Ciel indécis le matin, lumineux un peu avant midi quand je suis allée aux remparts... pluie pendant un quart d'heure je crois après mon retour...
quelques belles masses blanches navigant dans un bleu franc l'après-midi au dessus de mon chemin vers la poste, et pluie une demi-heure après mon retour suivie d'une éclaircie... ensuite je l'ai snobé, mas je n'aurais pas dû sortir.
J'avais, le matin, pour meubler l'attente de mon exemplaire du dernier livre né de l'atelier d'écriture de François Bon (jusqu'à ce que j'ai l'idée de consulter l'ancien courrier d'Amazon où ils m'annonçait une livraison lundi dans l'après-midi, livraison que j'avais demandé de reporter parce que cela me dérangeait, et que je découvre que c'était programmé aux alentours de vingt heures) ressorti un texte abandonné pour l'avant-dernière proposition (pas certaine de continuer), l'ai terminé comme pouvais, avec toutes les approximations dont suis capable, mis en ligne et je le reprends ici pour peupler un peu l'avant-dernier jour de Paumée.
À un que je n'ai pas connu
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, vous serez là invisible et que pourtant je serai intimidée en la regardant retourner les toiles auxquelles elle tient et toutes les autres que la famille a gardées, davantage peut-être que si je vous avais rencontré plus tôt, comme je l'aurais fait si n'avais pas été un peu trop indépendante de ceux que j'aime et que vous avez connus, davantage que si, plutôt que de risquer une réflexion, une phrase dont je crains la maladresse et l'insuffisance, je n'aurais eu qu'à être là, à regarder votre sourire émerger de la barbe blanche, à me pénétrer peu à eu de votre monde, de vos couleurs franches, de ces assemblages, collages, ces images construites à partir des éléments qui reviennent d'une toile à une autre, et de cette ironie coléreuse, ou cette tendresse pour la dignité simple de ceux qu'on dit humbles.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, vous êtes là, le grand père attentif, et l'enfant de la campagne autour du Revest, du moins je le croirais en laissant mes doigts s'amuser des jouets anciens sur une étagère.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, il y aura ces enfants vêtus de bleus et de gris, vêtus de travail, leurs casquettes, leurs mains et ces bouches fermées, leur petite taille et leur volonté, devant une proue de navire, et qu'il y aura peut-être le souvenir de ce temps où vous fûtes, même brièvement, docker à l'arsenal, et le souvenir aussi, plus tard, de l'ami des anciens chaudronniers-tuyauteurs des Chantiers navals de La Seyne ; je voudrais croire que vous avez aimé l'hommage au peintre et surtout à l'homme engagé avec eux qu'il vous ont rendu il y a deux ou trois ans par cette exposition à la Maison du patrimoine de La Seyne.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, il y aura ces grands panneaux tels des collages et ces compositions qui rappellent le jeune dessinateur d'un cabinet d'architecte, je sais qu'il y aura le bébé Cadum, Ya bon Banania, Marilyn, le Che, Geronimo à côté de la statue de la Liberté enlisée dans du sable, une jeune femme noire et un homme en complet blanc avec deux chiens danois, les putti avec leurs brassées de roses, votre jeu avec les publicités, la propagande, les médias, le jazz, les pin-up sur la plage, les traces de ce qui nous entoure, de ce qui vous entourait, des rapprochements heurtés qui éveillent, votre militance et votre humour.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, il y aura le fils de l'immigration italienne, il y aura ces humbles et dignes, des valises posées à terre, des jeunes femmes à la coquetterie sage, ces hommes simplement debout, souples et graves, il y aura aussi les guinguettes et puis Fred Astaire sautant, grand, au dessus de deux danseurs en uniforme de l'Opéra de Pékin, petits parce qu'éloignés sur le fond rouge, il y aura les plaisirs simples et ces enfants en bleus de travail aux grandes mains.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, il y aura dans un coin, dans un tiroir, des chemises ou un album, peut-être tenu par elle, des photos de vernissages où vous serez avec vos amis ou compagnons passagers Rancillac, Fromanger, Molinéris, Chaland, des vénitiens ou des marocains, d'autres.. et des jazzmen.
Je sais que derrière la porte que votre fille ouvre pour nous, il y aura ces toiles qu'elle retourne, sa mère souriant à l'arrière plan, pour nous les montrer avec l'amour de l'héritière dont les tableaux portent, outre l'élan du départ, un peu de votre influence, et puis sur une table, parmi des brochures, catalogues, quelques bandes dessinées pour les enfants, il y aura quelques portraits des vôtres.
10 commentaires:
La clé des songes, derrière la porte ? :-)
un peintre dans mes âges, en allé avant que connaisse les siens
Et...si paumée est lasse ..il a peut-être une fille ou un fils qui prendra la relève
Paumée est seule (enfin sans descendance)
Derrière cette porte tout un monde qui touche le coeur, et ou chacun peut saisir un petit bout de son histoire.
Merci Brigitte pour tous ces partages
Paumée n'est pas seule, je fais partie de la cohorte des fidèles.
merci Godart j'aurais dû dire Brigitte
merci Maria
De l'autre côté de la porte il y a la communion des belles âmes et un escalier sacrément vertigineux
Claudine, la porte du texte donne sur un. rez-de-chaussée
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