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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, mars 19, 2023

Voir, écouter


Parce que m'étais assise sur ce qui me sert de lunettes, ce qu'elles n'avaient guère apprécié, m'en suis allée en début d'après-midi, vieille chouette prenant garde à ne pas être heurtée par les beaux acheteurs, résolue à ne pas être tentée de les imiter, jusqu'à la rue de la République, une pharmacie, la seule paire de loupes adaptées à ma vieille vue et m'en suis revenue vertueusement.


Ai presque fini, quand mon cerveau fonctionnait entre coups de marteau (on change une baignoire au dessus de moi), un texte pour l'atelier qui s'obstine à se refuser



et puis en fin de journée m'en suis allée jusqu'au Chêne noir, me suis installée confortablement sur le côté au deuxième rang, ai ramassé deux fois ma canne, trois fois mon manteau et, le silence s'étant répandu doucement sur la salle, me suis préparée à entendre, après un court texte introductif de Nicolas Kerszenbaum (qui collabore à la scénographie du spectacle) donnant en alexandrins le contexte et présentant personnages (dont la nécessité ne m'est pas apparue évidente) « Bérénice » dans la mise en scène de Romain Renucci pour les Tréteaux de France (ci-dessous la photo figurant sur le site du théâtre et le teaser que j'ai trouvé sur YouTube)




« faire quelque chose de rien » comme le disait Jean Racine dans sa préface, et mettre de la poésie dans la langue théâtrale, se débarrasser de tout ce qui es secondaire au drame des sentiments des personnages... même si adolescente je trouvais plus de sel à Corneille (j'avoue d'ailleurs que j'ai tout oublié de Tite et Bérénice et ne suis même pas certaine de l'avoir lu, il est vrai que pour trancher confortablement ce n'est pas indispensable) c'est en fait aller au plus aigu.

« Sans décor, les spectateurs font face aux comédiens pour entrer au plus près du désespoir de Bérénice, de ses illusions perdues, de Titus qui devra abandonner son amour d’enfance pour accomplir son devoir, d’Antiochus chevalier éconduit et confident impuissant. La maîtrise de l’alexandrin de Robin Renucci permet aux comédiens toute l’incandescence de la tragédie des sentiments qui se joue devant nous. Nous sommes face à trois jeunes gens qui vont grandir à travers leur amour de jeunesse, passer de l’enfance au monde adulte, du sentiment à la parole, des paroles à l’action)

avec Avec Tariq Bettahar (Arsace), Thomas Fitterer (Paulin), Solenn Goix (Bérénice), Julien Léonelli (Antiochus), Sylvain Méallet (Titus), Amélie Oranger (Phénice), Henri Payet (Rutile)

et comme suis paresseuse et parce que c'est en mieux fouillé et dit que ne saurais le faire https://toutelaculture.com/spectacles/theatre/robin-renucci-met-en-scene-berenice-de-jean-racine-a-la-villette/ en insistant sur Arsace (Tariq Bettahar) vraiment remarquable (romain, méditerranéen, provençal, un peu Sancho sans les défauts, juste l'ancre humaine qui rend les autres justes) 

Les acteurs se sont presque excusés de jouer malgré notre rage à tous et ma marche était moins catastrophique au retour.


dire aussi que comme à 12 ou 13 ans j'ai longtemps trouvé Bérénice passablement égoïste (bon elle se rattrape)


8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Ce Robin Renucci est vraiment tenace et fort... ;-)

Brigetoun a dit…

et lui et ses acteurs donnaient du travail sans fioriture ; juste le nu du texte, comme on le devrait toujours

arlette a dit…

Oui j'aurais aimé ..vraiment
Belles images de ta marche en ombres portées

Brigetoun a dit…

seul point noir la femme qui sans masque a éructé pendant me spectacle contre ma nuque... (sourire, l'aurais bouffée)

Anonyme a dit…

non mais Bérénice, elle a quelque chose (quand même) (vraiment quelque chose) : elle tient (et on l'aime...)

Claudine Chapuis a dit…

"Malgré notre rage à tous", "ô rage"...Continuer puisqu'on ne peut plus faire sans elle. Y trouver des raisons d'espérer, c'est notre défi ces jours-ci... Bon dimanche!
Claudine C

Brigetoun a dit…

oui Christine et orientons notre rage vers ceux qui le méritent - bonne journée à vous

Brigetoun a dit…

oui au find c'est vrai elle a quelque chose (sourire) et elle y et de la passion (on est idéaliste à douze ans, mon idole était Thérèse d'Avila)