De ce jour jusqu'à seize heures trente dirai juste que comme chaque fois que je m'offre repos et idée de repassage/ménage/lecture dans l'antre, sans sortie dans la canicule, ce fut perceuses ou similaires de toutes tonalités et crise de nerfs, tension qui transforme mon crâne en chaudière au bord de l'explosion et fait battre mon cœur dans cette attente, marche au bord du déséquilibre et longues périodes allongée où me persuade que ni moi ni le bruit n'existons – suis tout de même arrivée à repasser, très mal, une robe et quatre tee-shirts avant d'exploser dans un cri dans ma cour, qui en est à sa sixième couche de plâtre depuis que j'ai renoncé, rejointe par ma voisine que je pensais absente... Alors nous avons entamé un petit thrène en l'honneur de notre raison souffrante, ce qui nous a un peu calmées (et curieusement a coïncidé avec l'arrêt du chantier)
Douche, me changer, tenter d'avoir air moins hagard, et rire en découvrant (l'avais oublié) le titre de la lecture programmée par le Théâtre des Carmes-André-Benedetto qui a invité dans le Cloître du Palais, la Compagnie Courir à la Catastrophe pour une reprise dirigée par Sacha Ribeiro d'« Oeuvrer son cri » qu'ils avaient donné en 2022 aux Théâtre des Célestins à Lyon en souvenir de leur occupation dudit théâtre en avril 2016 https://www.theatredescelestins.com/saison-2021-2022/spectacle/oeuvrer-son-cri/
sur le programme du « Souffle d'Avignon »
Quelques artistes occupent un théâtre, fermé depuis quelques mois, qui doit être détruit et pourrait être remplacé par un parking. Ils ont en tête quelques précédents fameux : l’Odéon en 1968, le Teatro Valle de Rome au milieu des années 2010, la Volksbühne de Berlin en 2017.
Mais il n’y a pas de modèle absolu, pas de recette ; il faut toujours réinventer la lutte, pour l’ajuster aux conditions du présent. Alors ils tâtonnent, s’interrogent. À quoi le théâtre, comme lieu et comme pratique, peut-il servir ? À quel titre s’engager ? Au nom de quoi, et avec qui, et comment ? Comment devenir une force, faire exister autre chose, tenir dans la durée ? Ils essaient, et se fourvoient parfois. Calent, puis redémarrent. Ils inventent, un peu. Ils apprennent, beaucoup.
Au fond, ils réinvestissent, avec nécessité et courage, la vieille question, qui rebondit d’âge en âge : Que faire ?
Comme ils font débuter leur spectacle et le finissent toujours par de petits films montrant l'investissement et le départ du théâtre dans lequel ils le donnent, ils nous ont demandé d'imaginer que le Théâtre des Carmes (puisque c'était grâce à lui qu'ils étaient là et que choisir le Palais comme lieu conquis, c'était trop) était désaffecté (ce qu'à Dieu ne plaise) et qu'une troupe de jeunes acteurs avaient décidé de l'occuper pour lui éviter de devenir un garage ou autre lieu, nous expliquant les premiers moments, les tentatives de régularisation (avec le doute sur la nécessité de la chose)... ce qui a eu tendance à me rappeler assez joyeusement un lieu très proche, de l'autre côté de la tour des Augustins, et me suis amusée, comme me suis amusée des « conventions citoyennes » et de la pauvreté des interventions (élargissant à d'autres tentatives que celle qui m'était venue à l'esprit), comme j'ai savouré aussi les scrupules, la distance ressentie entre les grands principes et le réel, les petits problèmes de la vie quotidienne etc... Un joli jeu sur les niveaux de langage. Viennent aussi des moments de poésie, des amorces de théâtre.
Applaudissements, et Brigitte la vieille idiote passant devant un grand, jeune et bel homme sympathique qui se tenait sur le chemin de la sortie, échangeant quelques mots avec lui, lui a demandé s'il était Avignonnais, avant de réaliser quelques pas plus tard qu'il s'agissait bien entendu de Sébastien Benedetto... toujours aussi sotte.
Et pas très courageuse parce que j'avais un billet pour aller à 22 heures 10 à l'Espace Saint Martial assister à « Moi, Antonin Artaud, j'ai donc à dire à la Société qu'elle est une pute, et une pute salement armée »... https://saint-martial.org/spectacles-festival-avignon/moi-antonin-artaud-jai-donc-a-dire-a-la-societe-quelle-est-une-pute-et-une-pute-salement-armee/ (sélection de textes d'Artaud) et que n'ai pas eu le courage de repartir... deviens très timorée.
2 commentaires:
Artaud ou tard, le théâtre serait alors vraiment son double... :-)
merci Dominique pour ce passage
et moi mon crâne et mon corps n'était pas aussi talentueux (ni aussi atteints) que ceux de Momo je tends vers un néant à petite peur... vais me faire rare ke pense
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