Mais la musique

un ciel oublié

la ville en déshabillé

un matin serein

le bleu est revenu, avec belle chaleur (mais pas plus de 32° comme hier... ça devrait monter) une Brigitte en activité trop modérée – quelques lectures sérieuses.

et le soir monter, attente au cœur, vers l'opéra pour un programme qui, malgré son nom d''héroïque » –  me tentait : ouverture de la Clémence de Titus ou Mozart en version solennelle, avec destin rodant (mais Mozart ne peut être parfaitement pompeux), la création d'un concerto pour violoncelle (Henri Demarquette) et orchestre commandé à Michaël Levinas (une curiosité joyeuse s'éveille... et adoucit mon manque de contemporain) par les opéras de Cannes, de Bretagne et d'Avignon, et oui Beethoven héroïque avec la 3ème symphonie (le petit sourire supplémentaire en pensant que Bonaparte, celui qui avait écrit, à côté de chez moi, calade – aujourd'hui rue – Joseph Vernet, le pamphlet pro-révolution que n'ai jamais lu « le souper de Beaucaire » avant d'aller semer la pagaille en Europe, avait perdu la dédicace qui lui en était faite en devenant empereur).

Après Mozart, Levinas est venu (pas franchement de sa volonté me semble-t-il) évoquer le petit défi bienvenu de la composition d'un concerto contemporain pour un orchestre hérité du début du 18 ème siècle, avec quelques modifications pour aboutir à l'orchestre symphonique, et à la musique tonale... et je reprends, avec de grosses coupes, paresse des doigts oblige, la fin du petit texte qu'il avait donné au programme.

« … Ecrire aujourd'hui une œuvre pour une formation strictement revenue à la structure et aux proportions des groupes instrumentaux ramenés à la formation type de l'orchestre beethovenien, dans une disposition spatiale strictement frontale, pourrait sembler « à contre-courant » si on croit de façon trop dogmatique que ma modernité obéit à un sens de l'histoire... En réalité, un tel projet... offre une possibilité au compositeur de créer une forme et un monde sonore qui échapperait à ce qui est peut-être devenu strictement réducteur : l'emprise de la recherche acoustique sur les invariants et la force abstraite de l'écriture ainsi que la forme musicale.

La relation polyphonie/harmonie qui traverse l'ensemble du Concerto est basée sur des canons entre les instruments procédant par évolutions faisant évoluer polyphoniquement et alternativement les intervalles des accords et des harmonies en doubles-cordes de la mélodie du soliste (plaisir pour moi de retrouver cet univers qui me manque un peu ici)... j'ai imaginé un langage mélodique et expressif de l'instrument soliste issu d'une écriture polyphonique et harmonique de l'orchestre, basé sur le déploiement d'échelles modales évolutives et de grilles d'accords harmoniques qui se construisent et se déconstruisent polyphoniquement et constituées d'hauteurs instables que l'appelle « le pleur du son ».

… Il s'agissait pour moi de trouver pour le violoncelle solo ce qui constitue son langage et son répertoire : une vocalité et des affects qui sculptent la mélodie et ses ponctuations... »

Et ce fut une attention silencieuse de la salle et pour moi un sourire mêlant concentration et bien-être...

Un entracte où me suis retenue d'aller fumer même si, étant très en avance, j'étais passée à la Civette... et puis la virulence des deux accords d'ouverture, la flamboyance du premier mouvement de la 3ème, la marche funèbre du second, avec la plainte du hautbois sur le tapis sombre des cordes, le trio qui vient ensuite avec son côté populaire etc...

et le retour vers l'antre.