Le lendemain de son retour à Marseille, René accompagne la femme et les filles de Simon dans leur promenade à Sormiou. Les barques sont rentrées et les caisses de poissons ont été déchargées. René les regarde en marchant le long des planches des bateaux et de quelques étals, goûtant la lumière de cette fin de journée sur les roches, sur la mer gris pale, s'intéressant plus au charme des voix des pêcheurs et des femmes, qu'à la conversation de ses compagnes. Elsa lui donne un petit coup d'ombrelle sur la jambe et s'arrête devant un panier qui exhibe des vieilles mouchetées, de petits crabes, des rascasses, des girelles, toute une moisson de poissons de roches et René admire l'aisance avec laquelle elle marchande. Il sait sa mère capable, comme cela, de choisir, de discuter avec juste assez de familiarité, mais, en souriant à Elsa qui lui tend, avec des excuses pour ce caprice, cette envie d'une bouillabaisse qui lui est venue, le paquet de poissons, il se demande si Anne-Françoise et Mathilde l'ont appris ou si leur vieille Manon, fière de ses prérogatives, le leur interdit.
Mathilde, elle, est arrivée chez les Icart et la servante qui l'accueille l'envoie vers le jardin où "Madame Cécile est avec le bébé". Après avoir embrassé une petite main qui émerge des linges blancs, et souri à la garde, elle se tourne vers son amie. Elle note son air boudeur et quand elle demande "que t'arrive-t-il ?" Cécile se lève, lui prend la main et l'entraîne dans une marche rageuse vers le mur de clôture.
"Ils veulent tous que je reste ! il parait que je ne suis pas assez forte ! et que l'on n'a pas trouvé une nourrice qui veuille m'accompagner ! Ce n'est tout de même pas une terre d'horreur ! Même Maurice m'écrit dans sa première lettre que ce n'est pas sage, que je dois être patiente, et tout un tas de raisons. Je me demande s'il n'est pas content de sa vie de célibataire."
"Cécile, tu exagère, il se soucie seulement de toi et de son fils. Tu..."
"Oh je t'en prie ! pas toi aussi ! Comprends, j'ai besoin de me plaindre, de donner des coups de pieds dans les pierres et les obligations. J'ai déjà passé trois mois seule, le bébé est beau, je veux mon mari !"
"Tu..."
"et je ne suis pas capable de ta placidité !"
Mathilde s'arrête, et murmure "je ne suis pas placide !"
"Oh ma douce je te demande pardon. Tu sais je crois... Écoute, viens, je vais écrire à Maurice et puis quelques mots à Marseille, tu pourrais ajouter une lettre, comme cela, puisque nous sommes ensemble. Oui, allez, viens et puis en écrivant nous parlerons".
A part peut-être la première, les photos n'ont rien à voir, mais c'est comme ça, c'était mon chemin. Et on installe les terrasses place de l'Horloge.
5 commentaires:
Oh le beau plat de poissons! Quelle belle nature... pas si morte que ça! Chic, si les terrasses de la place de l'horloge sont installées, c'est que le printemps est là. Il faudra que j'aille voir ça! Bonne journée!
Encore un alignement de betes mortes !
Sinon, pour le reste c'est si parfait que je m'en voudrait d'en rajouter...
je conteste les deux premières photos
ont un lien..poisson et huile d'olive.
En retard pour mes lectures je te souhaite une bonne soirée.
La calanque de Sormiou! Cette eau verte et bleue entre la végétation âpre! Et l'odeur du poisson sur son suaire de glace! Merci pour cette virée dans le souvenir...
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