Angélique-Marie a tendu à Aurélie la lettre : "j'ai reçu des nouvelles de Cécile - Maurice devait partir en inspection et ne pouvait vous écrire" et puis en s'adressant à Vivien pendant que sa femme lit, et avant que, levant son visage que la lumière a doucement envahi, cette dernière se lance : "Nous allons être grands parents, mon cher !"
Vivien se campe, sa belle cravate blanche se gonfle, et posant la main sur l'épaule d'Aurélie, il sourit vers Angélique-Marie - "Enfin !" - ce qu'elle décide de ne pas relever.
Pendant le déjeuner, pendant qu'elle baigne dans cette nouvelle familiarité avec son amie, elle regarde Vivien qui mange en silence, réfléchissant, les yeux flottant sur le jardin. Elles font des projets, ravivent leurs souvenirs de jeunes mères, et elle suppute ce qu'elle pourra obtenir de lui, de quelle aide il peut être pour Anne-Françoise, et comment aborder le sujet.
Le déjeuner est simple, familial, presque campagnard. Aurélie est fière de ses compliments sur la qualité des légumes de sa ferme et l'habileté de sa cuisinière, et Vivien, jambes allongées, s'anime pour parler de la beauté du ciel, l'autre matin, quand il est sorti de la cour de la Méjeanne avec son chien, de la marche sur le bord du plateau, dans les herbes et le soleil naissant, de la plaine émergeant lentement de l'ombre bleue - et de son retour affamé avec les perdreaux qu'ils sont en train de savourer.
Devant les confitures maison et la belle jatte de crème, elle a fait dévier la conversation vers leurs relations en ville.