de mauvaises photos - et un texte pour lequel je demande l'indulgence de la tribu - je pensais vraiment à lui, ne sais pourquoi
Qui étais-tu ?
Pendant longtemps tu m'as intriguée. Je n'y pensais plus jusqu'à cette cassette faite à partir de bouts de films, où tu apparais furtivement. Et je n'ai de toi que ces deux bouts de vision, bouffée de lumière, un petit format de ta photo en père conquérant, antérieure d'un peu plus de vingt ans, époque sans doute, à peu près, de la Thétis, la goélette dont j'ai toujours rêvée, et du premier gréement du Bleuet, dont j'ai des photos mauvaises, puisque mal reproduites par moi à partir de leur imparfaite présence sur une plaquette (vieilles photos reproduites et rereproduites).
Je sais que je t"ai connu, bien après l'époque de ce film où nous n'étions même pas un embryon de pensée dans le crâne du jeune-homme bondissant, ton dernier fils, mais n'en ai pas de souvenir. L'être que je revois au bout de la table familiale, je suppose qu'il s'agit en fait de ton fils aîné dans le rôle de patriarche qui lui a été imposé, comme sa femme a toujours vécu avec vous, le couple fondateur. Le dernier gréement du Bleuet, raccourci et transformé en cotre marconi, je l'ai connu pendant les dernières années avant sa mort, à 74 ans, comme le Coq l'un de tes deux petits bateaux.
Mais c'est toi qui m'intrigues. Papa disait avec respect "ton grand-père", parlait un peu de ses souvenirs d'enfant (et encore !), des chiens de chasse au sanglier, mais ne nous a rien dit même simplement de ton attitude avec lui, ce petit dernier : bonhomie ? sévérité ? Maman avait le respect réticent de la très jeune bru amenant avec elle l'héritage de sa lignée de lyonnaises.
Et, bien entendu, je ne sais rien de ce que tes fils ne devaient pas connaître, la façon dont tu t'es fait au long de ta vie - nous pouvons avoir des renseignements sur ta conquête peu à peu du statut de celui qui fut notre grand-père - te supposer des traits de caractère, une ambition, une intelligence, une capacité de travail très probables, et, je pense, une probité que, je crois, tu nous as léguée. Mais tes pensées, tes réactions devant la beauté, ce que tu éprouvais pour tes proches ? Je me demande si tu as laissé des lettres.
Tu étais respecté, et donc hors tout récit. Dans les souvenirs qui m'ont été transmis, et qui ne portent pas sur ta jeunesse, tu es le centre, la présence autour de laquelle tout s'organise, et donc invisible. Peut-être les autres en savent-ils d'avantage.
Tu aurais pu être un beau personnage de roman, si on pouvait te recréer, mais ce n'est pas possible puisque tu as été.
Et je soupçonne que nous nous serions mal entendus, par ma faute.
4 commentaires:
j'aime autant pas de commentaire
BON!!!
respectueuses amitiés
Juste beau !
Belle semaine ma chère Brigetoun !
Bises,
OLIVIER
OK, pas de com' alors :-)
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