Je me souviens que l'année de la canicule (part de notre nouveau corps de légendes), une de mes nièces, rentrant de coopération en Afrique, nous traitait de mauviettes égoïstes, avec infiniment plus de courtoisie mais c'était le sens. Je me pénètre de cette évidence, mais ça ne m'empêche pas d'avoir chaud, et de trouver que ça m'enlaidit. En tenir compte, freiner encore mes sorties : je suppose que c'est une partie de ce que venait me dire Madame notre maire, dans le message enregistré qui m'a été délivré par téléphone et que j'ai interrompu en raccrochant. Mais je me suis sentie une vraie avignonnaise.
M'en suis tout de même allée, en fin de matinée, en passant par les rues vides, mal connues des "estrangers", vers le jardin de la Vierge du Lycée Saint Joseph, où je suis arrivée en même temps que Nadj.
Deux courtes oeuvres en collaboration
Contigo - un "circassien au mât chinois" Joào Pereira dos Santos, chorégraphié par Rui Horta - très portugais, moyen, un peu aigu, brun à en être le symbole du brun, enfantin et déterminé. De fausses maladresses, puis, quand il monte sur son mât, grâce de son jeu avec une bille et de sa course avec elle, en dégringolant. Des moments d'effroi, lorsque, debout sur une chaise métallique accrochée tout en haut, en légère pente, il pagaie avec une barre de fer ou semblant telle.
En seconde partie, Nunakt, dansé par deux chorégraphes belges, Karine Pontiès et Nicole Mossoux, un duo de belles ourses brunes. De très beaux masques et des fourrures qui ont l'ampleur de l'animal mais qui, non rembourrées, suivent les mouvements des danseuses perdues dedans, comme le ferait un voile de mousseline (dommage pour les danseuses que ce ne soit pas le cas). Avec cela elles sautent, se déhanchent, avec un charme attendrissant. Séries de coups de feux, de blessures, de morts, de réactions devant lesdites morts, et de retours à la vie. Une gentillesse qui faisait rire le public et les artistes, à la fin.
Et, en début de soirée, j'ai repris le même chemin pour aller, en face, à la chapelle du Verbe Incarné, voir Les soldats inconnus (s'agissant de tirailleurs sénégalais, de goumiers et d'un pieds-noir d'origine espagnole, ils ne m'étaient pas si inconnus que cela), d'après des textes d'auteurs européens et africains. En exergue sur le tract-programme, un passage de Tardi "Il n'y a pas de "héros" dans cette lamentable "aventure" collective de la guerre. Rien qu'un gigantesque et anonyme cri d'agonie". Un peu simplifié (en un peu moins d'une heure) mais efficace, bien jouée ; même les quelques maladresses de deux des acteurs sont sympathiques. Une scénographie très simple, cinq grands panneaux de bois sur roulettes pouvant constituer un mur et cinq caisses de bois pouvant devenir un camion, une haie ...
Et, alors qu'il n'est pas signalé dans les auteurs ayant servi de base, le beau poème dit au début par le meilleur et plus bel acteur, était de Senghor, et je l'ai retrouvé en rentrant "Prisonniers noirs je dis bien prisonniers français/..... Non, vous n'êtes pas morts gratuits ô Morts/ Ce sang/ N'est pas de l'eau tépide./ Il arrose épais notre espoir qui fleurira au crépuscule./ Il est notre soif notre faim d'honneur, ces grandes reines/ Absolues.."
Dommage que cela ait été trahi, ou faussé à la base. Mais j'aime bien que, quelques puissent être les arrières pensées politiques, on réveille ainsi la mémoire des français.
14 commentaires:
Pour prendre le chat, il m'a fallu un peu de patience en fait! il jouait dans le verger et puis c'est figé! j'en ai alors profité: il m'a fallu être rapide pour venir le photographier vite fait du dessus avant qu'il ne bondisse au moindre mouvement dans le verger! voilà pour l'histoire de la photo! bonne nuit!
encore une superbe évocation de ta journée d'hier Brig... Senghor un immense poète !
Ma dernière visite ici avant mon départ et une autre visite prévue autre part. A bientôt !
Je te sens comme une affinité avec Nadj...merci pour ce travail de mémoire.
J'ai eu longuement l'occasion de parler avec un enseignant français, de nationalité congolaise qui me disait son désarroi à lire l'histoire de France en la comparant à la sienne; ses périodes "traite des Noirs" et"coloniale" étaient vécues bien différemment des nôtres. Tout dépend du côté où l'on se trouve...
Nous avons parlé de vous, hier soir, dans le jardin du Jonquet, sous les arbres de l'arrière-pays niçois. Michel (de Cerca) m'a demandé si je vous connaissais, je lui ai répondu que non, pas autrement que par votre blog, mais que cela me donnait le sentiment d'une proximité plus grande qu'avec certaines personnes que je croise tous les jours.
Quelle santé, un parcours du combattant,
sénégalais, et le spectacle continue, encore du grain à moudre.
Chère Brig,
j'aime bcp tes deux premières photos !
Je t'envie d'assister à tant de spectacles différents.
Beau week-end festivalier !
OLIVIER
pour le moment lavage de cheveux et paresse en attendant que sa sèche. Me souvenir que pour la mairie je fais partie des "populations à risque". Surtout flemme. Pour les sénégalais, un stade plus concernée que la majorité, mon grand père ayant été partie prenante, et de l'autre côté la famille de papa était en Algérie depuis au moins les années 1870 date de naissance de ma grand mère sous une tente.
Monsieur Jéromino je suis si fière que la chaleur de mes joues augmente.
bonjour brigetoun
pour une fois j ai eu un peu de temps et un ordinateur convenable et j ai pu me plonger avec plaisir dans l ambiance avignonaise..quelle chance d avoir acces a tous ces spectacles, et merci nous les commenter, je me sentirai moins province en rentrant
Comme tu l imagines ici aussi il fait chaud, mais c est different, c est normal, on s y attend, et puis on l a cherche cette chaleur...on le savait avant de partir
a bientot
celeste
Politique?
A mes élèves algériens, j'essaie de dire qu'ils doivent être fiers de leurs parents pour le courage qu'ils ont eu d'émigrer afin de trouver un nouveau travail, un nouveau départ pour leur vie.
Et quant à moi je suis fier de mes aïeux qui ont quitté l'Espagne et l'Italie pour chercher, eux aussi, en Algérie, un nouveau départ.
Y a-t-il là une contradiction?
aucune, si ce n'est que mes ancètres dauphinois et provençaux ayant fait la même chose pour des raisons économiques aussi ont été un rien trompés s'ils ont cru qu'ils amenaient la cilisation et se sont cru supérieurs, pas le cas de tous par chance - et papa a eu des remontées de son Algérie au moment de sa mort, et je me sens concernée par ce qui arrive à ce pays
ô l'orthographe et moi ...
Oui ils sont souvent oubligés les tireurs sénégalais et autres africains, les algériens, marocains et asiatiques... on les oublie facilement ceux-là aussi. Bref, merci pour tes images plus fraîches que la température ambiante! Bonne journée.
Toute jeune,(je ne dis pas cela pour affirmer que je ne suis pas population à risque !!!)ai vécu en Algérie, après l'indépendance, période pourtant délicate pour des ressortissants français."Alger la Blanche" me revient parfois en rêve doux et odorants. J'aime ce pays et ses âmes et les admire d'autant plus d'avoir dû pour certains d'entre eux émigrer !
bri bravo !
"Dommage que cela ait été trahi, ou faussé à la base. Mais j'aime bien que, quelques puissent être les arrières pensées politiques, on réveille ainsi la mémoire des français."
L'histoire ??
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