Est-ce le gris du ciel, mon gris interne s’en était allé, et j’ai pu cheminer jusqu’aux Halles pour remplir réfrigérateur et placards où régnait un vide désolant.

Atmosphère de fête sans agressivité, avec juste assez de gens pour que je meuble certaines attentes par les photos de ce qui était devant moi.

Petite envie nostalgique devant de beaux légumes, pendant que les familles faisaient provision de mendiants, et parlaient, pour quelques uns achetaient des fruits exotiques. Jouissance du nez, des yeux, de l’écoute des voix et des accents ou absence d’accent.

Choix d'un peu trop d’humbles poissons (peut-être gaspillage, les derniers attendront-ils une semaine ?). Je baignais dans une cordialité pas seulement marchande. Rien de l’hystérie que l’on associe traditionnellement à la période.

Pas de homard cette année, mais de la poutargue, un vinaigre à la figue dont je ne peux ouvrir la bouteille, et deux huiles, les meilleures tomates, quatre sortes de pommes de terre, des joues de morue et des filets salés pour renforcer ma réserve et un joli choix de fromages en débat paresseux mais attentif avec le patron, perte de temps consentie par tous deux, et les attendants.

Et au retour, devant de gentils vœux, le petit retour sur soi qui est le lot de ceux qui n’ont été dignes que de solitude, et ne peuvent passer dignement cette période, plus encore que le courant de la vie dans un monde basé sur sexualité, familles et groupes que dans le refus de se mentir et donc, pour ne pas gêner, le silence. Le tout dans une sérénité parfaite, si parfaite que me suis endormie et, honte, ai délaissé ménage et repassage. Mais un pas fait qui ne fut que retard pour le ménage et gros d’avenir pour le repassage. Je suis raccord de nouveau. Pris de la terre et ébauché une tête au nez arrogant.