Le ciel d’Avignon n’est pas toujours bleu et ces gouttes m’ont accueillie le matin, traces d’une pluie du petit matin, annonce de l’humidité de la journée. Et j’ai regardé se dérouler cette journée, avec les heures auxquelles j’avais projeté de m’accrocher pour rentrer dans la vie, mais ma volonté, qui aurait du me servir d’engrenage, s’est recroquevillée dans ma main, jusqu’à disparaître aux moments cruciaux. Mal satisfaite.
Cécile et Mathilde se sont éloignées du cercle regroupé sur la terrasse devant la bastide de René et suivent les chemins un peu fous du jardin. Cécile a baissé la tête, elle regarde ses pieds, les projette dans les herbes avec une agressivité ennuyée, surjouant une vague bouderie, jusqu’à ce que son amie s’arrête et constate :
- je suis heureuse
- et moi aussi, pour toi. Il n’y avait rien à annoncer hier soir, vous étiez lumineux. Les conversations doivent vous expertiser ..
- vraiment ? et alors ? tant pis. Le mois prochain, René vient à Avignon et cela sera officiel.
- Je me demande si Maurice va daigner venir féliciter son frère…
- Chérie !
- S’il vient, il devra bien repartir avec moi et son fils, non ? Ses attaches le lui permettront-elles ?
- Cécile !
- Oui que veux tu, j’ai cru que Maurice m’avait choisie, que nous faisions…
Elles se sont arrêtées devant un buisson, au bord d’une restanque et regardent sous elles. - Oh ! et zut je peux te le dire à toi. J’étais bête, et je suis tombée amoureuse de mon mari.
- Mais tu as raison, ma belle, je vous ai vu et..
- Je ne réalisais pas que nos familles se mariaient et..
- Tu vas dire une sottise
- Que Maman épousait enfin son Vivien
- Quand je disais ! C’est idiot, c’est laid, ce n’est pas vrai, tu n’as pas le droit de le penser.
Cécile repart, en secouant un peu la tête, ses anglaises ballant
- Je sais mais…
- Tu es de mauvaise humeur. Maurice viendra, tu oublieras, j’espère, je suis sure, de bouder. Tu riras, tu seras belle, tu brilleras – et vous partirez, en emmenant mon joli filleul.
Cécile sourit « tu viendras me voir, nous voir ». On les appelle. René et Samuel viennent d’arriver pour déjeuner. En marchant à coté d’elle, Mathilde s’inquiète.
- je suis heureuse
- et moi aussi, pour toi. Il n’y avait rien à annoncer hier soir, vous étiez lumineux. Les conversations doivent vous expertiser ..
- vraiment ? et alors ? tant pis. Le mois prochain, René vient à Avignon et cela sera officiel.
- Je me demande si Maurice va daigner venir féliciter son frère…
- Chérie !
- S’il vient, il devra bien repartir avec moi et son fils, non ? Ses attaches le lui permettront-elles ?
- Cécile !
- Oui que veux tu, j’ai cru que Maurice m’avait choisie, que nous faisions…
Elles se sont arrêtées devant un buisson, au bord d’une restanque et regardent sous elles. - Oh ! et zut je peux te le dire à toi. J’étais bête, et je suis tombée amoureuse de mon mari.
- Mais tu as raison, ma belle, je vous ai vu et..
- Je ne réalisais pas que nos familles se mariaient et..
- Tu vas dire une sottise
- Que Maman épousait enfin son Vivien
- Quand je disais ! C’est idiot, c’est laid, ce n’est pas vrai, tu n’as pas le droit de le penser.
Cécile repart, en secouant un peu la tête, ses anglaises ballant
- Je sais mais…
- Tu es de mauvaise humeur. Maurice viendra, tu oublieras, j’espère, je suis sure, de bouder. Tu riras, tu seras belle, tu brilleras – et vous partirez, en emmenant mon joli filleul.
Cécile sourit « tu viendras me voir, nous voir ». On les appelle. René et Samuel viennent d’arriver pour déjeuner. En marchant à coté d’elle, Mathilde s’inquiète.
(au besoin, personnages et résumé sur Roman de gare via mon profil)
13 commentaires:
Une belle histoire on attend la suite
Bisous
Françoise
la pluie, ici, n'est pas du petit matin, elle coule et coule depuis hier dans l'après-midi, sans discontinuer, la terre est certainement heureuse, mais le froid et l'humidité ne me conviennent guère !
Bonne journée Brig, je me délecte de ton "roman de gare" d'autant plus que tu me fais sourire avec cette dénomination :)
"... ses anglaises ballant ...", j'adore, la désuétude, j'imagine une bande de d'jeuns planchant sur l'explication de texte !
On entre dans ce romain sans crier gare et on s' y trouve bien !
ce roman bien-sur pourquoi pas César
J'adore cette métaphore sur la volonté dans le creux de la main comme si c'était quelque chose de saisissable.
Tu as très bien fait d'ouvrir le blog sur les personnages. c'est plus fort que moi, j'ai du mal à seulement me laisser prendre par la beauté de l'écriture. j'aime savoir qui est qui et qui fait quoi.
ici aussi il pleut...
Si ta vie se recroqueville pas ton écriture ! Bon comme du bon pain !
Beau week-end !
Olivier
beaucoup de joie à te lire ce soir...j'aime tes dialogues
apparition surprenante de l'image .. superbe .
et toujours surprise des mots se jouant de nous!!
bonne soirée
Coucou Brigetoun ! Ta première phrase décrit parfaitement ma journée et les feuilles verdelettes sur ce pavé rose, comment tu fais, les goutelettes posées dessus, comme la volonté, c'est BEAU, allez, tu riras, tu seras belle et tu brilleras.
Le dieu du fleuve Sangar, dans le chef d'oeuvre absolu qu'est "Atys" de Lully (de très loins mon opéra préféré), présentait l'hymen avec emphase :
O vous, qui prenez part au bien de ma famille,
Vous, venerables dieux des fleuves les plus grands,
Mes fideles amis, et mes plus chers parents,
Voyez quel est l' espoux que je donne à ma fille.
Je me contenterais d'espérer une fin moins triste pour l'histoire personnelle de notre joli couple.
je trouve que vous avez bien du talent tous autant que vous êtes
Enregistrer un commentaire