Voyais au dessus de la cour même étendue bleue que samedi, n’étais pas sortie, me dépêchant parce que voulais repasser sweat et pantalon (le sweat parce que mon faux petit fils m’avait dit | dans la gloire de sa jeunesse à l’aise avec un tee-shirt | que ma veste de gros coton et mon fin chandail n’étaient pas assez chaud, pour renouer avec le festival « C’est pas du luxe » au lieu de me laver les cheveux, faire ménage etc.. son mon rite du dimanche pour suivre le conseil de Perle Vallens et aller voir une exposition au cloître des Carmes qui m’avait tentée, qui ne collait pas avec mes circuits… en allant voir avant cette visite un spectacle au Théâtre des Halles.
Au bout de cent mètres ai pensé que n’aurais pas dû suivre le conseil de faux petit-fils et que, le vent frais étant tombé, ma tenue automnale était nettement trop chaude.
Au bout de cinq cents mètres ai senti s’accentuer mon désir de suivre le conseil de Perle, et j’ai réfléchi que pour bien en profiter il me faudrait éviter d’être enserrée par le temps du spectacle et du trajet avant la fin du festival prévue à dix-sept heures et sans doute un peu anticipée, et j’ai infléchi mon trajet pour retrouver la tour des Augustins et la place des Carmes.
Photos inspirées de tableaux et difficiles à photographier (ai gardé les moins mauvaises… trop encore), photos qui abusent un peu de l’apparence de craquelures mais qui me plongeaient suffisamment dans le monde du Caravache pour qu’instinctivement je vienne mettre mon nez presque sur leur surface pour le plaisir (évidemment déçu) de voir les détails de touches sous les vernis de toiles souvent beaucoup plus grandes que ces créations, photos qui reproduisaient les lumières, les drapés, avec l’émergence de visages, de corps contemporains… Photos fascinantes par le modus-operandi.. ces photographies séparées de chacun des corps en position, fragment par fragment, avant le montage final comme le montre la vidéo projetée près de la sortie et que pour une fois j’ai regardée…
Je me permets de reprendre des passages (presque tout en fait) du texte de Christophe Loiseau sur son site.
« Lorsque je me suis lancé dans cette aventure, je n’avais qu’une idée assez lointaine du processus à adopter pour m’approcher de ce travail sur les lumières. Je n’avais qu’une intuition, il me faudrait photographier les personnages séparément pour éviter les ombres portées et pour me concentrer sur chacune des expressions sans savoir encore que Le Caravage procédait ainsi. … »
« Les individus qui sont photographiés ici ne sont pas des acteurs professionnels. Nous avons constitué un groupe d’une quarantaine de personnes sur une durée de 2 ans. Nous nous retrouvions dans un premier temps pour réaliser comme une esquisse du tableau. Il s’agissait alors de ressentir le tableau physiquement. Puis venait le temps des prises de vues sur le grand plateau du Théâtre de Nîmes. Nous étions entourés d’une équipe constituée d’une maquilleuse, d’une coiffeuse, parfois d’une assistante à la mise en scène. Il fallait parfois convoquer des émotions en puisant très profondément en chacun de nous. C’était une manière assez étonnante de comprendre un tableau en le rejouant, en obligeant les corps à des positions que même un « Yogi » n’aurait osé imaginer… »
« Lorsque vous vous trouverez face à ces images, essayez de ne pas penser aux tableaux qui les ont inspirés, mais prenez le temps de regarder ces visages d’aujourd’hui. Les participants et participantes ont conscience de l’œuvre qui les traverse. Et pourtant, il faut les voir comme des portraits d’individus du XXIe siècle, saisis au travers d’un dispositif inspiré par le peintre Michelangelo Merisi da Caravaggio. Leur regard n’est pas nostalgique d’une œuvre ancienne mais interroge le monde d’aujourd’hui… Chaque tableau fut comme une partition à jouer parfois très fidèlement et parfois plus librement. »
8 commentaires:
Oh !! Oui effectivement un beau travail intéressant et même sans vouloir y penser ..j'ai toujours été admirative des e xpressions réalistes que le peintre osait traduire à l'époque
AA c'est moi l'anonyme ..désolée
oui , et ce choix de modèes dans les tavernes et lieux un peu en dehors pour en faire des saints, dieux ou nobles divers
pas grave Arlette, c'était bien
Hors-champ, j'aime cette sculpture (avant-dernière photo) dans sa simplicité et son originalité… :-)
oui la sculpture du cloître des Carmes a une saveur un peu paysanne savoureuse
"ressentir le tableau physiquement" et cela semble réussi ...grande beauté...
une très binne vidéo qui montrait des étapes de leur travail (pas faciles les poses à prendre seule quand on veut être un des éléments des mêlées du Caravache)
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