commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, septembre 27, 2021

Orage, paresse, voix


Recroquevillée

petit animal craintif

devant l'orage

et pensant qu'il était destiné à durer une bonne partie de la journée, je me suis lavé les cheveux et ainsi renoncé au programme que j'avais prévu et qui me faisait partir de l'antre à dix heures et demi.... En fait à cette heure là la pluie avait cessé, les éclairs et fracas du ciel n'était plus que souvenirs, mais j'avais embrayé moral piteux et sensation de fatigue annihilante... Alors ce fut, entrecoupée par une lourde sieste, promenade au hasard dans une ville inconnue en écoutant , non sans distractions,un débat à l'assemblée sur la « responsabilité pénale et la sécurité intérieure », quelques renseignements imprécis sur la dite ville, choix d'une vingtaine de cadres pour des mini-histoires potentielles... et enregistrement comme pouvais d'un petit texte sur les voix écrit en environ vingt minutes l'autre jour pour répondre à une proposition d'exercice... texte que je reprends ici (l'enregistrement est destiné s'il en est digne à un montage d'un collectif) – le ciel lui est redevenu parfaitement bleu dans l'après-midi.



Trois voix

Arrêtée à côté de la porte du salon que j'allais ouvrir, j'écoute un bruit de porte, une voix qui entre dans la pièce et je cherche à déterminer à laquelle de nous quatre, de notre équipe mère et filles que l'on confond souvent, elle appartient... une voix claire qui pourrait être de mezzo, une voix qui chante un peu, du moins en parlant – je ne comprends pas le sens des mots, je ne prête attention qu'à la souplesse de l'intonation, une phrase banale sans doute, un programme, une proposition dont des notes plus claires, douces mettent en valeur les avantages avec discrétion, sans accentuations trop évidentes, et je l'attribue mais sans certitude à notre mère, croyant y deviner son autorité tranquille. Sur la note finale, se précipite, rebondit, pressée, une seconde voix, attaquant sur une note haute, ajoutant au timbre maternel, si c'est bien celui de la première voix, une chaleur, une urgence, presque une stridence, mais pas tout à fait, et redescendant ensuite, revenant au mezzo, ajoutant du velours, une lenteur qui s'installe peu à peu pour faire ondoyer le plaidoyer, les arguments, installe des silences comme des sourires, et je sais que les yeux verts de ma cadette se font si lumineux que transparents, s'assortissent au petit chant charmeur qui va se dénaturer en roucoulement indigne d'elle quand la voix maternelle tranche, plus ferme que tout à l'heure, avec une infime note métallique, un phrasé uni, une trace, juste une trace, comme un rappel, de l'autorité. Intervient une troisième voix, celle de la plus jeune, la saveuse comme nous disons, la sage, version volontairement neutralisée de ce timbre que nous avons presque en commun, un médium neutre dont elle efface toute musique, un ton en dessous, pour marquer la réflexion, et lentement, en articulant, elle expose je ne sais quoi, ajoutant sur la fin quelques aigus qui affirment... La première voix, la maternelle, reprend, enroulée en sourire, calme et lumineuse, s'éloigne peu à peu, s'efface dans le bruit de la porte qui se referme. Je rentre, je demande ce qui se passe.

10 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Orage, ô désespoir...

Il vous manquait une voix. :-)

Anthony Pecqueux a dit…

Très joli exercice acousmatique - se rendre étrangères des voix familières!

Brigetoun a dit…

Dominique il me manquait surtout du courage ou de la vitalité plus simplement

Brigetoun a dit…

Anthony, de nos voix d'avant... la vie est passée par dessus et nous sommes plus faciles à reconnaître

arlette a dit…

Petite musique des voix.. les intonations et les visages apparaissent ...

Aunrys a dit…

Garder le chant et n'y saisir rien de plus que la musique comme lorsqu'on écoute des oiseaux
...
Les paroles s'envolent
Leurs musique reste.

(Beau texte)

Godart a dit…

Trois voix qui ouvrent la voie à toutes les imaginations.

Brigetoun a dit…

Arlette Aunryz, Godart, merci amis

mémoire du silence a dit…

Oh ! Comme ce texte m'en-chante :-))
merci

r.t a dit…

joli trio, appassionata ma non troppo