et pour nourrir Paumée reprendre trois des paragraphes de ma contribution au #6 « la photo en chien des villes » à partir d'images prises à la volée (très en gros.. le point de départ était les images de Daido Moriyama).. comme n'ai ni le talent ni l'appareil permettant d'approcher cela, ce qui ne poserait pas de problème en principe puisque le texte ne devait pas être accompagné de photo mais se borner si l'on peut dire au récit de la prise de vue et à la description du résultat (toujours très en gros) mais comme je me méfie de mon imagination, de ses blocages ou débordements, me suis basée sur des photos, toutes plus ou moins en rapport avec des « manifs » bien trop floues et loupées pour être montrées mais que, ne sais pourquoi, n'avais pu jeter, que m'étais bornée à virer au noir et blanc ce qui améliorait certaines mais pas toutes et les garder, en ai repris six comme bases pour les fragments de mon petit texte, en commençant par la pire, avec laquelle en outre ai joué, et que j'ose poser ici
manifestations
Un groupe si serré qu'au premier abord il semble n'être qu'une masse de corps noirs rongé de blanc et mangé par un flou qui résulte de l'éclat d'un flash mal réglé et de l'avancée cahoteuse sur les trous de terre de l'espace herbu plongé dans la nuit du ou de la photographe ou peut-être aussi provoqué en partie par le frissonnement des silhouettes regroupées dans le froid en un conciliabule où chacun s'appuie sur les autres un amas de corps d'où sur la gauche après une chevelure féminine retroussée sur une écharpe claire un visage masculin noyé dans la lumière artificielle mais dont la fente à peine dessinée des paupières et la légère ouverture du bout de lèvre que l'on devine au dessus des renflements que sont les épaules des personnages au premier plan indique que c'est lui qui parle ou peut-être qui lit une proclamation préparée et qu'écoutent figés par le froid et l'attention les grandes robes sombres qui l'entourent sur lesquelles pendent souplement les écharpes lestées par les grandes taches blanches que viennent d'enfiler par dessus leurs jeans ou pantalons et chandails confortables les jeunes avocats réunis pour manifester malgré l'indifférence et que l'appareil a cadré de très près coupant les crânes des plus proches et les jambes.
Image nocturne emportée dans le flou où la silhouette à peine devinée d'arbres domine l'ordre anarchique d'une longue file de corps vêtus de chaud aux visages noyés dans la nuit ou en sortant violemment sombres ou clairs mais uniformément fantomatiques éclairés par des petites barres blanches tenues en main qui s'achèvent en taches lumineuses circulaires ou déformées par le vent ou par l'avancée rapide dans le froid de cette marche aux flambeaux dominant en frise le parement sculpté d'un mur de soutènement.
Une photo nette mais qui ne devait pas être une photo de groupe avant que le groupe soit ou soit tel qu'il était désiré groupe d'adolescents ou de très jeunes hommes assis devant une grille sur les marches d'un bâtiment public grands adolescents aux noirs visages masqués de blanc ou de madras coloré sur la bouche de celui installé au centre de la marche du bas le seul à le porter sous le nez l'un des deux dont le visage est encadré par les fils des écouteurs de son téléphone que d'ailleurs il ne regarde pas ses yeux comme ceux de ses voisins étant fixés vers la droite sur celui ou celle qui a décidé de cette photo de groupe alors que les deux qui ferment les rangées à gauche viennent de se tourner pour guetter d'éventuels arrivants hors cadre jeunes visages sous cheveux coupés très court au dessus des tempes soigneusement rasées à l'exception des petites tresses dressées sur la tête de celui qui tout en haut vers la droite est plié en avant dans l'équilibre instable du corps qui se lève pour aider la jeune femme en jean et chandail noir descendant chargée de pancartes menton propulsé en avant pour jeter un attend au photographe posté en attente sur la droite son mouvement étant assez mesuré pour ne pas troubler cette image prise à la sauvette tout comme celui de la forte femme qui en bas des marches est en train de se soulever en tournant le dos pour changer de place montrant au dessus de la courte tunique portée sur un collant noir la boule enveloppée dans un tissu à carreaux clairs où se niche un bébé dont la joue plongée dans un sommeil imperturbable se blottit contre le dos de sa mère vu en perspective fuyante.
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