commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, novembre 24, 2023

Ma lâcheté devant l'hiver qui vient, et une maladie enfantine

 


Suis sortie avec crainte de ne pas être capable d'un aller et retour Rosmerta plus la tension nécessaire pour les exercices ou devoirs (à vrai dire ai annoncé mon renoncement mais sans conviction), ce qui était meilleur façon de ne pas y arriver. De fait sur le pas de la porte j'ai retrouvé le vent glacé, pas excessivement fort sans doute mais bien trop pour moi, et me suis contenté de trois quart d'heure d'errances tête baissée et en privilégiant les passages et rues choisies selon leur orientation, jusqu'à la rue Racine négociée pliée en deux avant de descendre vers le fleuve et le souffle.


Et puisque' il y a deux jours ai publié ma contribution au 15 de l'atelier enfances de François Bon, je recopie, l'introduisant par la photo d'un bol qui m'a souri, même si le personnage évoqué par l'infinitif du texte est certainement très nettement plus âgé, mon texte pour le #4 « un petit 38 »


l'oreille

Un bonjour tonitruant dans le couloir, les retours de classe, les pas dans le couloir vers les chambres d'enfants. Tourner avec précaution la tête, appuyer joue gauche sur le drap, faire face à la porte, le bec de cane remue. Entrouvrir paupières, juste une fente, regard filtré par les cils, bouche un peu ouverte comme quand on dort. Une tête, yeux verts attentifs, cheveux noirs bouclés au dessus d'un nez et d'une bouche pincés par l'hésitation, passe, puis le corps, elle entre, sur la pointe des pieds avec ostentation, pour marquer son doute devant ce sommeil affiché, d'ailleurs elle parle, dit que Maman va venir, qu'elle elle ne fait que passer, dépose cartable, sort un cahier, un livre, prend un bonbon dans la coupe sur notre bureau, sort. La tête oublie d'être lourde, se mobilise sur le refus de ce qui va venir. Attendre. Le soleil s'insinue par la fente des volets, vient frapper le mur près de la porte ; fermer complètement les paupières pour ne plus attraper par les yeux la tache de lumière qui fait battre la fièvre dans les tempes douloureuses. Attendre. L'air de la porte qui s'ouvre à nouveau, la voix qui ne tient pas compte de la fermeture des yeux, du refus, les mots qui se veulent souriants, qui exigent la coopération. Soupirer comme on acquiesce de mauvais gré, appuyer les mains sur le drap, pousser les fesses en arrière, s'asseoir. Elle pose sur le lit une cuvette, des compresses, un flacon et la barbare seringue accueillie par un regard qui se veut sombre et une crispation de l'épaule. Elle tire à elle le bras gauche, elle se penche, dit « hop » et l'aiguille s'enfonce suivie d'un liquide que refuse le muscle, elle chantonne, range flacon et seringue, susurre « brave fille » en réponse à la grimace. Un moment de pause, un échange de regards avant le moment détesté. Elle appuie sur l'épaule. Se laisser aller, s'allonger, tourner la tête vers la fenêtre pour en finir plus vite. Détester le visage amusé que le coin de l'oeil capte pendant qu'elle se penche, verse de l'eau tiède, regarde, se félicite d'avoir fait une aussi jolie oreille. S'absenter pendant qu'elle nettoie, se redresse, range son attirail, crie un « j'arrive » et sort. Par la porte qu'elle n'a pas fermée le regard intrigué et vaguement inquiet du petit frère. Regarder le mur face au lit, ne plus être là ni maintenant. Un moment, « La Petite Musique de Nuit » de Mozart vient du salon, et puis des voix. S'asseoir, se pencher pour attraper, posé au pied du lit, « Les Quatre Filles du Docteur March », remonter les genoux pour caler le livre, au moment où la sœur arrive avec, en équilibre sur un plateau, trois verres, une bouteille de sirop, une carafe, des morceaux de pain et les trois quart d'une tablette de chocolat, lui sourire, voir derrière elle la soi-disant meilleure amie, son sourire appliqué et son gazouillis. Se préparer à la supporter.

8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Plaisir de la fièvre passagère quand on est petit, au lit, au chaud, hors du monde... :-)

mémoire du silence a dit…

Oh ! Comme ce texte est beau
et plein de réminiscences

Brigetoun a dit…

oui Dominique ce qui ressort de la plupart des textes

Brigetoun a dit…

merci Maria

Anonyme a dit…

gaffe au vent tourbillonnant hein (il ne s'en prend, en général,qu'aux fâcheux mais enfin...) (il est bien, votre 5) P

Brigetoun a dit…

P le vent prend spin de moi en me dissuadant (mais si le renoncement Rosmerta n'a guère d'importance que our moi, je ne marche plus assez, tant pis) - merci pour le 5 !

arlette a dit…

Devant les renoncements et le vent follet.. trouver un échappatoire et le refuge d'une maladie enfantine Tout cela est presque lié..

Brigetoun a dit…

Aelette, sourire