retour à la réalité du Festival le 19 - Je suis passée dans la matinée, à la Maison de Jean Vilar, pour voir une exposition de Joseph Nadj. Je suis, ma foi, en train de devenir groupie, expérience neuve. J'aime son goût pour les musiciens, même si j'ai loupé les concerts de jazz programmés par lui, j'aime ses spectacles et son univers visuel, même s'il m'est totalement étranger, ses amitiés avec des poètes et peintres. Fierté humble, gentillesse, une certaine fragilité dans cette grande carcasse, détermination, intelligence, j'invente peut-être.
La climatisation était délicieuse, sans agressivité, l'accrochage géométriquement satisfaisant, mais mes photos cachent ses photos du dessous de la scène du théâtre de Saratov, murs, tuyaux, salissures, traces de l'homme et de son travail. Tolnaï sur cette série "Cette lumière nous inonde aussi oui, en plongeant, il trouvé ces rayons obscurs et maintenant voilà, il a retiré des catacombes les archives d'un spectacle du spectacle... Et mieux encore, c'est comme s'il en avait remonté une certaine musique".
Vu également l'un des deux films portraits, le journal d'un inconnu de Tolnaï, dans lequel on retrouve les images d'hommes en noir, du bateau portant la grande poupée emmaillotée, glissant sur la Tizla, qui étaient projetées sur le mur de la cour d'honneur. Mélange de belles vues et d'images vidéos un peu sales, brouillardeuses. Il faudra que je revienne voir les vidéos de spectacles (je n'en ai vu que trois).
Prévu à mon programme, les récits de juin de Pippo Delbono, dans la cour de Calvet. Je n'ai jamais vu ses spectacles. Ils sont sans doute aussi forts que le veulent les critiques et la rumeur. Et mon insatisfaction ne lui enlève rien, nul n'étant à l'abri d'une baisse de forme. En principe c'était séduisant : lui seul, avec sa chaise, et un mélange de confessions et de passages de ses spectacles, reprenant son enfance, le premier amour et l'entraînement dans la drogue, la politique (un peu), la religion étouffante, le monde du théâtre, le sida et les médecins et psychiatres, le suicide de l'ami.. Mais pour moi : la douleur de cette mort est si distanciée, et a tellement servi, qu'on n'y croit plus. La narration est pleine d'un humour un peu désespéré, les passages de spectacles m'ont donné le plaisir de l'italien, et son jeu était alors d'une belle force, juste sur le fil de la grandiloquence, mais je n'en étais pas touchée. Peu à peu je suis tout de même entrée un peu dans son jeu, et il est difficile de ne pas l'aimer. Enfin, somme toute, je me suis ennuyée. Je crois qu'il se nourrit de ses souvenirs et de ses amitiés jusqu'à les phagocyter.
Je ne pouvais en rester là, et je suis allée voir, à 22 heures 45, par 28 degrés encore, un riche, trois pauvres de Louis Calaferte, par les Crieurs de nuit, au Gilgamesh. Spectacle un peu fauché - les fards des acteurs dégoulinant entre efforts et température - et réussite. Notre vie, sur un rythme endiablé - jolie idée du jeu de cordes auxquelles s'accrochent les acteurs, très bons tous les trois, et fins sous l'emplâtre. Tragique quotidien et rires. Et un percussionniste humoriste. Retour ragaillardie, mais j'aimerais que la nuit fraichisse.
13 commentaires:
la nuit ne fraîchit pas plus ici Brig et la moiteur ravive mon insomnie. J'ai à te lire et cela me plaît même si je me sens minablement petite devant tes mots ... mais qu'importe, je lis et cela me convient !
Une fois encore tu es repartie fort;un riche et trois pauvres m'aurait sans doute plu, tel tu nous le décris.
Bonne journée, après une nuit plus "fraïche", du moins ici.
Mariel! pourquoi petite Madame la poetesse ?
Vous ai-je dit que j'ai beaucoup aimé votre 'roue tourne' sur Coïtus impromptus?
Rangez-vous ce genre de textes dans un endroit (virtuel ou de papier) qui soit accessible?
J'aimerais en lire plus.
les ranger ? pas sure que cela en vaille la peine, mais vraiment pas. Et il n'y a rien de plus, juste un brouillon effacé chaque fois
La dernière photo, vous avez failli photographier un décoleté pour moi.
Désolé, je ne connais pas Nadj. Mon inculture est grande...
Votre écriture est riche !
Aparté :
"frimousse"= le visage
pourquoi menteur ?
Belle journée !!
OLIVIER
Vous devriez proposer vos services critiques aux médias du coin, ils sont riches en information sur bons nombres de spectacles et manifestations.
Ah CALAFERTE ! suis un peu adepte. Je suis allée visiter en Juin une expo aussi sur ces dessins (je ne savais pas qu'il dessinait ?) au conseil Régional Bourgogne.Sa femme était au vernissage. Discussion à bâtons rompus sur le bonhomme, un petit temps de rêve bourguignon !
Amitiés
Christine
il y a actuellement plus de cent critiques en herbe dans Avignon. Rendez vous à 16 heures avec une femme qui en sera à son quatrième spectacle de la journée. Me sens plus vieille, paresseuse, mal organisée et ne voulant pas l'être, et puis je dois tenir sur toute la durée. Je ne savais pas que Calaferte dessinait
Bizarrement, ta description de pipo delbono me donne tout de même envie de le voir sur scène . Peutêtre parce que tu le décris doublement: "difficile de ne pas l'aimer" "ennuyée" . Je m'en vais me renseigner.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et donc de plaisir. Un autre blog qui me prend réellement, je m'y sens bien. Merci.
Vous n'êtes pas sûre que cela en vaille la peine. P. Reverdy aurait dit la même chose de ce qu'il écrivait. Aujourd'hui je crains d'avoir blessé l'une de mes correspondantes à propos de politique. Et cela me désole. Pourquoi faut-il que nous nous prononcions?
Jean Vilar, j'ai vu Jean Vilar vivant et même Sacha Pitoëff, j'aime bien t'écouter conter encore le Festival d'Avignon
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