avant d'avoir acheté son billet, appris quelle était la gare de départ. Les nuages un peu jaunis par la vitre filent imperturbablement mais dans la brume verte des arbres et bosquets l'oeil a maintenant le temps d'isoler certains détails. Les premières maisons ingrates d'une banlieue antique apparaissent, petits jardins qui galopent et puis s'attardent assez pour laisser voir des rangées de légumes, des tas de ferrailles, une piscine gonflable, des meubles de plastique, des objets à la peintures écaillée, des rosiers et buissons hirsutes ou étiques encadrant des petits étangs de terre battue, linge claquant, jouets abandonnés, un portique sans balançoire... Une rue vient heurter en biais le train et le suit un moment. C'est tout parpaings, briques, tuiles à emboîtement ou ardoises, avec la surprise de ce qui a semblé être des panneaux solaires avant de disparaître. Un long bâtiment bas aux tags superposés défile lentement, s'éloigne pour laisser place à des rails, et puis apparaissent de vagues talus qui se transforment en quais de ciment gris. Le wagon s'anime, des voyageurs se lèvent, suivent le couloir. Elle jette un dernier regard, un banc de bois ciré surgit, freine, s'immobilise devant la fenêtre, le wagon a un petit sursaut qui la déstabilise au moment où elle se met debout, elle s'excuse, son voisin se lève, se retourne, demande « c'est celle-ci ? » en montrant la petite valise kaki, elle murmure merci en hochant de la tête, il la descend, elle tend le bras, attrape une manche, fait tomber sa veste pendant qu'il se rassied, elle tire sur la poignée de la valise, trouve dans le remerciement et les vœux de bon voyage qu'elle lui adresse un élan pour se mettre en marche pendant qu'il sourit en réponse et rejoint, dernière, les voyageurs arrivés. Pieds sur le quai, elle regarde autour d'elle tout ce neutre qui répond à son vide. Elle a un peu le vertige ou plutôt son enfance intérieure a une brusque envie de s'accroupir contre le banc, de fermer les yeux pour vérifier qu'ils peuvent ne pas pleurer – elle se répond que ce n'est pas le temps des délicieuses larmes faciles, et ça la fait sourire. Elle reste immobile un moment, le temps de sentir la jeunesse de l'air sur sa peau, une vague odeur composite, le sourire accueillant du soleil voilé. Elle se dirige vers la sortie.
PS et suivre un poco (pas trop pour ménager mon humeur et ne pas trop mal juger les teneurs de parole) les résultats des élections.
7 commentaires:
on dirait l'arrivée à Dijon
tiens Claudine pour le #2 ù même sans préciser il faut que je positionne en gros ma petite ville improbable (brique, parpaing, tuile même à emboîtement et ardoise à la fois) et j'avais pensé banlieue ville moyenne d'un coin de Bourgogne ou marge du Massif Central
J'aime votre "musique"
Le résultat des élections est à pleurer ... mais vos premiers regards sont un régal :-)
Maria, c'est l'envers de PACA sous la bonhommie apparente... mais ça aurait pu être pire
merci Chri
le gentil commentaire de Godart que j'au supprimé par maladresse ce matin (trace dans boite mail recopiée)
"J'ai bien aimé le voyage et les perceptions visuelles fragmentées des alentours de cette petite ville. On s'imagine et on compatit pour les habitants de ces lieux, tout en devinant qu'on ne leur a pas trop donné le choix de vivre ailleurs. L'état d'esprit de la femme semble raccord avec cet environnement."
et la réponse que h'y avais faite, que he supprime pour la recopier ici ; "Godart, elle est dans notre monde qui est en bonne partie cela..."
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