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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juin 30, 2025

30ème de juin - lavage de cheveux et poètes d’un très petit fragment de la Méditerranée


De ce jour dirais juste qu’outre le lavage de cheveux il fut de carcasse très douloureuse jusqu’à l’hébétude avec des remissions rares et délicieuses et d’une étourderie (clés) qui s’est bien finie.



Dirais aussi que j’ai entrepris de faire un tour des poètes de la Méditerranée en commençant par les italiens mais que, bien entendu c’était immensément trop pour moi et que je n’ai fait qu’effleurer un petit coin de notre mer pas si petite et très riche de civilisations (en gardant dans un coin du cerveau le lamento impuissant pour le tombeau qu’elle est devenue infiniment plus qu’elle ne le fut)


ITALIE


Andrea Zanzotto


Xenoglossies

III

« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites

finalement et celles d'azur

rentassées à la pelle en brèves notions

d'or, oh fines, mythiques,

--- notions autonomes splendides en leur mitose

avec leurs envies de parturition... »


Edouardo Sanguinetti


Ballade de la Guerre 

« où sont passés les vikings et les aztèques,

les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?

où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,

la Grande Porte et l'Armée Invincible,

la Loi Salique et les Livres Sibylins,

Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?

Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,

des les molles mâchoires du temps :

ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,

il est une autre guerre qui tient prêt le remède...


Giuseppe Conte


Bien peu savent encore

« Bien peu savent encore ce qu'est un

arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,

delta profond au centre de la terre, le

tronc, les branches et le feuillage, et

les innombrabmes espèces des fleurs,

éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient

nourriture, l'écorce

tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.

Bien peu ont mémoire des cerisiers

blancs d'avant avril, et des cerises

écarlate, leur confirmation

intense et ronde sous le fin

pédoncule.

Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques

kakis pareils à des soleils couchants,

immobiles tout au long de novembre sur le canevas

des branches

desséchées ? »


Milo de Angelis


Avec les rames brisées ils s'embarquèrent

« Statues, sérénité du traineau

vers les montagnes, ô c'est être la proie

de l'amour le plus sûr que de rester

perdus sur la plate-forme sans garde-fou !

Jardin du gouffre et de l'éclair

où le plongeur suspendu dans les airs

est pris de fièvre...

et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver

qui descend dans sa voix : il est vivant

comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.

Ciel et terre

sont paisibles, sont agenouillés. »


Patrizia Valduga


« De vacation de soi, de vacuités

en absence... et le futur à deux pas

qui n'est jamais présent... faut-il en soi

le prévenir, faut-il le réfuter...


Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...

quand le blanc invite ou insique... Pourtant

un jour, certes, pourra faillir le temps,

alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,


et le temps de donner du sel, d'assaillir

l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...

tout au moins le pourquoi d'autres jours


d'autres, semblables à dormir... de retours

du pas-encore, de qui serait en train de mourir...

de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »


Robero Veracini


Maintenant que le temps est brume

« Maintenant que le temp est brume

et incessant l'assaut

d'ombres et d'humeurs, j'écoute

dans tes pas les hurlements du vent

et la saison heureuse

qui nous a perdu. »


Valerio Magrelli


Didascalies pour la lecture d'un journal

Titres

« Ce sont des épines

pour arracher la laine,

des échardes où tout se démaille,

des prétextes pour attirer

l'attention textile

du lecteur des pièges,

des traquenards, mais déjà

l'oeil est pris

à la glu du papier. »


Antonella Annedda


Anabase

1. Arbres

« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »


Isabella Leardini


La colocataire aux pieds nus

« Le chien qui à mes pieds regarde l'aube

se repaît de ma chaleur et ferme les yeux

me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.

Comme les nids cachés dans le feuillage

les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été

sont restés près des cimes sans connapitre d'envol

Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,

le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes

qui filent au bord du rivage..

Mais nous restons ici comme les radios

que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,

comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes

mais qui s'efforcet encore de briller. »



MALTE


Oliver Friggeri


Pelerin distrait

« Obscur au cœur des vallées

bercé par la haute mer

pendant longtemps, pendant longstemps

tu attendis que vienne l'heure.é


Immanuel Mifsud


Poème de la vieille tsigane

« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux

Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré

Je verrai la terre où tu cherches en solitaire

La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi

et les flots jetés à ta poursuite. »



CROATIE


Vesna Parun


Un jeune-homme endormi

« Etendu sur la plage d'une baie de rochers

Il est couché comme une vigne endormie

seul et le regard vers les vagues tourné.

Son visage est grave et charmant

sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.

Je ne sais si la branche du grenadier

pépiante d'oiseaux est plus que sa taille

belle, plus souple que lézard. »


Damir Sodan


Tolstoï

« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit

un jour à la fin du peintemps

il a prêté l'oreille à des bruits singuliers

puis s'est rappelé que depuis longtemps

il ne pensait plus à Dieu

et à ses joyeuses offrandes

voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir

pendant qu'elle se déshabillait

prudente comme une chatte

(tout en haïssant ton Martini)

croyant que les mensurations de ses seins

représentent cette Fin du monde

d'où tu t'élances sans rémission

rien que pour être

en mesure au bout du compte

d'y retourner plein de fougue

mais Tosltoï avait adopté

la vie humble des paysans

tandis que toi, ses huileuses apatrides

jambes à la peau tannée

comme s'il s'agissait

des piédestaux de la guérison ;

ces deux colonnes de sel

d'où en prédicateur inlassable

tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue

théologie de l a libération. »



SLOVENIE


Tomaz Salamun


La frontière

« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que

la poussière.

La frontière est mon corps vivant.

Quand le paysan met le feu à ses perdrix.

Il ratisse. Il rame.

Quz la terre se purifie.

Il incendie l'herbe sèche.

Il coupe le bois et le vend.

Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin

Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.

Il est libre. »


Erika Vouk


« Le long du lit tari

je cours et je t'appelle

toi qui es autre ;

qui ne sais rien des vagues

ruées sur les mots et la peau

rien des marées

cruauté tendre,

rien de l'eau qui se perd en soi,

rien des charmes du sud,

rien de ce temps

qui fait de moi une autre. »


Meta Kusar


« Le vent mauvais gâche mes mots

Dois-je le combattre à l'épée ?

Une vie fracturée va circastrisant

du dedabs vers le dehors.

Au milieu des marguerites, il pousse une parole

qui déferle son drapeau

La joie lui souffle en pleine figure. »



BOSNIE-HERZEGOVINE


Dara Sekulie


Mer accueillante


« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée

cachée dans mon sac, dans mes poches,

aux aguets entre mes doigts.


J'ai dû te trouver partout,

au moment de traverser la frontière.

Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime

en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »


Abdulah Sidran


Je serais prêt à changer bien des choses

« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre

des causes du fascisme serbe

et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,

qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet

j'ai confié à un journaliste de Milan

dans sa langue, en italien,

que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,

lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur

un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »


SERBIE


Miodrag Pavlovic


Migration

« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »


Tanja Kragujevic


Deux minutes de la rose

« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu

plus rien ne restait

Tentes repliées.

Consummées en occident.

Décorations distribuées.

Droits usurpés.

Bien peu restait encore.


Peut-être juste

deux glaciers sous une cloche.


Ils me firent un effet

pareil aux seins de glace

que l'on frôle en passant

près d'une femme en poème.


A cet instant ce fut la fin du monde.

Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.


Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.


Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »


Ana Ristovic


Neige dans les chaussures

« Ce n'est pas sur des ciuverts de table

que l'on construit une maison

bien qu'une cuillère de rechange soit utile.


Ce n'est pas sur des rideaux neufs

que l'on construit une maison

bien qu'il faille parfois mettre à l'abri

nos visions changeantes derrière une toile neuve.


Pour qu'une maison devienne la maison

il faut entre autres choses,

tout ce à quoi par avance

tu renoncerais avec grand plaisir.


Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :

pour construire un bon igloo

il faut porter pendant des années

de la neige dans les chaussures.


Et une épingle, oubliée,

dans le col de ton manteau

tout près de la veine sortant du cœur. »



MONTENEGRO



Slobodan Jovalekic


Les affaires du singe

« Soyez patients


Je descendrai de l'arbre

pour vous faire un monde.


(Adam,

ne mange pas mes pommes)


Je vous ferai la terre

et l'océan

pour vos voyages.


Je vous ferai le ciel

et les étoiles

pour vos cogitations.


Je vous ferai les femmes

et les hommes

pour votre délire.


(Adam,

ne mange pas mes pommes,

ne te mêle pas des affaires du singe)


Je descendrai de l'arbre

pour vus faire un mone.


Soyez raisonnables. »



ALBANIE



Dritërio Agolli


Les fondations

« Voici les fondations de ma maison d'hier.

Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?

Plus qu'un seuil – une pierre.

De la maison que j'ai jadis quittée

L'herbe tendre a recouvert le seuil

Et inconnus dans mon enfance

Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,

Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés

Dorment sous l'herbe avec la dalle.

Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé

Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,

Quand la route me ramène dans ce coin

Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent

Papillonnent au-dessus des foins

Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...

Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds

Un brin d'herbe à la bouche :

Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers

Mais je me demeure un paysan farouche...

A cette source je ne rougis pas de me nourrir

Source de mes bons rêves,

Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,

De si beaux rêves... »


Ismail Kadaré


Au bord de la mer

« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson

Dont les vers

Seraient comme les dunes en bordure de mer

Edifiés sans rime ni raison

Par l'eau et par le vent

Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement

Et qui mourraut aussi de sa belle mort

(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)

Comme les dunes au bord de la mer. »



MACEDOINE



Vlada Urosevic


Planète inhospitalière

« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.

Lacs velus. Vents qui mollissent.

Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.

Arbres sans feuillage. Fruits rongés.

Ciel cendreux. Mers de boue.

Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »


Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là

ITALIE


Andrea Zanzotto


Xenoglossies

III

« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites

finalement et celles d'azur

rentassées à la pelle en brèves notions

d'or, oh fines, mythiques,

--- notions autonomes splendides en leur mitose

avec leurs envies de parturition... »


Edouardo Sanguinetti


Ballade de la Guerre 

« où sont passés les vikings et les aztèques,

les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?

où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,

la Grande Porte et l'Armée Invincible,

la Loi Salique et les Livres Sibylins,

Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?

Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,

des les molles mâchoires du temps :

ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,

il est une autre guerre qui tient prêt le remède...


Giuseppe Conte


Bien peu savent encore

« Bien peu savent encore ce qu'est un

arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,

delta profond au centre de la terre, le

tronc, les branches et le feuillage, et

les innombrabmes espèces des fleurs,

éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient

nourriture, l'écorce

tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.

Bien peu ont mémoire des cerisiers

blancs d'avant avril, et des cerises

écarlate, leur confirmation

intense et ronde sous le fin

pédoncule.

Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques

kakis pareils à des soleils couchants,

immobiles tout au long de novembre sur le canevas

des branches

desséchées ? »


Milo de Angelis


Avec les rames brisées ils s'embarquèrent

« Statues, sérénité du traineau

vers les montagnes, ô c'est être la proie

de l'amour le plus sûr que de rester

perdus sur la plate-forme sans garde-fou !

Jardin du gouffre et de l'éclair

où le plongeur suspendu dans les airs

est pris de fièvre...

et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver

qui descend dans sa voix : il est vivant

comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.

Ciel et terre

sont paisibles, sont agenouillés. »


Patrizia Valduga


« De vacation de soi, de vacuités

en absence... et le futur à deux pas

qui n'est jamais présent... faut-il en soi

le prévenir, faut-il le réfuter...


Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...

quand le blanc invite ou insique... Pourtant

un jour, certes, pourra faillir le temps,

alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,


et le temps de donner du sel, d'assaillir

l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...

tout au moins le pourquoi d'autres jours


d'autres, semblables à dormir... de retours

du pas-encore, de qui serait en train de mourir...

de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »


Robero Veracini


Maintenant que le temps est brume

« Maintenant que le temp est brume

et incessant l'assaut

d'ombres et d'humeurs, j'écoute

dans tes pas les hurlements du vent

et la saison heureuse

qui nous a perdu. »


Valerio Magrelli


Didascalies pour la lecture d'un journal

Titres

« Ce sont des épines

pour arracher la laine,

des échardes où tout se démaille,

des prétextes pour attirer

l'attention textile

du lecteur des pièges,

des traquenards, mais déjà

l'oeil est pris

à la glu du papier. »


Antonella Annedda


Anabase

1. Arbres

« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »


Isabella Leardini


La colocataire aux pieds nus

« Le chien qui à mes pieds regarde l'aube

se repaît de ma chaleur et ferme les yeux

me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.

Comme les nids cachés dans le feuillage

les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été

sont restés près des cimes sans connapitre d'envol

Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,

le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes

qui filent au bord du rivage..

Mais nous restons ici comme les radios

que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,

comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes

mais qui s'efforcet encore de briller. »



MALTE


Oliver Friggeri


Pelerin distrait

« Obscur au cœur des vallées

bercé par la haute mer

pendant longtemps, pendant longstemps

tu attendis que vienne l'heure.é


Immanuel Mifsud


Poème de la vieille tsigane

« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux

Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré

Je verrai la terre où tu cherches en solitaire

La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi

et les flots jetés à ta poursuite. »



CROATIE


Vesna Parun


Un jeune-homme endormi

« Etendu sur la plage d'une baie de rochers

Il est couché comme une vigne endormie

seul et le regard vers les vagues tourné.

Son visage est grave et charmant

sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.

Je ne sais si la branche du grenadier

pépiante d'oiseaux est plus que sa taille

belle, plus souple que lézard. »


Damir Sodan


Tolstoï

« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit

un jour à la fin du peintemps

il a prêté l'oreille à des bruits singuliers

puis s'est rappelé que depuis longtemps

il ne pensait plus à Dieu

et à ses joyeuses offrandes

voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir

pendant qu'elle se déshabillait

prudente comme une chatte

(tout en haïssant ton Martini)

croyant que les mensurations de ses seins

représentent cette Fin du monde

d'où tu t'élances sans rémission

rien que pour être

en mesure au bout du compte

d'y retourner plein de fougue

mais Tosltoï avait adopté

la vie humble des paysans

tandis que toi, ses huileuses apatrides

jambes à la peau tannée

comme s'il s'agissait

des piédestaux de la guérison ;

ces deux colonnes de sel

d'où en prédicateur inlassable

tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue

théologie de l a libération. »



SLOVENIE


Tomaz Salamun


La frontière

« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que

la poussière.

La frontière est mon corps vivant.

Quand le paysan met le feu à ses perdrix.

Il ratisse. Il rame.

Quz la terre se purifie.

Il incendie l'herbe sèche.

Il coupe le bois et le vend.

Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin

Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.

Il est libre. »


Erika Vouk


« Le long du lit tari

je cours et je t'appelle

toi qui es autre ;

qui ne sais rien des vagues

ruées sur les mots et la peau

rien des marées

cruauté tendre,

rien de l'eau qui se perd en soi,

rien des charmes du sud,

rien de ce temps

qui fait de moi une autre. »


Meta Kusar


« Le vent mauvais gâche mes mots

Dois-je le combattre à l'épée ?

Une vie fracturée va circastrisant

du dedabs vers le dehors.

Au milieu des marguerites, il pousse une parole

qui déferle son drapeau

La joie lui souffle en pleine figure. »



BOSNIE-HERZEGOVINE


Dara Sekulie


Mer accueillante


« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée

cachée dans mon sac, dans mes poches,

aux aguets entre mes doigts.


J'ai dû te trouver partout,

au moment de traverser la frontière.

Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime

en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »


Abdulah Sidran


Je serais prêt à changer bien des choses

« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre

des causes du fascisme serbe

et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,

qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet

j'ai confié à un journaliste de Milan

dans sa langue, en italien,

que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,

lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur

un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »


SERBIE


Miodrag Pavlovic


Migration

« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »


Tanja Kragujevic


Deux minutes de la rose

« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu

plus rien ne restait

Tentes repliées.

Consummées en occident.

Décorations distribuées.

Droits usurpés.

Bien peu restait encore.


Peut-être juste

deux glaciers sous une cloche.


Ils me firent un effet

pareil aux seins de glace

que l'on frôle en passant

près d'une femme en poème.


A cet instant ce fut la fin du monde.

Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.


Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.


Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »


Ana Ristovic


Neige dans les chaussures

« Ce n'est pas sur des ciuverts de table

que l'on construit une maison

bien qu'une cuillère de rechange soit utile.


Ce n'est pas sur des rideaux neufs

que l'on construit une maison

bien qu'il faille parfois mettre à l'abri

nos visions changeantes derrière une toile neuve.


Pour qu'une maison devienne la maison

il faut entre autres choses,

tout ce à quoi par avance

tu renoncerais avec grand plaisir.


Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :

pour construire un bon igloo

il faut porter pendant des années

de la neige dans les chaussures.


Et une épingle, oubliée,

dans le col de ton manteau

tout près de la veine sortant du cœur. »



MONTENEGRO



Slobodan Jovalekic


Les affaires du singe

« Soyez patients


Je descendrai de l'arbre

pour vous faire un monde.


(Adam,

ne mange pas mes pommes)


Je vous ferai la terre

et l'océan

pour vos voyages.


Je vous ferai le ciel

et les étoiles

pour vos cogitations.


Je vous ferai les femmes

et les hommes

pour votre délire.


(Adam,

ne mange pas mes pommes,

ne te mêle pas des affaires du singe)


Je descendrai de l'arbre

pour vus faire un mone.


Soyez raisonnables. »



ALBANIE



Dritërio Agolli


Les fondations

« Voici les fondations de ma maison d'hier.

Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?

Plus qu'un seuil – une pierre.

De la maison que j'ai jadis quittée

L'herbe tendre a recouvert le seuil

Et inconnus dans mon enfance

Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,

Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés

Dorment sous l'herbe avec la dalle.

Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé

Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,

Quand la route me ramène dans ce coin

Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent

Papillonnent au-dessus des foins

Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...

Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds

Un brin d'herbe à la bouche :

Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers

Mais je me demeure un paysan farouche...

A cette source je ne rougis pas de me nourrir

Source de mes bons rêves,

Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,

De si beaux rêves... »


Ismail Kadaré


Au bord de la mer

« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson

Dont les vers

Seraient comme les dunes en bordure de mer

Edifiés sans rime ni raison

Par l'eau et par le vent

Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement

Et qui mourraut aussi de sa belle mort

(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)

Comme les dunes au bord de la mer. »



MACEDOINE



Vlada Urosevic


Planète inhospitalière

« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.

Lacs velus. Vents qui mollissent.

Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.

Arbres sans feuillage. Fruits rongés.

Ciel cendreux. Mers de boue.

Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »


Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là


ITALIE


Andrea Zanzotto


Xenoglossies

III

« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites

finalement et celles d'azur

rentassées à la pelle en brèves notions

d'or, oh fines, mythiques,

--- notions autonomes splendides en leur mitose

avec leurs envies de parturition... »


Edouardo Sanguinetti


Ballade de la Guerre 

« où sont passés les vikings et les aztèques,

les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?

où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,

la Grande Porte et l'Armée Invincible,

la Loi Salique et les Livres Sibylins,

Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?

Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,

des les molles mâchoires du temps :

ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,

il est une autre guerre qui tient prêt le remède...


Giuseppe Conte


Bien peu savent encore

« Bien peu savent encore ce qu'est un

arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,

delta profond au centre de la terre, le

tronc, les branches et le feuillage, et

les innombrabmes espèces des fleurs,

éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient

nourriture, l'écorce

tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.

Bien peu ont mémoire des cerisiers

blancs d'avant avril, et des cerises

écarlate, leur confirmation

intense et ronde sous le fin

pédoncule.

Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques

kakis pareils à des soleils couchants,

immobiles tout au long de novembre sur le canevas

des branches

desséchées ? »


Milo de Angelis


Avec les rames brisées ils s'embarquèrent

« Statues, sérénité du traineau

vers les montagnes, ô c'est être la proie

de l'amour le plus sûr que de rester

perdus sur la plate-forme sans garde-fou !

Jardin du gouffre et de l'éclair

où le plongeur suspendu dans les airs

est pris de fièvre...

et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver

qui descend dans sa voix : il est vivant

comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.

Ciel et terre

sont paisibles, sont agenouillés. »


Patrizia Valduga


« De vacation de soi, de vacuités

en absence... et le futur à deux pas

qui n'est jamais présent... faut-il en soi

le prévenir, faut-il le réfuter...


Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...

quand le blanc invite ou insique... Pourtant

un jour, certes, pourra faillir le temps,

alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,


et le temps de donner du sel, d'assaillir

l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...

tout au moins le pourquoi d'autres jours


d'autres, semblables à dormir... de retours

du pas-encore, de qui serait en train de mourir...

de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »


Robero Veracini


Maintenant que le temps est brume

« Maintenant que le temp est brume

et incessant l'assaut

d'ombres et d'humeurs, j'écoute

dans tes pas les hurlements du vent

et la saison heureuse

qui nous a perdu. »


Valerio Magrelli


Didascalies pour la lecture d'un journal

Titres

« Ce sont des épines

pour arracher la laine,

des échardes où tout se démaille,

des prétextes pour attirer

l'attention textile

du lecteur des pièges,

des traquenards, mais déjà

l'oeil est pris

à la glu du papier. »


Antonella Annedda


Anabase

1. Arbres

« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »


Isabella Leardini


La colocataire aux pieds nus

« Le chien qui à mes pieds regarde l'aube

se repaît de ma chaleur et ferme les yeux

me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.

Comme les nids cachés dans le feuillage

les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été

sont restés près des cimes sans connapitre d'envol

Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,

le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes

qui filent au bord du rivage..

Mais nous restons ici comme les radios

que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,

comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes

mais qui s'efforcet encore de briller. »



MALTE


Oliver Friggeri


Pelerin distrait

« Obscur au cœur des vallées

bercé par la haute mer

pendant longtemps, pendant longstemps

tu attendis que vienne l'heure.é


Immanuel Mifsud


Poème de la vieille tsigane

« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux

Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré

Je verrai la terre où tu cherches en solitaire

La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi

et les flots jetés à ta poursuite. »



CROATIE


Vesna Parun


Un jeune-homme endormi

« Etendu sur la plage d'une baie de rochers

Il est couché comme une vigne endormie

seul et le regard vers les vagues tourné.

Son visage est grave et charmant

sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.

Je ne sais si la branche du grenadier

pépiante d'oiseaux est plus que sa taille

belle, plus souple que lézard. »


Damir Sodan


Tolstoï

« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit

un jour à la fin du peintemps

il a prêté l'oreille à des bruits singuliers

puis s'est rappelé que depuis longtemps

il ne pensait plus à Dieu

et à ses joyeuses offrandes

voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir

pendant qu'elle se déshabillait

prudente comme une chatte

(tout en haïssant ton Martini)

croyant que les mensurations de ses seins

représentent cette Fin du monde

d'où tu t'élances sans rémission

rien que pour être

en mesure au bout du compte

d'y retourner plein de fougue

mais Tosltoï avait adopté

la vie humble des paysans

tandis que toi, ses huileuses apatrides

jambes à la peau tannée

comme s'il s'agissait

des piédestaux de la guérison ;

ces deux colonnes de sel

d'où en prédicateur inlassable

tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue

théologie de l a libération. »



SLOVENIE


Tomaz Salamun


La frontière

« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que

la poussière.

La frontière est mon corps vivant.

Quand le paysan met le feu à ses perdrix.

Il ratisse. Il rame.

Quz la terre se purifie.

Il incendie l'herbe sèche.

Il coupe le bois et le vend.

Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin

Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.

Il est libre. »


Erika Vouk


« Le long du lit tari

je cours et je t'appelle

toi qui es autre ;

qui ne sais rien des vagues

ruées sur les mots et la peau

rien des marées

cruauté tendre,

rien de l'eau qui se perd en soi,

rien des charmes du sud,

rien de ce temps

qui fait de moi une autre. »


Meta Kusar


« Le vent mauvais gâche mes mots

Dois-je le combattre à l'épée ?

Une vie fracturée va circastrisant

du dedabs vers le dehors.

Au milieu des marguerites, il pousse une parole

qui déferle son drapeau

La joie lui souffle en pleine figure. »



BOSNIE-HERZEGOVINE


Dara Sekulie


Mer accueillante


« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée

cachée dans mon sac, dans mes poches,

aux aguets entre mes doigts.


J'ai dû te trouver partout,

au moment de traverser la frontière.

Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime

en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »


Abdulah Sidran


Je serais prêt à changer bien des choses

« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre

des causes du fascisme serbe

et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,

qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet

j'ai confié à un journaliste de Milan

dans sa langue, en italien,

que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,

lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur

un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »


SERBIE


Miodrag Pavlovic


Migration

« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »


Tanja Kragujevic


Deux minutes de la rose

« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu

plus rien ne restait

Tentes repliées.

Consummées en occident.

Décorations distribuées.

Droits usurpés.

Bien peu restait encore.


Peut-être juste

deux glaciers sous une cloche.


Ils me firent un effet

pareil aux seins de glace

que l'on frôle en passant

près d'une femme en poème.


A cet instant ce fut la fin du monde.

Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.


Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.


Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »


Ana Ristovic


Neige dans les chaussures

« Ce n'est pas sur des ciuverts de table

que l'on construit une maison

bien qu'une cuillère de rechange soit utile.


Ce n'est pas sur des rideaux neufs

que l'on construit une maison

bien qu'il faille parfois mettre à l'abri

nos visions changeantes derrière une toile neuve.


Pour qu'une maison devienne la maison

il faut entre autres choses,

tout ce à quoi par avance

tu renoncerais avec grand plaisir.


Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :

pour construire un bon igloo

il faut porter pendant des années

de la neige dans les chaussures.


Et une épingle, oubliée,

dans le col de ton manteau

tout près de la veine sortant du cœur. »



MONTENEGRO



Slobodan Jovalekic


Les affaires du singe

« Soyez patients


Je descendrai de l'arbre

pour vous faire un monde.


(Adam,

ne mange pas mes pommes)


Je vous ferai la terre

et l'océan

pour vos voyages.


Je vous ferai le ciel

et les étoiles

pour vos cogitations.


Je vous ferai les femmes

et les hommes

pour votre délire.


(Adam,

ne mange pas mes pommes,

ne te mêle pas des affaires du singe)


Je descendrai de l'arbre

pour vus faire un mone.


Soyez raisonnables. »



ALBANIE



Dritërio Agolli


Les fondations

« Voici les fondations de ma maison d'hier.

Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?

Plus qu'un seuil – une pierre.

De la maison que j'ai jadis quittée

L'herbe tendre a recouvert le seuil

Et inconnus dans mon enfance

Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,

Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés

Dorment sous l'herbe avec la dalle.

Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé

Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,

Quand la route me ramène dans ce coin

Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent

Papillonnent au-dessus des foins

Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...

Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds

Un brin d'herbe à la bouche :

Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers

Mais je me demeure un paysan farouche...

A cette source je ne rougis pas de me nourrir

Source de mes bons rêves,

Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,

De si beaux rêves... »


Ismail Kadaré


Au bord de la mer

« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson

Dont les vers

Seraient comme les dunes en bordure de mer

Edifiés sans rime ni raison

Par l'eau et par le vent

Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement

Et qui mourraut aussi de sa belle mort

(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)

Comme les dunes au bord de la mer. »



MACEDOINE



Vlada Urosevic


Planète inhospitalière

« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.

Lacs velus. Vents qui mollissent.

Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.

Arbres sans feuillage. Fruits rongés.

Ciel cendreux. Mers de boue.

Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »


Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là.

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