le ciel d'Avignon
Je suis partie vers la poste, la gare et le pharmacien, contre l'avis passablement véhément de ma carcasse. Pour l'ignorer, ou l'encourager, je regardais le bleu léger du ciel et des écharpes de nuages (adieu la nostalgie de Paris), en goûtant la douceur de l'air. Et j'ai bien fait parce qu'un peu plus tard les nuages semblaient vouloir s'installer et nous dominer.
Plutôt qu'une noble terrasse, en haut d'un hôtel de la rue Joseph Vernet, et sa tente rayée, choisie par ma petite soeur comme l'idéale demeure pour moi, j'aimerais habiter le rez-de-chaussée de cette maison, ouvrant sur un jardin secret. Ce qui en déborde par dessus le mur, me fait imaginer un désordre, une ébauche de sauvagerie, en harmonie avec ma coiffure en ce moment.
En fait je l'idéalise, rêvant sur ce passage de Giono : Quand on débouchait du taillis de lilas et de clématites, on se trouvait dans un espace libre où restaient des traces de terrasses dallées, de balustrades ventre-de-biche et de petites pelouses en forme de coeur. Toutes ces choses anciennes étaient revêtues d'un épais pelage de mousse vert sombre. Il y avait ici dans l'air qui, sous les branches mortes entourait le pavillon, une sorte d'exotisme dans le temps. Si ce n'est qu'il évoque un grand domaine et non un jardin de ville, même quasi campagnard.
Et j'ai oublié le pharmacien. Y passer avant le train. Je m'en vais voir la mer par la fenêtre du train, une triestine sur le départ, un petit prince, un petit oiseau devenu grand mère épanouie et leur entourage, dans une autre maison chaleureuse.