Cinq heures ouvrir yeux
les refermer sagement
jusqu’à neuf heures
Ciel d’un bleu dur et gelé
Et mal-être dans le corps
Se gourmander, se moquer de soi, vaquer et malgré réveil tardif sieste une heure et puis sortir dans la gloire lumineuse à l’heure la plus clémente pour huile de Nyons, pharmacie, quelques courses nécessaires…
Mais malgré décision ne pouvoir s’abstraire bien longtemps de la conscience de ce qui monte..
et pour nourrir Paumée recours fait à l’avant-dernier des petits textes publiés sur le blog de l’atelier de François Bon
Les tiroir à dessins
Dans la grande pièce partiellement refaite du 2ème étage gauche, sur les derniers mètres du mur récemment repeint en blanc cassé face aux fenêtres, s’alignent trois meubles récupérés dans une ancienne étude, superpositions de longs tiroirs de petite hauteur qui servaient sans doute à classer les dossiers d’un notaire ou des échantillons de passementerie. La face de chacun des tiroirs de chêne décorée d’un liseré de cuivre peut, lorsqu’il est tiré, basculer pour faciliter l’extraction de ce qu’il contient, non peu des dossiers ou quels que soient les objets ou écrits auxquels ils étaient destinés mis, entre de fins papiers verts, des dessins à la plume au crayon ou au fusain et quelques aquarelles dont la tranquillité est très rarement violée. Valentin Seignolle y a rassemblé les « bouts de papier » laissés par son compagnon lors de leur rupture, sans tenter réellement une ébauche de classement et après les avoir un temps regardés pour que la peine le réveille et avec l’espoir que l’autre vienne le récupérer, puis d’un oeil morose pour vérifier qu’il y eut un temps une part faussement tue du moins au lycée dans sa vie de professeur à l’allure sévère et les garde maintenant par habitude, pour les meubles ou parce qu’il ne sait comment s’en débarrasser
un balcon au dessus d’une pente descendant vers un pin penché au dessus d’une étendue de sable, au fond la croupe boisée d’une colline sur un carton aquarellé sous une feuille blanche où sont dessinées à l’encre plusieurs études de main, et un contre-collé un détail de chapiteau lavis d’encre de chine sous des feuilles de journaux portant des silhouettes aux crayons de couleur
des fusains représentant une plante verte, une nuque sous une tête bouclée penchée sur une feuille, une automobile à moitié effacée etc… sur la dernière encadrée et sous verre un homme nu sur un drap raté jusqu’à mi jambes
sur une feuille de journal une photo d’actrice rehaussée dont les yeux et les bouche ont été peints en violet, dessous une feuille de papier à dessin avec le relevé d’une façade à l’encre, le détail d’une boucle au pinceau posé sur une série de croquis d’hommes au travail sur un chantier collés sur un rectangle de carton
une série d’enveloppes contenant chacune des regroupements de dessins, au crayon, à la plume, en technique mixte, sur chaque enveloppe est inscrite un thème, fleurs, maison des champs, portraits de Valentin, gens des rues, festival de Juan les Pins, plage, arbres
dans le tiroir du haut de la colonne suivante une autre série d’enveloppes réunissant des paysages de Tlemcem, des portraits ou fragments de portrait d’une Béatrice (jeune soeur de l’auteur des dessins Jean-David Dieudonné), des détails divers d’ameublements et deux enveloppes sans menton contenant de petites vignettes très travaillées à la plume)
les deux tiroirs du dessous sont vides
dans le dernier tiroir de cette colonne juste au dessus du socle, une grande photo de Jean-David, deux fleurs sèches, un carnet de croquis de costumes pour un spectacle féérique
les autres tiroirs recèlent des fouillis encore plus apparents où les papiers, cartons, dessins se détruisent peu à peu et les trois derniers contiennent en pagaille des photos intimes et sages comme le sont les photos de famille des deux hommes en vacance, lors de réception ou à des moments de loisir dans l’appartement ou près d’une maison dans un paysage que l’in retrouve dans certains dessins.
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