Ciel gris et air frais
matinée-formalités
banque et pharmacie
printemps qui s'en vient, courbes,
ruelles, câbles, reflets
L'atelier « voyages » de François Bon a eu pour moi, entre autres « bienfaits » celui de me révéler un livre d'Henri Michaux dont je n'avais jamais entendu parler (pas mal d'autres livres bien entendu mais sans que cela me semble aussi nécessaire) et de me pousser à me le procurer en édition de poche (d'autant qu'il n'a pas été réédité) « Face aux verrous » second recueil, publié en 1954, après « la vie dans les plis » en 1949 composé de dessins et fragments écrits après la mort (atroce) de sa femme en 1948 (la vidéo de François Bon https://youtu.be/1uxdceBZ-i8)
Suis bien entendu incapable d'en parler... Sur la première partie « mouvements » j'en reste, outre ce que dit François Bon, à un billet de Carole Mesrobia https://www.recoursaupoeme.fr/mouvements-pour-un-decollage-dans-les-etincelles/ à deux photos de chacune des séries de dessins, à ces deux fragments
«Taches
taches pour obnubiler
pour rejeter
pour désabriter
pour instabiliser
pour renaître
pour raturer
pour clouer le bec à la mémoire
pour repartir»
et
« Signes de la débandade, de la poursuite et de l'emportement
des poussées antagonistes, aberrantes, dissymétriques
signes non critiques, mais déviation avec la déviation et course avec la course
signes non pour une zoologie
mais pour la figure des démons effrénés
accompagnateurs de nos actes et contradicteurs de notre retenue ».
et dans le second ensemble « poésie pour pouvoir » qui prend place après la seconde série de dessins qui s'achève sur la surprise de ces silhouettes filiformes
« Je rame
Je rame
Je rame contre ta vie
Je rame
Je me multiplie en rameurs innombrables
Pour ramer plus fortement contre toi »
et puis, dans la suite de textes très divers qui renouent avec l'écriture de tout et rien, en rupture, le sourire de travers, sans rapport avec ce qui précède, prenant suite des voyages d' « Ailleurs », du « secret de la situation politique »
qui commence par la virtuosité de « Les Ouménés de Bennada ont pour désagréables voisins les Nippos de Pommédé. Les Nibbonis de Bonnaris s'entendent soit avec les Nippos de Pommédé, soit... » se termine après les avis divergents des Dovoboddémonédés de Bonnada et autres courants par « Il y a aussi des opinions franchement d'opposition, en dehors des Odobommédés. Ce sont celles des Rodobodébommédés, avec lesquels aucun accord n'a pu jamais se faire, sauf naturellement sur le droit à la discussion, dont ils usent plus abondamment que n'importe quelle autre fraction des Ouménés de Bonnada, dont ils usent intarissablement. »
Pour cet après-midi, entre autres, écouté "Henri Michaux - une vie une oeuvre" sur YouTube et sur France Culture un peu plus de la moitié d'une vieille émission sur Michel Leiris https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/michel-leiris-signes-de-vie-1ere-diffusion-10-08-1991-7667788
6 commentaires:
Quelques fleurs pour colorer le gris pour adoucir les révoltes des petits signes de Michaux belle journée studieuse
oh tout sauf studieuse Arlette (si un peu mais en fait ne le suis que quand plaisir le veut)
Les dessins de Michaux sont comme le miroir de son écriture... :-)
Dans la postface à Face aux verrous il dit que le dessin a été délivrance de l'écriture (à ce moment là du moins)
oh ! les ideogrammes de Michaux que l'on reconnait au premier coup d'oeil... j'aime, j'aime... "Tout art a sa tentation propre et ses cadeaux. Il n'y a qu'à laisser venir, laisser faire. Pour le moment je peins sur des fonds noirs, hermétiquement noirs. le noir est ma boule de cristal. du noir eul, je vois de la vie sortir." (Passages. p.85)
Connaissez-vous son magnifique "Emergences-résurgences" où il écrit : "Né, élevé, instruit dans un milieu et une culture uniquement du "verbal" je peins pour me décondiditionner." et où il dit magnifiquement bien la tâche et la ligne...
A une époque Michaux et ses formes de racines furent pour moi une révélation de ce que je suis... merci pour cette belle note
merci Maria, moi il m'est sujet d'admiration, éveil ou objet de contestation muette, toujours accompagnant
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