Premier février
hésitant entre la pluie
et son attente
Avec un retour du froid sans grand excès mais désagréable.. jour dans l’antre, de m étage un. Peu plus poussé, d’un peu de courrier, de lectures diverses et d’une courte sortie dans mon quartier, croisant les Avignonnais et Vauclusiens que ce temps n’avaient pas découragés de faire du lèche-vitrine dans mon bout de rue Joseph Vernet et les rues voisines…
Et recherche de quelques renseignements sur ces « Folies amoureuses » que j’ai été voir/écouter en début de nuit à l’opéra… pas trouvé grand chose en vérité et j’en reviens au site de l’opéra et à quelques articles : il s’agit de l’un des spectacles donnés à l’opéra pour son inauguration en 1825 (et donc repris ce 1er février pour célébrer le bi-centenaire de sa construction), un opéra bouffe de François-Henri-Joseph Blaze dit Castil-Blaze musicien défenseur de la langue d’oc (pour les chansons populaires) né à Cavaillon, qui, m’apprend l’annonce d’une conférence à laquelle n’ai pas assisté, s’était fait remarquer par ses adaptations d’œuvres majeures de Mozart ou Rossini, rendant ces chefs-d’œuvre accessibles à un large public. En ce qui concerne « les Folies amoureuses » je recopie simplement sur le site de l’opéra ; avec la verve typique du premier XIXe siècle, ce curieux opéra nous raconte dans la grande tradition des œuvres de Molière les aventures de la jeune Léonore, bien décidée à ne pas se laisser épouser par son incommodant tuteur Albert pour mieux convoler en justes noces avec le beau Valcour. Mais derrière ce qui s’apparente à une insouciante comédie des siècles passés, c’est tout un système qu’il convient de mettre au jour et de démasquer : ce à quoi s’attellent Chloé Lechat et son équipe, avec un regard résolument de notre temps, pour le public d’aujourd’hui. En s’amusant des Folies, il n’en s’agira pas moins de prendre conscience de leurs mises en garde : sur la liberté précaire des femmes, sur l’absolue nécessité du consentement et sur les violences qui règnent jusque dans l’intimité. Une œuvre à valeur de manifeste pour porter haut les couleurs d’une société où triomphe le respect de toutes. Et je corrige : 1) il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Régnard et non Molière — 2) je ne garantie pas que dans notre société actuelle triomphe le respect de toutes.
Ceci dit j’étais prête à m’amuser sans me poser de question et à écouter une musique à tout le moins agréable. Forte de quoi, m’en suis allée dans l’air humide et froid et sous une après pluie avec accrochés à un bras canne et parapluie finalement inutiles.
Ai eu le temps de lire le tout petit quatre pages de salle et de découvrir que le collage « décline le thème de la très jeune adolescente refusant de s’unir à un homme trois fois plus âgé qu’elle » et qu’un dénommé Valcour et son valet arrachent à son tuteur en la prétendant frappée d’un coup de folie, que « Les Folies amoureuses » traitent de front les questions de consentement, de pédocriminalité (la jeune Léonore étant sensée avoir 15 ans) de mariages forcés et de coercition. et que C’est pour nous l’occasion de rendre hommage à une création artistique capable de réinterroger son patrimoine… pour se projeter collectivement dans une société plus consciente des évolutions. Grâce à une mise en abîme, le spectacle représentant la répétition d’une l’œuvre … avec une femme et son mari dans les rôles de Léonore l’ingénue et de Valcour l’amant et sauveur et puis trois collègues pour chanter Albert le Géronte Crispin le valet comme son nom l’indique et Lisette. Un pianiste/chef de chant et des artistes de choeur… Et si au fond la situation des Folies amoureuses était aussi la notre ? » Chloé Lechat (mise en scène et dramaturge).
Le noir se fait et ce fut peut-être le meilleur moment avec l’arrivée, devant le rideau, des membre du Choeur de l’opéra en tenue « civile », une jeune femme se détachant à peine du groupe pour prendre la parole et indiquer (très bon texte) que l’Opéra de Toulon après avoir à grands frais restauré le bâtiment licenciait brutalement (à la fin de la saison) le Choeur de cet opéra après l’avoir fait pour le Ballet il y a quelques temps, qu’Avignon avait la chance de se vouloir « ville de culture » mais que cette réduction de ce qui fait vivre les théâtres, les opéras et autres lieux (entre autres choses pensait Brigetoun) se répétait un peu partout et qu’un superbe lieu privé d’une troupe, d’un coeur, d’un ballet n’est qu’une coquille vide, qu’un hangar. En hommage aux Toulonnais et pour nous emporter dans leur émotion nous ont donné une très belle interprétation du choeur de Nabuco…
Pour le spectacle, avec ajout de deux chants révolutionnaires aux paroles changées pour les centrer sur les luttes de femmes, il était, avec parfois des baisses de rythme, mais aussi une belle liberté dans le mélange répétition (avec des vidéos montrant des scènes dans les loges et les couloirs comme la querelle entre les époux et le gnon au visage de la chanteuse incarnant Léonore) et la trame de la pièce, doublement voué aux violences (le barbon voulant épouser une presque enfant et la violence conjugale)… et je pensais que c’était peut-être un peu trop appuyé, plombant trop nettement le pauvre « opéra bouffe »
mais un dialogue entre deux hommes à côté de moi pendant que me battais avec canne, parapluie et manteau, exprimant avec mépris leur lassitude de l’omniprésence du féminisme et concluant à la culpabilité de ce pauvre Mélenchon (même si ne l'aime gère) m'a fait lever le menton et penser « bien fait ».
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