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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juin 03, 2024

Dimanche - les cahiers de Marie 1/2 et un poème

 


Petit matin où le sort se faisait gloire de s’affirmer pendant la première heure au saut du lit, pot de confiture cassé et plein, ce qui a été la moindre des mini-catastrophes… en arriver à obtenir ayant nettoyé tous les dégâts causés un bon café et un toast de charbon, petit tour vers les amis virtuels, penser aussi aux non connectés.. corvées du dimanche sans trop d’enthousiasme, de rapidité ni de bêtises… 





Avant cinq heures

sur le fleuve et la ville

le fort jeu du vent





Et comme le matin j’avais découvert le thème de l’étape 2 de la troisième boucle de l’atelier de François Bon (laisse passe le temps pour me délivrer de cette idée décourageante qui me tarabuste de la masse d’objets, appareils, vêtements, plantes dont je ne sais comment me débarrasser et du prix de l’enlèvement par une entreprise, laquelle n’est pas sans rapport avec ledit thème), je finis par céder l’envie de recopier le #4 de la boucle 2, en spécifiant bien, si un ou une proche venait par hasard sur Paumée que, oui Marie et sa famille m’ont fourni, hormis les noms et quelques modifications autres, le squelette des personnages, mais que j’ai ensuite oublié totalement les originaux et que les liens entre eux et avec la lecture, les situations etc… n’ont et ne sauraient avoir le moindre rapport avec ce qu’ils furent… mais comme d’autre part le texte est très long (êtes prévenus ô gentils passants) je le scinde et ne prends aujourd’hui que trois des six blocs qu’il comporte


Ses carnets


Piètre photo d’un portrait d’Ibrahim Shahada au Musée Calvet


Dans le calme d’un après-midi où tous, époux, fils, bru et petits enfants sont sortis ou reclus dans leurs chambres aux volets mi-clos, elle est assise dans le coin d’ombre que dessine l’avancée du mur, tout au fond du long balcon suspendu au dessus du jardin botanique, devant les porte fenêtres de sa chambre, dans une large robe de coton fleuri, tendre, mou, juste un peu plus matière qu’une mousseline, son chignon qu’elle n’a pas refait croule du reste de sommeil de la sieste, elle tient à la main un verre de sirop qu’elle vient d’allonger avec l’eau de la gargoulette posée à terre dans la fragile ombre de son corps, elle y trempe par moments les lèvres pour de minuscules gorgées rêveuses, les yeux errant sur les allées, sa main libre retient dans son giron le livre emprunté à sa plus jeune soeur, un roman qui l’ennuie profondément. Ses yeux balaient le jardin, reviennent au balcon, rencontrent devant le salon la chaise longue préférée de sa bru, une veste de toile abandonnée qui laisse entrapercevoir le dos relié d’un livre, elle se dit que la curiosité n’est pas chose convenable, elle se contredit en pensant qu’elle a vu souvent sa belle-fille, avec l’aisance de celle qui a grandi au milieu de livres, se saisir des livres qui traînent, en consulter le titre, souvent commenter le choix fait par celui de ses enfants ou amis qui l’a délaissé là un moment. Elle se lève, repousse la manche de la veste, prend le livre, le trouve un peu défraîchi, pense qu’il provient sans doute des emprunts à la bibliothèque du père, ce professeur un peu bougon mais courtois, qui l’a tant impressionnée malgré son statut de cousin éloigné lors des fiançailles et du mariage, oui sans doute un de ces livres qui ont suivi Juliette depuis Paris. La couverture indique « lettres de Mistress Fanni Butlerd » sous l’indication « Madame Ricoboni » qui désigne sans doute l’auteur. Elle ouvre au hasard : « Savez-vous bien, mon cher Alfred, que vous m’avez ennuyée ce soir, tout comme un autre ? Que maudits soient les collèges, les universités, le grec, le latin, le français, et tous les impertinents livres, où l’on apprend à raisonner en dépit de l’expérience et de la vérité ; milord James en est un exemple admirable. Je ne saurais souffrir que l’on avilisse son être en adoptant ces paradoxes hardis, qui font briller l’esprit… » elle sourit à l’idée qu’un livre puisse être impertinent comme l‘ainée de ses petites filles… elle reste un moment entre agacement, émerveillement, avec l’impression d’être sur la porte d’un autre univers pas forcément admirable mais juste assez intrigant pour qu’elle ait envie de l’effleurer. Osera-t-elle demander à Juliette de le lui prêter ? Cela pourrait en outre solidifier le lien qui se tisse entre elles.


Sur une petite table, un haut piètrement de fer forgé portant quelques carreaux de céramique au décor de fleurs stylisés en jaune et bleu sur fond d’un pourpre fané, à côté de son fauteuil de paille, sont posés quelques livres, brochés blancs disant le sérieux, une reliure marine, deux jaquettes dessinées de livres pour adolescents ; lunette au bout du nez, sourcils un peu froncés par une volonté vaguement ennuyée elle déchiffre un texte en petits caractères dont le bloc ininterrompu déborde les deux pages sur lesquelles est ouvert le livre qu’elle a choisi de découvrir.



Sur le balcon elle est assise, son fauteuil tourné non plus vers le jardin mais vers la fuite des dalles du balcon jusqu’à l’extrémité de leur domaine, les chaises longues ou coussins installés devant le salon et la salle à manger et elle regarde maintenant son petit fils qui se lève, vient vers elle avec un sourire, s’accroupit à côté des fauteuil, tend le bras, lui prend le livre qu’elle tenait en main, ce livre qu’il lisait et lui a prêté il y a quelques jours en émettant le doute qu’il puisse l’intéresser mais avec dans la voix un appel à sa possible attention, lui demande ce qu’elle en pense, si elle trouve quelque intérêt que ce soit à ces mémoires d’un homme ordinaire du temps jadis et elle proteste que ce n’est pas un homme ordinaire, au contraire, que nul n’est mieux placé pour observer, rencontrer et juger en silence les importants qu’un marchand… bien entendu pas un petit épicier mais… « un bourgeois, un négociant » dit le petit-fils. « Oui, né-go-ciant c’est vrai, et par ce qu’il écrit pour lui  | je pense qu’il savait qu’il serait lu au moins par ceux de son choix | on voit mieux qu’on ne le trouve dans les livres habituels les seigneurs, les échevins — encore un mot que ne connaissais pas — et on entend ce qui se disait sur les évènements qu’on vous fait apprendre en cours d’histoire ». Toujours intéressant les mémoires conclut le petit-fils ravi par son intérêt.



Et pour clore ce jour je recours  un tout petit livret « Dans la bergerie de la clarté » de Marc Syren édité en 2007 par Les Solicentristes et à l’un des quatrains qu’il contient

Essor et souveraineté

inlassablement sur l’enclume

ni bréviaire ni sommité

seul à seul avec le dépouillement


10 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

"La gargoulette", il y avait des années que je n'avais pas rencontré ce mot… :-)

Arlette A a dit…

Dans tes écrits...et les détails très imagés ...la scène se lit comme un film J'adore Merci du matin

Pierre NESTOR a dit…

Je suis un passant……admiratif.

Brigetoun a dit…

Dominique, moi aussi il m'est remonté du passé instinctivement en pensant à une terrasse au dessus d'une plage prèss d'Alger

Brigetoun a dit…

grand merci Arlette... crains que ça ne vaille pas grand chose mais je e suis fait olaisir en écrivant par petits bouts l'ensemble de ce texte

Brigetoun a dit…

grand merci Pierre

jeandler a dit…

Ma mère usait de l'expression. "Se casser la gargoulette" quand ce n'était à propos de la toilette qu'il fallait parfaire en essuyant soigneusement le visage.

Brigetoun a dit…

n'aurais pas pensé à l'utiliser pour se laver ou à l'eau rare et très fraiche (connaissais pas l'expression, sourire) Pierre

jeandler a dit…

En fait, je me suis trompé. Trompé par une assonance du mot gargoulette et celui, utilisé par ma mère, de 'margoulette' ! désolé, ma mémoire ne m'est revenu que ce midi.

Brigetoun a dit…

et du coup j'apprends "margoulette"