Réveil tardif comme au fond d'un puits d'où émerger secouée par toux éruptive, reprendre pied lentement, dans la chaleur de l'amitié et dans les calculs de fonds de budget pour envisager d'être participante à une éventuelle SCI faute de pouvoir être utile autrement (commencer par se limiter aux dépenses nécessaires, ressortir anciennes frusques, passer du cabillaud au lieu, en rester cet été à vivre l'ambiance festival relire, en rester aux expositions gratuites et aux spectacles itou, en ai largement profité depuis des années....) et, sourire : à ce moment trouver un mail annonçant l'annulation du concert de l'après-midi...
laisser la lumière dehors, se laver les cheveux, manger toujours un peu trop, un poquito ménage, une heure de repassage, vouloir s'attaquer enfin au 8 de l'atelier et pour cela se plonger dans de petites recherches/lectures avec intérêt mais constater à la fin que ne sais qu'en faire...
hausser ses épaules intérieures, se résigner trop facilement, et comme j'au relu hier sur le blog de Marlen Sauvage son « heure attendu », recopier pour faire vivre un peu Paumée, celle que Dominique Autrou avait gentiment abritée chez lui lors du premier « va et vient » (il est probable que ne participerai pas au second, ne le ferais que si je suis incapable d'accompagner ma sœur en Lozère ce que ne saurais désirer ni pour elle ni plus encore pour moi)
Je me suis réveillée en catastrophe, certaine qu'il était tard. Me suis levée dans un noir surprenant, suis tombée dans un inconnu | ai cherché le mur, l'ai suivi, ma main le caressant en quête d'un bouton, de la lumière | elle n'a rien trouvé | ai abandonné le mur, ai coupé dans la direction de la façade, de la lucarne qui ne laissait passer aucune lueur, ai tiré le rideau sur une nuit qui s'étendait comme un étang emplissant le jardin... ai récupéré ce qui me manquait de conscience, suis retournée, bras en avant pour me prévenir de possibles obstacles jusqu'au lit, ai tâtonné, trouvé ma montre et la souris de la lampe de chevet | il était trois heures | ai pensé que c'était l'heure charnière où la fatigue me terrassait autrefois quand devais veiller sur un projet | ai pensé maintenant il s'agirait de céder au sommeil si seulement il voulait bien m'assaillir, ai fermé mes paupières à m'en faire mal, ai ri intérieurement de cette sottise, les ai entrouvertes et puis refermées avec précaution en priant le sommeil de venir | ai retenu ma respiration en cherchant à saisir le souffle de la nuit pour m'y couler en quiétude, n'y avait que l'absence, ai tenté de m'y engloutir et lentement tout mon corps s'est relâché pendant que mon esprit vivait par avance, malgré mon effort pour l'en détourner, l'arrivée du couple qui manquait à nos retrouvailles, la journée, ce qui serait joie et les écueils à éviter | pour m'en détacher, me suis concentrée dans un orteil qui avait vague douleur, ai souri, du moins ai senti que le faisais, ai ramené mes jambes, ai attendu le sommeil | je crois qu'il est venu, bref, ou ce fut une lente plongée en somnolence profonde d'où suis sortie doucement, n'ayant juste conscience que d'une absence dans le temps | la lucarne s'ouvrait toujours sur le noir, un noir un peu moins profond peut-être | l'ai cru | me suis redressée, ai posé mes pieds sur les tomettes froides, les yeux sur ce carré presque indistinct suis allée vers lui, cru voir un affaiblissement du noir, un début de contamination pale | ai levé le battant, retrouvé le noir intact, ou l'ai cru en sentant l'air froid sur ma peau, suis revenue vers le lit, ai allumé la petite lampe, attrapé mon sac, l'ai fouillé, assise sur le lit, ai caressé boite de cigarillos, ai hésité, en ai sorti un, suis revenue vers la nuit, ai attrapé le briquet posé sur la petite tablette, ai allumé, envoyé une bouffée dans le noir, éteint le minuscule point rouge avec mon doigt, posé le cigarillo sur la tablette, suis revenue en surjouant les frissons me blottir sous la couette remontée jusqu'aux cheveux | je crois que j'ai dormi à nouveau ou que j'ai recommencé à vivre par avance la journée à venir | en sortant la tête de la douceur des tissus où s'était enfouie je vois une lumière blanchâtre, douce, inachevée pénétrer par la lucarne | debout devant elle, je regarde les arbres, les petites terrasses, la fontaine et les graviers des allées serpentantes émerger du néant | je tends la main vers ce qui reste du cigarillo en me penchant, mais le repose en voyant les volets ouverts de la grande chambre, sous moi, un peu à gauche, parce que fumer dans cette maison est tacitement prohibé | je m'accorde un sourire de travers pour marquer ma culpabilité, j'attrape mon châle, enfile une paire de chaussettes, ouvre ma porte, me penche sur l'escalier | une tache de lumière chaude sur les dalles de la galerie, au fond, devant la cuisine et une musique en sourdine | l'heure approche | je descends doucement, j'entre avec précaution dans la cuisine, B déteste être dérangée avant d'avoir fini de boire son café | elle lève la tête de ses mots croisés et murmure « bonjour, le café est prêt » puis un peu plus fort « ils arrivent dans trois quart d'heure en principe » et avec une ébauche de sourire « tu as bien dormi ? » et elle sort | je m'assieds et pose mon bol devant un verre garni de fleurettes, dans le plaisir de la retrouver toute en comprenant qu'il est attention discrète à moi dédiée | je choisis ma confiture | l'heure est là, qui demande que nous accueillons le jour.
12 commentaires:
Tout est une question d'heure (jusqu'à la dernière, la plus lointaine possible)... ;-)
il suffit d"attendre - bonjour er merci Dominique
Ce haussement d'épaules intérieur... et la suite d'une juste traduction de situation vécue
Attendre la fin du mois pour changer d'heure, est-ce suffisant pour retrouver la forme ?
Arlette sourire et merci
Pierre je n'ai pas la solutoon
« Carpe Diem » Brigitte « Carpe Diem »
oui Maria !
Enfin là j'aimerais que le diem me carpe avec plus de tendressse (sorire)
c'est ça soudain aujourd'hui qui m'envoie rêver - "la lumière blanchâtre, douce, inachevée ... par la lucarne" - et je découvre avec vos mots ici cette secrète force d'inachèvement dont se nourrissent vos textes... Toujours ils nous font la vie à la fois plus attentive plus minutieuse et plus grande. Toujours. Force obstinée et débordante. Essentielle. En vous. Irréductible.
grand merci à vous (et à vos illusions)
si seulement ça ppurvait êtr vrai : depuis deux heures suis devant un fichier et incapable de m'y mettre (sourire un rien de travers)
Cette lumière sur la pierre sur la plante, quelle beauté cette photographie.
mrci Ana
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