Le 11 novembre 2021 m'en suis allée, sous un ciel qui avait adouci sa virulence bleue du matin, écouter lire, relire, décomposer, relire une histoire de loup qui finit brulé par un petit dragon, parler de chose et d'autres, rencontrer le gamin rétif, prendre rendez-vous lundi avec deux après la fête de dimanche (si quelqu'un a un pouvoir sur le ciel qu'il intervienne pour éviter la pluie dont on nous menace) et blaguer brièvement avec mon premier petit-fils qui devient un homme chaleureux.
me restait ceci du matin
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
les rues jubilaient,
dans la liesse se glissaient
souriantes les douleurs.
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
les retrouvailles
le bruit, les joies discrètes,
le monde à refaire.
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
les corps renouées
fougue et pudeur timide,
la place à refaire.
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
faces détruites
tendresses désorientées ;
s'y résoudre pour la vie ?
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
fortunes faites
s'appliquent à la discrétion
mais juste le temps qu'il faut.
Onze novembre
d'il y a cent trois années :
enfants sans père,
femmes vouées à leur deuil
et le désir de vivre.
Quand on disait, quand on pensait de toute la force qui revenait : plus jamais ça, comme beaucoup s'y forçaient, ne voulant penser.
Photo agence Meurisse Source Gallica.bnf.fr / BnF de l série publiée sur http://www.loeilsensible.com/armistice-1918/
10 commentaires:
Merci pour ce très beau poème 🙏
merci à vous Marie-Chistine
Belle évocation d'une fête que l'on n'a pas connue... mais que l'on imagine sur l'air du "Plus jamais ça !"... ;-)
Dominique ils étaient si nombreux dans le ou à côté de cette fête qu'en imaginant on doit bien tomber à peu près sur un
Éternels mots.. éternels recommencements
oui Arlette !
Très beau poème émouvant. Je me souviens des gueules cassées croisées à Paris dans la rue.
Godart qu'il ne faut pas éviter de regarder de façon trop visible et qu'il ne faut pas regarder avec un effroi visible (souvenir d'ado)
Beau poème
Pareil que pour Arlette
merci Claudine, oui toujours (mais celle là fut spécialement terrible, et un suicide pour un continent)
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