Dans une matinée plus trop intérieurement brumeuse, ayant renoncé à sortir, pris le sujet des impromptus littéraires, en évasion, qui était, sans plus de précision, « fragile » http://impromptus.fr/dotclear et me suis créée une enfance transposée, un peu – signe de sénilité ? (pas le succès du siècle, mais moi j'aimais bien) Assise sur la terre, à coté de la rigole, dans un coin éloigné du jardin, loin des yeux, les petits cailloux roulant sous mes cuisses et marquant la paume de la main sur laquelle je m’appuie, nattes croulantes et yeux en berne, il faut que j’occupe ma colère et ma rage contre les grands, parce qu’elle me serre la gorge et que renifler ne suffit pas. Je sens que je faiblis un peu, en plus, et commence à me demander s’ils n’ont pas raison.
Je regarde l’eau qui suit doucement, lentement - la petite vanne doit être presque fermée - le chemin qui lui a été assigné. Alors je prends des feuilles, des brindilles, des graviers, un vrai petit rameau, une bouillie de pétales écrasées dans la terre, deux plumes, une vraie pierre, et, penchée, le nez sur ce filet d’eau, la nuque brulée presqu’à en avoir mal - et c’est bon - j’entreprends de construire un petit barrage, soigneusement, sans autre règle qu’un peu d’instinct, que l’observation aussi de ce qui semble freiner, puis amenuiser et, au bout d’un long moment, avec l’édification d’un petit tas anarchique, un peu courbe, mélange un rien ahurissant, bloquer le minuscule ruisselet. Je vois son niveau monter un peu, ou je le crois, et, c’est vrai, le fond de la rigole, après, n’est plus qu’un peu humide, quelques gouttes, un souvenir.
Je me redresse, j’ai mal au dos, depuis longtemps je ne renifle plus et j’ai oublié pourquoi j’étais venue là, ou j’espère que les grands l’ont oublié, parce que j’ai faim. Je lève la tête et je vois, là bas, une petite procession qui va vers l’ombre du tilleul, la tante portant un plateau et une bousculade des autres, lents et calmes ou caracolant. L’heure du gouter, du pain et du chocolat, un peu fondu.
Mais un gazouillis là devant moi, au sol, qui était inaudible, juste à la limite de mon attention, qui s’accentue, qui me dit que c’est l’heure de l’arrosage. Et le filet grossit, un peu, enfle, et mon œuvre suinte, gonfle, cède. Les bottes du père Jalais se plantent devant moi et sa voix : « l’était pas solide ton truc, trop fragile. Il faut prendre de la terre »
Je regarde l’eau qui suit doucement, lentement - la petite vanne doit être presque fermée - le chemin qui lui a été assigné. Alors je prends des feuilles, des brindilles, des graviers, un vrai petit rameau, une bouillie de pétales écrasées dans la terre, deux plumes, une vraie pierre, et, penchée, le nez sur ce filet d’eau, la nuque brulée presqu’à en avoir mal - et c’est bon - j’entreprends de construire un petit barrage, soigneusement, sans autre règle qu’un peu d’instinct, que l’observation aussi de ce qui semble freiner, puis amenuiser et, au bout d’un long moment, avec l’édification d’un petit tas anarchique, un peu courbe, mélange un rien ahurissant, bloquer le minuscule ruisselet. Je vois son niveau monter un peu, ou je le crois, et, c’est vrai, le fond de la rigole, après, n’est plus qu’un peu humide, quelques gouttes, un souvenir.
Je me redresse, j’ai mal au dos, depuis longtemps je ne renifle plus et j’ai oublié pourquoi j’étais venue là, ou j’espère que les grands l’ont oublié, parce que j’ai faim. Je lève la tête et je vois, là bas, une petite procession qui va vers l’ombre du tilleul, la tante portant un plateau et une bousculade des autres, lents et calmes ou caracolant. L’heure du gouter, du pain et du chocolat, un peu fondu.
Mais un gazouillis là devant moi, au sol, qui était inaudible, juste à la limite de mon attention, qui s’accentue, qui me dit que c’est l’heure de l’arrosage. Et le filet grossit, un peu, enfle, et mon œuvre suinte, gonfle, cède. Les bottes du père Jalais se plantent devant moi et sa voix : « l’était pas solide ton truc, trop fragile. Il faut prendre de la terre »
Bon, les photos ne sont que de loin en rapport – tant pis. Je n'avais pas de rigole d'irrigation sous la main – et puis m’en suis allée dans l’après-midi finir, ou presque le tractage.
et pris un taxi pour Agroparc – ciel très beau, des nuages en pompons, une décoloration pas encore vraiment rose, des nuages effilochés presque noirs ourlés de beige doré.
des musiciens plutôt, même franchement bons, un mix de chanson française, de jazz et de rock, d’assez bons textes, une brune violoniste drue, un batteur trompettiste, qui ont un peu galéré pour animer une assistance en partie trop vieille, au départ trop sérieuse, ou timide, ou pas là pour ça.
une ambiance finalement chaleureuse, des prises de parole plus ou moins éloquentes, dont une fort belle du doyen, ancien maire de Sorgues, se référant et nous situant dans la suite du CNR (beau programme !) – affirmation : « jouer la gagne » - bon, pourquoi pas ?
Jolie surprise, en arrivant : 68 photos formidables envoyées par le gentil Faucon http://www.falconhill.blogspot.com , qui pense à la sédentaire avide de connaître ce qui entoure sa ville – photos de Saint Victor la Coste. Les pierres sont superbes, et la ou les vues sur la plaine du Gard, la garrigue, les chemins, des chats, des visions encloses de murs et d’arcs, des rochers, la noble ordonnance du village, l’église et sa tour de château fort aimable, les platanes en moignons dansant, et un photographe fort doué. J’ai chipé la trouée qui ouvre ce billet, et donne un petit échantillon des autres. Je garde les plus belles, pour un jour, peut être.
Mais mon pauvre ordinateur chauffait, et souffrait ensuite pour enregistrer les assez ingrates photos de notre meeting, trop petites, mal éclairées, pas faciles à prendre avec mon petit appareil, alors que Pierre-Marie Danquigny projetait, derrière les orateurs, celles qu’il a prise dimanche à la Barthelasse, belle ambiance de fête sous soleil.
19 commentaires:
Une bien belle journée pour toi, j'aime beaucoup ton texte de ton enfance transposée. Plein de détails et très bien écrit comme toujours.
Ensuite de la musique, par après réception de belles photos de ton ami, tu devais en être très heureuse.
Tu en as encore longtemps à distribuer tes tracts, c'est une bonne cause et en plus, une bonne randonnée en plein air.
Tes photos sont magnifiques, merci de nous les partager.
Bon mardi et bisous, ma belle amie xxxxx
je reste sur ton dernier "ratage": un point de lumière dans la nuit...après une journée si obstinément remplie...d'une énergie agissante....
Je suis rentré dans votre histoire de rigole avec un très grand plaisir , elle faisait revivre en echo mes propres souvenirs de barrages improvisés ...
Il y a 4 ans, partait le plus grand chanteur "du sud" et poète que je connaisse.
Ecouter quelques bribes de son oeuvre avec une pensée douce et reconnaissante...
Claude Nougaro...
Bonjour Mon Amie,
Ton texte pour les Impromptus est d'une grande douceur enfantine. Dépêche de rentrer le pain au chocolat t'attend !
Encore de magnifiques photos ! crois tu que ton ami m'enverrait quelques unes ?
Tes journées sont toujours d'une grande richesse. Tracte bien !
Au fait ma soeur tracte comme toi le soir, elle est sur la liste du maire sortant, Elie Puigmal (PS). Au passage, il n'est pas du tout ami avec Bourquin que tu cites dans "Autour" d'ailleurs moi non plus...
Belle journée,
OLIVIER
bonjour Brigetoune
Pardon de faire intrusion dans ton blog de la sorte:
En visitant les liens de MUSE, j'ai vu que qq'un annonçait le départ de Mariel.
Peux tu me dire si la nouvelle est malheureusement exacte?
a bientôt peut être.
Ai passé ma tête par le trou du mur, ai lu, ai vu, content suis reparti. Merci Brig.
bonjour brigetoun, un petit passage, un grand merci pour ta fidélité sur mon blog, tes messages sont toujours agréables, tu trouves toujorus les bons mots pour décrre les choses, j'aime beaucoup.
En faisant le tour des blogs j'ai malheureusement appris le départ de Mariel, j'en ai été vraiment chamboulée..
tu es plus forte que moi, je n'arrive pas à écrire, j'ai toujours la même image en tête...
bonne soirée
Bonjour, Brigetoun, je lis mes arriérés chez toi à l'envers aujourd'hui. Humeur du jour. A l'envers ou à l'endroit, je suis contente de te lire.
dans ton subconscient tu faisais barrage à l'UMP, je suis sûr !
C'est encore plus joli ici que chez Impromptus, brigetoun. Wowowowowow, le grand petit monstre vert (en anglais, c'est de la jalousie, en français, j'ignore)me ronge les doigts de pied, tellement que tes écrits sont beaux.
Sincèrement, et sans flagornerie aucune, je te le jure.
Joye : je t'en pris ! mes oedèmes me suffisent (calmés en ce moment) - bon j'émerge je vais lire les autres
Gérard : s'il s'agissait de mon enfance j'aurais été une devineresse pessimiste si j'avais eu l'UMP dans mon inconscient
Elisanne : j'ai la "chance" d'avoir été loin, tout de même moins proche, même si je crois à la vérité de notre amitié - la "chance" aussi d'être plus vieille - et puis c'est un trait de mon caractère, il y a des moments qui me rendent active, ni plus ni moins estimable réaction, juste personnelle.
Très, très, beau billet. Ainsi, le Faucon t'a envoyé 68 photos formidables (le collage atteste de la qualité)? 68 photos, cela me semble énorme !
Coquine cette petite fille qui renifle dans son coin tout en lorgnant le chocolat fondu...
J'aime TES photos, surtout les deux premières et la dernière, ainsi que celles de Falconhil.
Magnifique billet. Y'a que vous pour nous faire revenir en enfance. Ce barrage, j'y travaillais moi aussi.
Accent Grave
Pendant longtemps je rêvais de construire des barrages, des vrais, des grands, des beaux... J'avais même inculqué cette manie à mes enfants: que de barrages sur les ruisseaux du Cantal ou, plus tard, sur l'Hérault quand il descend de l'Aigoual avons-nous fait!
Belle journée à toi.
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