De ce jour dirais juste qu’outre le lavage de cheveux il fut de carcasse très douloureuse jusqu’à l’hébétude avec des remissions rares et délicieuses et d’une étourderie (clés) qui s’est bien finie.
Dirais aussi que j’ai entrepris de faire un tour des poètes de la Méditerranée en commençant par les italiens mais que, bien entendu c’était immensément trop pour moi et que je n’ai fait qu’effleurer un petit coin de notre mer pas si petite et très riche de civilisations (en gardant dans un coin du cerveau le lamento impuissant pour le tombeau qu’elle est devenue infiniment plus qu’elle ne le fut)
ITALIE
Andrea Zanzotto
Xenoglossies
III
« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites
finalement et celles d'azur
rentassées à la pelle en brèves notions
d'or, oh fines, mythiques,
--- notions autonomes splendides en leur mitose
avec leurs envies de parturition... »
Edouardo Sanguinetti
Ballade de la Guerre
« où sont passés les vikings et les aztèques,
les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?
où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,
la Grande Porte et l'Armée Invincible,
la Loi Salique et les Livres Sibylins,
Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?
Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,
des les molles mâchoires du temps :
ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,
il est une autre guerre qui tient prêt le remède...
Giuseppe Conte
Bien peu savent encore
« Bien peu savent encore ce qu'est un
arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,
delta profond au centre de la terre, le
tronc, les branches et le feuillage, et
les innombrabmes espèces des fleurs,
éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient
nourriture, l'écorce
tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.
Bien peu ont mémoire des cerisiers
blancs d'avant avril, et des cerises
écarlate, leur confirmation
intense et ronde sous le fin
pédoncule.
Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques
kakis pareils à des soleils couchants,
immobiles tout au long de novembre sur le canevas
des branches
desséchées ? »
Milo de Angelis
Avec les rames brisées ils s'embarquèrent
« Statues, sérénité du traineau
vers les montagnes, ô c'est être la proie
de l'amour le plus sûr que de rester
perdus sur la plate-forme sans garde-fou !
Jardin du gouffre et de l'éclair
où le plongeur suspendu dans les airs
est pris de fièvre...
et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver
qui descend dans sa voix : il est vivant
comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.
Ciel et terre
sont paisibles, sont agenouillés. »
Patrizia Valduga
« De vacation de soi, de vacuités
en absence... et le futur à deux pas
qui n'est jamais présent... faut-il en soi
le prévenir, faut-il le réfuter...
Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...
quand le blanc invite ou insique... Pourtant
un jour, certes, pourra faillir le temps,
alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,
et le temps de donner du sel, d'assaillir
l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...
tout au moins le pourquoi d'autres jours
d'autres, semblables à dormir... de retours
du pas-encore, de qui serait en train de mourir...
de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »
Robero Veracini
Maintenant que le temps est brume
« Maintenant que le temp est brume
et incessant l'assaut
d'ombres et d'humeurs, j'écoute
dans tes pas les hurlements du vent
et la saison heureuse
qui nous a perdu. »
Valerio Magrelli
Didascalies pour la lecture d'un journal
Titres
« Ce sont des épines
pour arracher la laine,
des échardes où tout se démaille,
des prétextes pour attirer
l'attention textile
du lecteur des pièges,
des traquenards, mais déjà
l'oeil est pris
à la glu du papier. »
Antonella Annedda
Anabase
1. Arbres
« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »
Isabella Leardini
La colocataire aux pieds nus
… « Le chien qui à mes pieds regarde l'aube
se repaît de ma chaleur et ferme les yeux
– me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.
Comme les nids cachés dans le feuillage
les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été
sont restés près des cimes sans connapitre d'envol
Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,
le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes
qui filent au bord du rivage..
Mais nous restons ici comme les radios
que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,
comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes
mais qui s'efforcet encore de briller. »
MALTE
Oliver Friggeri
Pelerin distrait
… « Obscur au cœur des vallées
bercé par la haute mer
pendant longtemps, pendant longstemps
tu attendis que vienne l'heure.é
Immanuel Mifsud
Poème de la vieille tsigane
« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux
Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré
Je verrai la terre où tu cherches en solitaire
La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi
et les flots jetés à ta poursuite. »
CROATIE
Vesna Parun
Un jeune-homme endormi
« Etendu sur la plage d'une baie de rochers
Il est couché comme une vigne endormie
seul et le regard vers les vagues tourné.
Son visage est grave et charmant
sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.
Je ne sais si la branche du grenadier
pépiante d'oiseaux est plus que sa taille
belle, plus souple que lézard. »
Damir Sodan
Tolstoï
« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit
un jour à la fin du peintemps
il a prêté l'oreille à des bruits singuliers
puis s'est rappelé que depuis longtemps
il ne pensait plus à Dieu
et à ses joyeuses offrandes
voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir
pendant qu'elle se déshabillait
prudente comme une chatte
(tout en haïssant ton Martini)
croyant que les mensurations de ses seins
représentent cette Fin du monde
d'où tu t'élances sans rémission
rien que pour être
en mesure au bout du compte
d'y retourner plein de fougue
mais Tosltoï avait adopté
la vie humble des paysans
tandis que toi, ses huileuses apatrides
jambes à la peau tannée
comme s'il s'agissait
des piédestaux de la guérison ;
ces deux colonnes de sel
d'où en prédicateur inlassable
tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue
théologie de l a libération. »
SLOVENIE
Tomaz Salamun
La frontière
« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que
la poussière.
La frontière est mon corps vivant.
Quand le paysan met le feu à ses perdrix.
Il ratisse. Il rame.
Quz la terre se purifie.
Il incendie l'herbe sèche.
Il coupe le bois et le vend.
Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin
Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.
Il est libre. »
Erika Vouk
« Le long du lit tari
je cours et je t'appelle
toi qui es autre ;
qui ne sais rien des vagues
ruées sur les mots et la peau
rien des marées
cruauté tendre,
rien de l'eau qui se perd en soi,
rien des charmes du sud,
rien de ce temps
qui fait de moi une autre. »
Meta Kusar
« Le vent mauvais gâche mes mots
Dois-je le combattre à l'épée ?
Une vie fracturée va circastrisant
du dedabs vers le dehors.
Au milieu des marguerites, il pousse une parole
qui déferle son drapeau
La joie lui souffle en pleine figure. »
BOSNIE-HERZEGOVINE
Dara Sekulie
Mer accueillante
« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée
cachée dans mon sac, dans mes poches,
aux aguets entre mes doigts.
J'ai dû te trouver partout,
au moment de traverser la frontière.
Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime
en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »
Abdulah Sidran
Je serais prêt à changer bien des choses
« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre
des causes du fascisme serbe
et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,
qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet
j'ai confié à un journaliste de Milan
dans sa langue, en italien,
que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,
lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur
un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »
SERBIE
Miodrag Pavlovic
Migration
« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »
Tanja Kragujevic
Deux minutes de la rose
« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu
plus rien ne restait
Tentes repliées.
Consummées en occident.
Décorations distribuées.
Droits usurpés.
Bien peu restait encore.
Peut-être juste
deux glaciers sous une cloche.
Ils me firent un effet
pareil aux seins de glace
que l'on frôle en passant
près d'une femme en poème.
A cet instant ce fut la fin du monde.
Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.
Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.
Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »
Ana Ristovic
Neige dans les chaussures
« Ce n'est pas sur des ciuverts de table
que l'on construit une maison
bien qu'une cuillère de rechange soit utile.
Ce n'est pas sur des rideaux neufs
que l'on construit une maison
bien qu'il faille parfois mettre à l'abri
nos visions changeantes derrière une toile neuve.
Pour qu'une maison devienne la maison
il faut entre autres choses,
tout ce à quoi par avance
tu renoncerais avec grand plaisir.
Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :
pour construire un bon igloo
il faut porter pendant des années
de la neige dans les chaussures.
Et une épingle, oubliée,
dans le col de ton manteau
tout près de la veine sortant du cœur. »
MONTENEGRO
Slobodan Jovalekic
Les affaires du singe
« Soyez patients
Je descendrai de l'arbre
pour vous faire un monde.
(Adam,
ne mange pas mes pommes)
Je vous ferai la terre
et l'océan
pour vos voyages.
Je vous ferai le ciel
et les étoiles
pour vos cogitations.
Je vous ferai les femmes
et les hommes
pour votre délire.
(Adam,
ne mange pas mes pommes,
ne te mêle pas des affaires du singe)
Je descendrai de l'arbre
pour vus faire un mone.
Soyez raisonnables. »
ALBANIE
Dritërio Agolli
Les fondations
« Voici les fondations de ma maison d'hier.
Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?
Plus qu'un seuil – une pierre.
De la maison que j'ai jadis quittée
L'herbe tendre a recouvert le seuil
Et inconnus dans mon enfance
Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,
Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés
Dorment sous l'herbe avec la dalle.
Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé
Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,
Quand la route me ramène dans ce coin
Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent
Papillonnent au-dessus des foins
Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...
Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds
Un brin d'herbe à la bouche :
Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers
Mais je me demeure un paysan farouche...
A cette source je ne rougis pas de me nourrir
Source de mes bons rêves,
Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,
De si beaux rêves... »
Ismail Kadaré
Au bord de la mer
« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson
Dont les vers
Seraient comme les dunes en bordure de mer
Edifiés sans rime ni raison
Par l'eau et par le vent
Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement
Et qui mourraut aussi de sa belle mort
(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)
Comme les dunes au bord de la mer. »
MACEDOINE
Vlada Urosevic
Planète inhospitalière
« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.
Lacs velus. Vents qui mollissent.
Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.
Arbres sans feuillage. Fruits rongés.
Ciel cendreux. Mers de boue.
Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »
Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là
ITALIE
Andrea Zanzotto
Xenoglossies
III
« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites
finalement et celles d'azur
rentassées à la pelle en brèves notions
d'or, oh fines, mythiques,
--- notions autonomes splendides en leur mitose
avec leurs envies de parturition... »
Edouardo Sanguinetti
Ballade de la Guerre
« où sont passés les vikings et les aztèques,
les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?
où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,
la Grande Porte et l'Armée Invincible,
la Loi Salique et les Livres Sibylins,
Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?
Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,
des les molles mâchoires du temps :
ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,
il est une autre guerre qui tient prêt le remède...
Giuseppe Conte
Bien peu savent encore
« Bien peu savent encore ce qu'est un
arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,
delta profond au centre de la terre, le
tronc, les branches et le feuillage, et
les innombrabmes espèces des fleurs,
éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient
nourriture, l'écorce
tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.
Bien peu ont mémoire des cerisiers
blancs d'avant avril, et des cerises
écarlate, leur confirmation
intense et ronde sous le fin
pédoncule.
Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques
kakis pareils à des soleils couchants,
immobiles tout au long de novembre sur le canevas
des branches
desséchées ? »
Milo de Angelis
Avec les rames brisées ils s'embarquèrent
« Statues, sérénité du traineau
vers les montagnes, ô c'est être la proie
de l'amour le plus sûr que de rester
perdus sur la plate-forme sans garde-fou !
Jardin du gouffre et de l'éclair
où le plongeur suspendu dans les airs
est pris de fièvre...
et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver
qui descend dans sa voix : il est vivant
comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.
Ciel et terre
sont paisibles, sont agenouillés. »
Patrizia Valduga
« De vacation de soi, de vacuités
en absence... et le futur à deux pas
qui n'est jamais présent... faut-il en soi
le prévenir, faut-il le réfuter...
Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...
quand le blanc invite ou insique... Pourtant
un jour, certes, pourra faillir le temps,
alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,
et le temps de donner du sel, d'assaillir
l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...
tout au moins le pourquoi d'autres jours
d'autres, semblables à dormir... de retours
du pas-encore, de qui serait en train de mourir...
de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »
Robero Veracini
Maintenant que le temps est brume
« Maintenant que le temp est brume
et incessant l'assaut
d'ombres et d'humeurs, j'écoute
dans tes pas les hurlements du vent
et la saison heureuse
qui nous a perdu. »
Valerio Magrelli
Didascalies pour la lecture d'un journal
Titres
« Ce sont des épines
pour arracher la laine,
des échardes où tout se démaille,
des prétextes pour attirer
l'attention textile
du lecteur des pièges,
des traquenards, mais déjà
l'oeil est pris
à la glu du papier. »
Antonella Annedda
Anabase
1. Arbres
« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »
Isabella Leardini
La colocataire aux pieds nus
… « Le chien qui à mes pieds regarde l'aube
se repaît de ma chaleur et ferme les yeux
– me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.
Comme les nids cachés dans le feuillage
les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été
sont restés près des cimes sans connapitre d'envol
Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,
le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes
qui filent au bord du rivage..
Mais nous restons ici comme les radios
que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,
comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes
mais qui s'efforcet encore de briller. »
MALTE
Oliver Friggeri
Pelerin distrait
… « Obscur au cœur des vallées
bercé par la haute mer
pendant longtemps, pendant longstemps
tu attendis que vienne l'heure.é
Immanuel Mifsud
Poème de la vieille tsigane
« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux
Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré
Je verrai la terre où tu cherches en solitaire
La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi
et les flots jetés à ta poursuite. »
CROATIE
Vesna Parun
Un jeune-homme endormi
« Etendu sur la plage d'une baie de rochers
Il est couché comme une vigne endormie
seul et le regard vers les vagues tourné.
Son visage est grave et charmant
sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.
Je ne sais si la branche du grenadier
pépiante d'oiseaux est plus que sa taille
belle, plus souple que lézard. »
Damir Sodan
Tolstoï
« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit
un jour à la fin du peintemps
il a prêté l'oreille à des bruits singuliers
puis s'est rappelé que depuis longtemps
il ne pensait plus à Dieu
et à ses joyeuses offrandes
voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir
pendant qu'elle se déshabillait
prudente comme une chatte
(tout en haïssant ton Martini)
croyant que les mensurations de ses seins
représentent cette Fin du monde
d'où tu t'élances sans rémission
rien que pour être
en mesure au bout du compte
d'y retourner plein de fougue
mais Tosltoï avait adopté
la vie humble des paysans
tandis que toi, ses huileuses apatrides
jambes à la peau tannée
comme s'il s'agissait
des piédestaux de la guérison ;
ces deux colonnes de sel
d'où en prédicateur inlassable
tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue
théologie de l a libération. »
SLOVENIE
Tomaz Salamun
La frontière
« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que
la poussière.
La frontière est mon corps vivant.
Quand le paysan met le feu à ses perdrix.
Il ratisse. Il rame.
Quz la terre se purifie.
Il incendie l'herbe sèche.
Il coupe le bois et le vend.
Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin
Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.
Il est libre. »
Erika Vouk
« Le long du lit tari
je cours et je t'appelle
toi qui es autre ;
qui ne sais rien des vagues
ruées sur les mots et la peau
rien des marées
cruauté tendre,
rien de l'eau qui se perd en soi,
rien des charmes du sud,
rien de ce temps
qui fait de moi une autre. »
Meta Kusar
« Le vent mauvais gâche mes mots
Dois-je le combattre à l'épée ?
Une vie fracturée va circastrisant
du dedabs vers le dehors.
Au milieu des marguerites, il pousse une parole
qui déferle son drapeau
La joie lui souffle en pleine figure. »
BOSNIE-HERZEGOVINE
Dara Sekulie
Mer accueillante
« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée
cachée dans mon sac, dans mes poches,
aux aguets entre mes doigts.
J'ai dû te trouver partout,
au moment de traverser la frontière.
Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime
en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »
Abdulah Sidran
Je serais prêt à changer bien des choses
« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre
des causes du fascisme serbe
et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,
qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet
j'ai confié à un journaliste de Milan
dans sa langue, en italien,
que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,
lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur
un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »
SERBIE
Miodrag Pavlovic
Migration
« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »
Tanja Kragujevic
Deux minutes de la rose
« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu
plus rien ne restait
Tentes repliées.
Consummées en occident.
Décorations distribuées.
Droits usurpés.
Bien peu restait encore.
Peut-être juste
deux glaciers sous une cloche.
Ils me firent un effet
pareil aux seins de glace
que l'on frôle en passant
près d'une femme en poème.
A cet instant ce fut la fin du monde.
Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.
Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.
Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »
Ana Ristovic
Neige dans les chaussures
« Ce n'est pas sur des ciuverts de table
que l'on construit une maison
bien qu'une cuillère de rechange soit utile.
Ce n'est pas sur des rideaux neufs
que l'on construit une maison
bien qu'il faille parfois mettre à l'abri
nos visions changeantes derrière une toile neuve.
Pour qu'une maison devienne la maison
il faut entre autres choses,
tout ce à quoi par avance
tu renoncerais avec grand plaisir.
Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :
pour construire un bon igloo
il faut porter pendant des années
de la neige dans les chaussures.
Et une épingle, oubliée,
dans le col de ton manteau
tout près de la veine sortant du cœur. »
MONTENEGRO
Slobodan Jovalekic
Les affaires du singe
« Soyez patients
Je descendrai de l'arbre
pour vous faire un monde.
(Adam,
ne mange pas mes pommes)
Je vous ferai la terre
et l'océan
pour vos voyages.
Je vous ferai le ciel
et les étoiles
pour vos cogitations.
Je vous ferai les femmes
et les hommes
pour votre délire.
(Adam,
ne mange pas mes pommes,
ne te mêle pas des affaires du singe)
Je descendrai de l'arbre
pour vus faire un mone.
Soyez raisonnables. »
ALBANIE
Dritërio Agolli
Les fondations
« Voici les fondations de ma maison d'hier.
Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?
Plus qu'un seuil – une pierre.
De la maison que j'ai jadis quittée
L'herbe tendre a recouvert le seuil
Et inconnus dans mon enfance
Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,
Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés
Dorment sous l'herbe avec la dalle.
Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé
Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,
Quand la route me ramène dans ce coin
Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent
Papillonnent au-dessus des foins
Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...
Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds
Un brin d'herbe à la bouche :
Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers
Mais je me demeure un paysan farouche...
A cette source je ne rougis pas de me nourrir
Source de mes bons rêves,
Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,
De si beaux rêves... »
Ismail Kadaré
Au bord de la mer
« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson
Dont les vers
Seraient comme les dunes en bordure de mer
Edifiés sans rime ni raison
Par l'eau et par le vent
Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement
Et qui mourraut aussi de sa belle mort
(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)
Comme les dunes au bord de la mer. »
MACEDOINE
Vlada Urosevic
Planète inhospitalière
« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.
Lacs velus. Vents qui mollissent.
Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.
Arbres sans feuillage. Fruits rongés.
Ciel cendreux. Mers de boue.
Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »
Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là
ITALIE
Andrea Zanzotto
Xenoglossies
III
« Pourquoi à partir de là prospectiver ?... Susdites
finalement et celles d'azur
rentassées à la pelle en brèves notions
d'or, oh fines, mythiques,
--- notions autonomes splendides en leur mitose
avec leurs envies de parturition... »
Edouardo Sanguinetti
Ballade de la Guerre
« où sont passés les vikings et les aztèques,
les hommes et les femmes de Cro-Magnon ?
où sont passés les anciennes et les nouvelles Atlantides,
la Grande Porte et l'Armée Invincible,
la Loi Salique et les Livres Sibylins,
Pépin le Bref et Ivan le Terrible ?
Tout est tombé en ruine et en lambeaux, là,
des les molles mâchoires du temps :
ici, s'il est une chose à laquelle une guerre ne pense pas,
il est une autre guerre qui tient prêt le remède...
Giuseppe Conte
Bien peu savent encore
« Bien peu savent encore ce qu'est un
arbre. La ténacité de ses racines, acides et noires,
delta profond au centre de la terre, le
tronc, les branches et le feuillage, et
les innombrabmes espèces des fleurs,
éteintes désormais, et les fruits pleins, les fruits lourds qui étaient
nourriture, l'écorce
tendue, la pulpe râpeuse, le noyau.
Bien peu ont mémoire des cerisiers
blancs d'avant avril, et des cerises
écarlate, leur confirmation
intense et ronde sous le fin
pédoncule.
Et qui se souvient des kakis, les énigmatiques
kakis pareils à des soleils couchants,
immobiles tout au long de novembre sur le canevas
des branches
desséchées ? »
Milo de Angelis
Avec les rames brisées ils s'embarquèrent
« Statues, sérénité du traineau
vers les montagnes, ô c'est être la proie
de l'amour le plus sûr que de rester
perdus sur la plate-forme sans garde-fou !
Jardin du gouffre et de l'éclair
où le plongeur suspendu dans les airs
est pris de fièvre...
et vous, couleurs chaudes, ne volez pas l'hiver
qui descend dans sa voix : il est vivant
comme un parchemin nocturne, il respire comme un fils.
Ciel et terre
sont paisibles, sont agenouillés. »
Patrizia Valduga
« De vacation de soi, de vacuités
en absence... et le futur à deux pas
qui n'est jamais présent... faut-il en soi
le prévenir, faut-il le réfuter...
Se donner, qui n'est pas encore la vie, un but...
quand le blanc invite ou insique... Pourtant
un jour, certes, pourra faillir le temps,
alors vide de plaisirs, de pleurs, quoi de plus,
et le temps de donner du sel, d'assaillir
l'ailleurs, la pas-pour-moi, l'autre avenir...
tout au moins le pourquoi d'autres jours
d'autres, semblables à dormir... de retours
du pas-encore, de qui serait en train de mourir...
de la nuit revenue... comprendre, pour finir. »
Robero Veracini
Maintenant que le temps est brume
« Maintenant que le temp est brume
et incessant l'assaut
d'ombres et d'humeurs, j'écoute
dans tes pas les hurlements du vent
et la saison heureuse
qui nous a perdu. »
Valerio Magrelli
Didascalies pour la lecture d'un journal
Titres
« Ce sont des épines
pour arracher la laine,
des échardes où tout se démaille,
des prétextes pour attirer
l'attention textile
du lecteur des pièges,
des traquenards, mais déjà
l'oeil est pris
à la glu du papier. »
Antonella Annedda
Anabase
1. Arbres
« Traversés par le vent, sous les nuages, dans la pénombre du matin. Depuis un mois ils sont nus, gris, et se suffisent à eux-mêmes. Je marche sous les branches : il y a un crépitement secret : les pensées, les cheveux, l'ingle d'un sentiment à moitié détaché : une épine qui se prépare, qui vavigue véloce à l'intérieur du sang. »
Isabella Leardini
La colocataire aux pieds nus
… « Le chien qui à mes pieds regarde l'aube
se repaît de ma chaleur et ferme les yeux
– me voici de nouveau seule jusqu'à ce seuil.
Comme les nids cachés dans le feuillage
les désirs fragiles qui élongent les mains de l'été
sont restés près des cimes sans connapitre d'envol
Si seulement ils avaient quitté les lumières marines,
le vent qui saisit au collet, le vacarme des riutes
qui filent au bord du rivage..
Mais nous restons ici comme les radios
que l'on n'a pas éteintes, oubliées dans la nuit,
comme les enseignes dont quelques lampes sont mortes
mais qui s'efforcet encore de briller. »
MALTE
Oliver Friggeri
Pelerin distrait
… « Obscur au cœur des vallées
bercé par la haute mer
pendant longtemps, pendant longstemps
tu attendis que vienne l'heure.é
Immanuel Mifsud
Poème de la vieille tsigane
« Mon fils, donne-moi ta main et regarde-moi dans les yeux
Je vais lire les années où tu n'as pas encore erré
Je verrai la terre où tu cherches en solitaire
La mer qui s'est ouverte pour que tu viennes jusqu'à moi
et les flots jetés à ta poursuite. »
CROATIE
Vesna Parun
Un jeune-homme endormi
« Etendu sur la plage d'une baie de rochers
Il est couché comme une vigne endormie
seul et le regard vers les vagues tourné.
Son visage est grave et charmant
sur quoi s'en vient jouer la bride de midi.
Je ne sais si la branche du grenadier
pépiante d'oiseaux est plus que sa taille
belle, plus souple que lézard. »
Damir Sodan
Tolstoï
« avait eté métamorphosé dans la forêt, à ce que l'on dit
un jour à la fin du peintemps
il a prêté l'oreille à des bruits singuliers
puis s'est rappelé que depuis longtemps
il ne pensait plus à Dieu
et à ses joyeuses offrandes
voilà ce qu'il lui aurait lu ce soir
pendant qu'elle se déshabillait
prudente comme une chatte
(tout en haïssant ton Martini)
croyant que les mensurations de ses seins
représentent cette Fin du monde
d'où tu t'élances sans rémission
rien que pour être
en mesure au bout du compte
d'y retourner plein de fougue
mais Tosltoï avait adopté
la vie humble des paysans
tandis que toi, ses huileuses apatrides
jambes à la peau tannée
comme s'il s'agissait
des piédestaux de la guérison ;
ces deux colonnes de sel
d'où en prédicateur inlassable
tu répètes ta Dieu sait à quel point corrompue
théologie de l a libération. »
SLOVENIE
Tomaz Salamun
La frontière
« Tu sais, la souffrance aussi pourrit et ne reste que
la poussière.
La frontière est mon corps vivant.
Quand le paysan met le feu à ses perdrix.
Il ratisse. Il rame.
Quz la terre se purifie.
Il incendie l'herbe sèche.
Il coupe le bois et le vend.
Les enfants lui apportent du lait sur des chariots, pour que la coopérative lui paie le gaz.
Il se réjouit de la pluie quand il en a besoin
Et du soleil quand cela plait au blé, et non à lui.
Il est libre. »
Erika Vouk
« Le long du lit tari
je cours et je t'appelle
toi qui es autre ;
qui ne sais rien des vagues
ruées sur les mots et la peau
rien des marées
cruauté tendre,
rien de l'eau qui se perd en soi,
rien des charmes du sud,
rien de ce temps
qui fait de moi une autre. »
Meta Kusar
« Le vent mauvais gâche mes mots
Dois-je le combattre à l'épée ?
Une vie fracturée va circastrisant
du dedabs vers le dehors.
Au milieu des marguerites, il pousse une parole
qui déferle son drapeau
La joie lui souffle en pleine figure. »
BOSNIE-HERZEGOVINE
Dara Sekulie
Mer accueillante
« Toi, mer, c'est en hiver que je t'ai emportée
cachée dans mon sac, dans mes poches,
aux aguets entre mes doigts.
J'ai dû te trouver partout,
au moment de traverser la frontière.
Et voilà ! J'ai déjà payé ma dime
en plus des traites jusqu'à la fin de ma vie. »
Abdulah Sidran
Je serais prêt à changer bien des choses
« Après avoir longemps parlé de politique et de la guerre
des causes du fascisme serbe
et du massacre de notre peuple paisible, les bons Bosniens,
qui s'accomplit sous les yeux du monde entiet
j'ai confié à un journaliste de Milan
dans sa langue, en italien,
que j'avais, il n'y a pas si longtemps, en 1988,
lors d'un séjour dans sa ville, composé en mon for intérieur
un petit poème que je n'ai jamais couché sur le papier. »
SERBIE
Miodrag Pavlovic
Migration
« La mer s'est écartée et l'île a commencé à sombrer. Il a fallu tout enfermer dans des jarres, les graines, le feu et les animaux qui ne savent ni voler, ni nager. Il était nécessaire de trouver d'autres terres cultivables auprès d'un volcan et d'une eau courante. A qui aurions-nous pu demander conseil, si ce n'est au dieu de notre tribu ? Et il nous a dit transporter tous vos biens et les peaux là où se lève le soleil. Vous trouverez là-bas un plateau fertile, sur lequel pousse déjà une végétation agréable. Mais la traversée sera longue. La mer n'est pas toujours étale. Et l'on ne rencontre pas toujours en chemin un dieu qui saura nous dire pourquoi tout cela est advenu. »
Tanja Kragujevic
Deux minutes de la rose
« Lorsqu'enfin je fus à la foire du déjà vu
plus rien ne restait
Tentes repliées.
Consummées en occident.
Décorations distribuées.
Droits usurpés.
Bien peu restait encore.
Peut-être juste
deux glaciers sous une cloche.
Ils me firent un effet
pareil aux seins de glace
que l'on frôle en passant
près d'une femme en poème.
A cet instant ce fut la fin du monde.
Alors, je lui adressais un souhait, le même qu'à moi.
Rien que du banal. Deux minutes dans la vie d'une rose.
Une tasse remplie à ras bord d'une seule goutte de pluie. »
Ana Ristovic
Neige dans les chaussures
« Ce n'est pas sur des ciuverts de table
que l'on construit une maison
bien qu'une cuillère de rechange soit utile.
Ce n'est pas sur des rideaux neufs
que l'on construit une maison
bien qu'il faille parfois mettre à l'abri
nos visions changeantes derrière une toile neuve.
Pour qu'une maison devienne la maison
il faut entre autres choses,
tout ce à quoi par avance
tu renoncerais avec grand plaisir.
Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :
pour construire un bon igloo
il faut porter pendant des années
de la neige dans les chaussures.
Et une épingle, oubliée,
dans le col de ton manteau
tout près de la veine sortant du cœur. »
MONTENEGRO
Slobodan Jovalekic
Les affaires du singe
« Soyez patients
Je descendrai de l'arbre
pour vous faire un monde.
(Adam,
ne mange pas mes pommes)
Je vous ferai la terre
et l'océan
pour vos voyages.
Je vous ferai le ciel
et les étoiles
pour vos cogitations.
Je vous ferai les femmes
et les hommes
pour votre délire.
(Adam,
ne mange pas mes pommes,
ne te mêle pas des affaires du singe)
Je descendrai de l'arbre
pour vus faire un mone.
Soyez raisonnables. »
ALBANIE
Dritërio Agolli
Les fondations
« Voici les fondations de ma maison d'hier.
Voici le vieux seuil de la porte d'entrée ?
Plus qu'un seuil – une pierre.
De la maison que j'ai jadis quittée
L'herbe tendre a recouvert le seuil
Et inconnus dans mon enfance
Des pommiers au-dessus de l'herbe agittent leurs feuilles,
Mes vers de jeunesse sur des cahiers alignés
Dorment sous l'herbe avec la dalle.
Ils dorment, sur eux l'herbe a bien poussé
Et les fleurs des pommiers y laissent choir leurs pétales,
Quand la route me ramène dans ce coin
Les rêves de ces vers juvéniles se réveillent
Papillonnent au-dessus des foins
Et avec l'herbe et les feuilles murmurent comme des abeilles...
Alors je parle tout seul et sous les arbres je m'assieds
Un brin d'herbe à la bouche :
Il est vrai qu'à la ville j'écris des poèles volontiers
Mais je me demeure un paysan farouche...
A cette source je ne rougis pas de me nourrir
Source de mes bons rêves,
Sur lesquels d'autres rêves j'ai pu bâtir,
De si beaux rêves... »
Ismail Kadaré
Au bord de la mer
« Depuis toujours, j'ai rpevé dune ch anson
Dont les vers
Seraient comme les dunes en bordure de mer
Edifiés sans rime ni raison
Par l'eau et par le vent
Au grès des belles et des mauvaises saisons.
Une chanson venue au monde naturellement
Et qui mourraut aussi de sa belle mort
(Pour autant qu'elle soit promise à ce sort)
Comme les dunes au bord de la mer. »
MACEDOINE
Vlada Urosevic
Planète inhospitalière
« Montagnes moisies. Nuages tournés à l'aigre.
Lacs velus. Vents qui mollissent.
Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.
Arbres sans feuillage. Fruits rongés.
Ciel cendreux. Mers de boue.
Maisons d'herbes. Pluie de pierre. »
Et honte à moi Et tant pis pour tel et tel pays sans compter tel autre ou bien entendu celui ci ou celui là et leurs habitants... j'en reste là.
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