lu en déjeunant dans le Monde diplomatique de janvier, un article de François Ruffin, en pages centrales et qui n'est pas sur le site, dont le titre "penser la ville pour que les riches y vivent heureux" est un peu trompeur, parce qu'au moins pour les premières étapes, qui sont cruciales, il ne s'agit pas de ce que nous considérons sans réfléchir comme "riches" (et qui ne le sont certainement pas aux yeux de Coppé ou notre candidate, ou de la plupart d'entre nous) mais de ce que l'on appelle d'un horrible mot la "gentification" et que j'ai vu à l'oeuvre il y a quarante ans au Marais (que je trouve maintenant un quartier insuportable si beau) et au cours des trente cinq dernières années rue de la Roquette, mais là ça c'est arrêté en chemin, au niveau petits cadres.
Il cite l'Atlas de nouvelles fractures sociales en France de C.Guilly et C.Noyé publié chez Autrement en 2004
5 étapes... 1. Déclin des ouvrier, remplacés par les employés, et arrivée des pionniers : artistes, étudiants, squats alternatifs (en toute bonne conscience notes en noir de mon initiative) 2. Valorisation du quartier, développement des lieux culturels : bars branchés, galeries d'art, salles de spectacle (comme le dit Ruffin comment s'opposer à l'Opéra Bastille ou, selon moi, au Plateau ou à la Belle de mai) 3. Arrivée des cadres supérieurs, poursuite du déclin des ouvriers, baisse des employés ; 4. Forte progression des cadres supérieurs, fort déclin des classes populaires, éviction des populations pionnières (Marais, 5ème, 6ème) : 5. Opératond immobilières par des promoteurs, réaménagement urbain : rues piétonnes, jardins, pistes cyclabes ..
et Ruffin continue : La culture joue son rôle d'alibi, et le consensus régnant autour d'elle... de son cosmopolitisme... masque les rapports de forces sociaux, déguise les desseins financiers (je pense que plus que de desseins il s'agit du cours des choses, inconscient, une fois que l'élan a été donné) sous les oripeaux du "cool" et du "sympa"...
Et les villes pour se développer et être "dans le mouvement" se doivent d'attirer des cadres et des sociétés, et nous sommes même à petite échelle partie prenante, et voilà comment une nouvelle fracture s'est produite entre les petits cadres, enseignants, professions intéllectuelles même précaires et nos frères invisibles rejetés hors la ville, meme si nous y passons souvent, si nous y avons des amis.
9 commentaires:
Le processus décrypté par François Ruffin me semble pouvoir s'appliquer aussi à d'autres lieux. Comme tu le dis "plus que de desseins, il s'agit du cours des choses..."
Enfin, je crois.
Très bon week-end à toi, méfies-toi du temps trop chaud, il amollit nos défenses
Avec ce seul bémol que le marais a toujours été un quartier inaccessible : c'était le cas au moyen age, puis sous l'ancien régime, avec les hotels particuliers.
Le phénomene le plus inquiétant est l'extension perpétuelle des limites des hyper-centres, et la paupérisation des banlieues (le mot "ban" étant important et significatif...)
oh non j'ai habité rue de Sévigné dans les années 60 et il y avait des artisans etc.. des boutiques de vie quatidienne - bien sûr les cours des beaux hôtels étaient encombrées de barraques de ferrailleurs et autres. Mais on aurait pu faire une rénovation (et au début cela a été le cas) plus respectueuse de la population ancienne (et moins faussement tape à l'oeil que ce qui s'est fait les dernières années)
Je crois que l'analyse cette analyse s'applique très bien aussi à certains quartiers de Montréal (square Saint-Louis, Plateau Mont-Royal, Milton-Parc, etc.). Il faut des groupes très organisés pour réussir à sauvegarder un minimum de « vie de quartier » avec de vrais citadins, regroupant aussi bien des ouvriers, des artisans que des cadres supérieurs, des nouveaux riches, etc. Quand un quartier regroupe principalement des personnes ayant en commun plusieurs caractéristiques (si belles et attirantes soient-elles), j'appelle cela un ghetto.
C'est vrai qu'il y a eu ls années 60. On ne peut pas dire, je crois, que le marais ait été un quartier "populaire", sauf, c'est vrai, entre la libération et les années 70.
C'est le centre historique de Paris.
Il est urgent de mener une reflexion nationale sur l'avenir que nous voulons pour nos villes.
Bonjour Brigitte,
je viens ici, sans nouvelle de toi depuis quelques temps, pour te souhaiter tous mes voeux de bonheur pour 2007.
Bien à toi,
Arnaud
Brig, s'il y a un site sur lequel je ne m'attendais pas à ce qu'on débatte d'urbanisme, c'est le vôtre !... j'aime bien le commentaire de "accent grave".
Bonne journée à vous !
c'est sans doute une des choses capables de me passionner
J'ai du retard!
Tout à fait d'accord avec ta conclusion:
"Nos frères invisibles rejetés hors la ville", parqués dans de tristes cité HLM, hors de la vue.
alors bien sûr, il faudra payer le prix de cette nouvelle urbanisation
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