en lumière bleue
en un printemps aigrelet
marche d'une heure
mais Brûlé vif me boude
et n'arrive toujours pas
un peu vexant : sommes deux à l'avoir commandé le 25 janvier, l'autre est arrivé lundi... Ceci dit, comme je recommence à me déplacer quasi normalement, comme l'humeur est moins sombre je retrouve Paumée.
Et j'assortis ce retour au #4 (l'impossible retour) de l'atelier de François Bon ou du moins à la première moitié, au voyage dont ne dirai s'il est reconstitution de lointains souvenirs ou invention.
Samedi après-midi, en attendant le concert du soir, ai traversé la rivière et, sans me risquer dans les petites rues, ai suivi la berge les yeux sur l'arc de triomphe devant lequel venais de passer et le jardin public, allongeant le trajet le plus court dans le plaisir de l'eau et suis montée doucement jusqu'à Saint-Eutrope. Tête levé vers la saveur des chapiteaux, les entrelacs végétaux enserrant des masques ou des lions hauts sur pattes, les monstrueuses bêtes que je baptise tatous campées sur les dos de chevaux ou ne sais quels animaux dont ils mordent le cou renversé pour mordre leurs pattes arrières, les... une présence derrière mon épaule, une voix qui malmène les sons pour m'expliquer ce que je me crois capable de voir, une voix qui quand je me retourne dit : « tu... vous n'avez pas le feuillet, voulez que je vous explique ? » avec un sourire qui hésite à s'effacer quand je répond que merci mais que... qui revient quand je propose que nous regardions et imaginions ensemble ; nous tournons en silence autour de la pile, nous regardons la pesée des âmes, sa voix dit « c'est ce que les gens viennent voir » et je réponds que moi j'aime le masque humain dans les feuilles qui ressemble aux peut-être lions | il dit « chez moi aussi sont... » et puis s'arrête | et surtout les successions de monstres superposés, que cela me fait penser à des vagues, il dit « la mer », je dis « la mer », il dit « elle est belle chez moi », je dis « c'est où chez vous ? » il dit « au fond de la mer, non pas au fond au bout à l'est », il dit « elle est belle de sa côte », je dis « vous l'aimez. » Il dit « beaucoup, on aime tous sa mer et sa côte », je dis « c'est une chance d'en avoir une », il dit « oui même de loin mais c'est un appel » et puis, « vous voulez descendre ? » « Pour voir l'église basse ? Oui bien sûr c'est surtout elle que venais voir ». Nous descendons, restons muets un moment, regardant le jeu des voutes, il dit « c'est beau », je dis « il doit y avoir des voutes en berceau chez vous » en levant la voix sur chez vous pour en faire une question. Il répond « oui, il y en avait une dans une ruine à côté de la maison de mon père ». Nous regardons. Il dit « je ne la verrai plus alors j'aime celle-là... non.. plus », et puis : « je ne peux pas rentrer, je n'étais pas venu pour rester, d'ailleurs je n'ai plus de papiers, enfin pas encore, mais je ne peux plus rentrer ». Je m'assied sur le seul banc adossé à un mur, lui s'assied par terre. Il me parle et répond aux questions que je n'ose poser, ou il se parle. Il dit « le curé ici est gentil, il me prête une chambre et il s'occupe de ma demande d'asile, c'est pour cela que je veux aider en montrant » il dit « je ne veux pas de l'asile, je veux rentrer, je ne veux pas fermer la porte » il dit « mon père a porté la honte de mon exil, il est mort et je ne l'ai pas vu » il dit « mon frère a les oliviers, il a racheté la part de ma femme puisque suis parti » il dit « ma femme veut divorcer » il dit « elle m'a fait dire que c'était pas vraiment son désir » il dit « je veux rentrer mais je ne peux pas » il dit « il faut que j'aime ce pays ci, il est beau » il dit « il faut que vous alliez voir les thermes » je dis « oui, demain matin, vous m'accompagnez » il dit « oui » nous faisons le tour des chapiteaux, nous remontons, nous nous disons « à demain ».
9 commentaires:
Paumée ne saurait être loin. Elle est revenue, qu'on se le dise et lise.
bon retour !
Les chapiteaux, c'est parfois capital...
Belles photos et bon retour ! :-)
Beau retour en bleu.
merci
Pierre
anonyme
Dominique
Maria
sourire
Coeur serré pour le guide improvisé, lui ou tous les autres exilés
merci au nom de tous les autres Claudine (parce que lui, chut !,il est imaginaire dans un voyage imaginaire)
Un peu de chacun dans les mots sous le bleu soleil des oubliés de la terre
Beau retour de lecture
merci Arlette pour le commentaire et merci pour lui avoir donné incarnation sur Facebook
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