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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 13, 2021

Festival 8 – fatigue grande, un deuil, Penthésilé.e.s à Villeneuve


Tour en ville sous un ciel qui doute tant qu'il s'absente,...  pour légume frais, cabillaud sous vide pour demain, café, et médicaments commandés et pas tous arrivés.


Une affiche joyeuse ce qui ne dit rien de la qualité du spectacle, et dans la vitrine de la librairie/galerie de la rue du Prévôt, en vacances actuellement, une installation de Sophie Mangin

En rentrant petit choc en voyant sur la page Facebook de Rosmerta, pour illustrer le premier dimanche/buvette où il n'y avait guère de monde, une photo de la cour, avec dans un coin à l'entrée, une petite vieille bossue, de dos, dans une robe qui fait d'elle une pauvre petite boule égarée... sourire ... mais ensuite choc d'autre nature et terriblement triste en apprenant la mort en montagne d'un homme au sourire discret, un homme solide et attentif, que ne connaissais que pour le suivre à distance, aimant son action, ses poèmes, sa courtoisie et sa fermeté, qui crée un grand vide et laisse outre sa famille beaucoup de désolés plus légitimes que moi, Philippe Aigrain.  Pour ne pas citer ses amis, ceux avec qui il a travaillé, j'en reste au lien sur France Culture https://www.franceculture.fr/personne-philippe-aigrain.html


Et puis en petite forme mais en grand désir m'en suis allée prendre le bus



flâner un peu dans Villeneuve


flâner un peu davantage dans le cloître Saint-Jean pour tenter d'entrer dans les dernières minutes, quand on resserre les rangs, et d"avoir au lieu de mon milieu de rang une place en bout... mais c'était sans compter sur la courtoisie dont la Chartreuse finira par rester le dernier bastion, et me voyant la placeuse en chef ou quelque chose d'approchant m'a attribué d'office une des places pour petits vieux et handicapés au premier rang. Tinel plein qui, pourtant contenait plus de spectateurs que d'ordinaire grâce à l'installation de gradins, le bouche à oreille semblant avoir marché pour ceux qui n'avaient pas été tentés par l'annonce sur le programme de Penthésilé.e.s de Maria Dilasser, mise en scène par Laëtitia Guédon https://lesplateauxsauvages.fr/laetitia-guedon-bio/

« Penthésilée, reine des Amazones, rencontre Achille sur le champ de bataille. Il est aussi bien l'ennemi absolu de sa tribu qu'un possible alter ego. Il est celui auquel elle doit se confronter par jeu, par rage, par amour. Il est sa rédemption et son émancipation. Pour une fois, cette guerre de Troie et cet homme lui donneront la possibilité de se défaire et de se démettre des histoires déjà écrites et des présupposés qui lui sont attribués. Penthésilée est une femme puissante, aucun cadre ne peut la contenir. En se dégageant de la pièce de Heinrich von Kleist, la metteuse en scène Laëtitia Guédon et l'auteure Marie Dilasser réinventent une figure féminine pour notre temps, un caractère diffracté et incarné tour à tour par une comédienne, une artiste vocale et un danseur. Pièce manifeste qui cherche une langue cisgenre pour bousculer les codes romantiques surannés et les structures qui nous contraignent, Penthésilé·e·s raconte en creux la séparation et la mort, l'être ou l'avoir.. »

Pour Laetitia Guédon et Marie Dilasser, au début du travail, les points de départ, selon l'entretien donné par la première, était la recherche d'une écriture &à la fois poétique et dégenrée », une des inspirations était l'écriture de Monique Wittig. « L’important également était de me détacher de l’argument du Penthésilée de Heinrich von Kleist: l’effondrement du féminin face à l’amour. Le dilemme de son héroïne m’apparaissait comme une pensée datée qui diminue sa puissance féminine et sa capacité à se positionner. Or ce qui m’intéresse dans cette figure combattante est qu’elle est l’un des rares personnages féminins mis à l’honneur pendant la guerre de Troie, même si historiquement, il n’en reste que des vestiges pouvant mettre en doute jusqu’à son existence »

un plateau nu dans une semi-obscurité, un monument de bougies sur la droite, quelques fumigènes (étaient pour moi mais assez discrets), la présence formidable, massive, en large vêtement noir, la voix savoureuse de Lorry Hardel qui incarne une puissante, à la fois mythique et très humaine reine des Amazones,; la silhouette claire, fragile, petite, de Marie-Pascale Dubé qui représente Penthésilé.e.s, dans le débat avec Achil.le.s, pend en charge l'affrontement initial, lançant des sons à la limite de l'animalité (ai découvert que cela venait de sa maîtrise du chant inuit) auquel répondent les grognements, venus de la salle de Sydou Boro qui incarne Achil.le.s avec peu de texte mais surtout sa danse

et se met en place le dialogue, la mise « face à face deux figures dissidentes de la guerre de Troie. C’est la rencontre de deux électrons libres et en même temps de deux âmes sœurs qui se battront seulement avec la voix » (appuyée par la danse pour ce qui est de lui)

A vrai dire si le spectacle est prenant c'est surtout pour moi, avant que je lise le texte (que j'ai acheté en pensant à une mie, mis que vais lire auparavant, je m'en excuse), c'est le son, la musique de Jérôme Castel, Grégoire Letouvet, Nikola Takov et le superbe choeur, dans la dernière partie interprété par Sonia Bonny, Juliette Boudet, Mathilde de Carné et Lucile Pouthier.

Pour vous donner une approche du spectacle une vidéo tournée au cours de la préparation du spectacle :




et la vidéo d'extraits sur le site du festival https://festival-avignon.com/fr/audiovisuel/penthesile%C2%B7e%C2%B7s-amazonomachie-de-laetitia-guedon-extraits-77013



curieusement retapée, et savourant le plaisir d'être à la Chartreuse, sortir lentement, et regagner antre et doigts et esprits indociles pour écrire ces petites notes.


J'espère seulement, qu'à défaut de beauté aussi forte, le temps sera plus lumineux demain (serai en principe dans un jardin le matin et, surement, sauf pluie, dans le Cloître Benoit XII du palais en début de soirée)

5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Vous m'apprenez la mort de Philippe Aigrain, côtoyé à plusieurs réunions de remue.net et dont je parcourais le blog...

Tristesse.

Et maintenant, le 21 juillet, le "pass sanitaire" pour les spectacles "de plus de cinquante personnes" (salut les salles de théâtre, de concert, de cinéma...) : le petit Chef a fait son office avec, en plus, le maintien de ses réformes de l'Assurance-chômage et des retraites (on espère que la situation sanitaire va durer !!!).

Il faudrait monter d'urgence une tragi-comédie sur cet histrion (avec la mise en scène grotesque de son intervention, hier soir, en veste bleu pétrolante, sur fond de tour Eiffel plombée comme sa politique)... ;-)

Brigetoun a dit…

son sourire (Philippe Aigrain) s'affichait partout

quant au pass sanitaire les lieux de spectacle sont ici les seuls endroit où on soit à peu près en sécurité grâce aux masques 'même dans la grande pharmacie hier deux quinquas visages nus malgré les vigiles à l'entrée collés à moi.. et les rues de l'après-midi et surtout du soir sont totalement à quelques exceptions près à visage nus (y compris serveurs de restaurants) pour moi pas grave sauf l'énervement de voir combien la veulerie est majoritaire, pour eux et l'hiver qu'ils nous promettent ça pourrait l'être
et ce n'est pas parce que le Macron le demande que c'est idiot

mémoire du silence a dit…

Tristesse oui, une lumière s'est éteinte.

- merci beaucoup pour Penthésilée - comme j'aurais aimé être là -

Claudine a dit…

billet engageant pour ce spectacle

Brigetoun a dit…

le titres (même si c'était comme dans mon cas au départ au risque de la confusion avec Kleist) et le lieu suffisaient à éveiller l'envie