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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, avril 04, 2008

Longuissime puisque un peu frissonnante et vide je pille, sans avoir même envie de me forcer trop à élaguer.
Rien – des projets – de la paresse – du mal être – l’un ou l’autre ou les deux – de la maladresse. Ce que j’ai fait de plus utile et très provisoirement marquant : la chasse, non plus seulement aux chatons et leur rousseur mais aux blanches invasions de pollen qui s’installent pour un grand mois. J’arrive à en saisir sans les écraser, et j’imagine les cristaux de neige que je ne connais guère que par des photos.
Comme je me sens un peu plus stable, un peu moins migraineuse, en écoutant le cirque à l’assemblée (avec une impression de revivre à propos de l’amendement 252 protégeant les territoires et AOC, le lendemain du vote de la licence globale) accompagné par le chant du vent, pas impérial mais joliment joufflu, j’ai « feuilleté » (il faut trouver un terme équivalent) des textes de Publie-net http://www.publie.net/ en attente, et j’ai trouvé l’écriture

« Les mots sont importants car ils constituent les couleurs de l’écrivain classique ; on n’insiste pas assez sur le temps passé par les grands peintres à préparer leurs couleurs, à les choisir, à les atteindre. Une fois qu’on a la bonne couleur, le reste vient tout seul. La note de couleur commande à tout le tableau, elle l’oriente comme il faut ; même chose pour le mot et la page, sauf que les mots d’une langue n’existent qu’en nombre limité. Au total, ils sont environ soixante mille, et seuls dix mille d’entre eux seront vraiment compris par tous les gens, et seuls cinq mille seront utilisés dans un récit de fiction. L’écrivain classique, une fois qu’il a ses mots, doit encore respecter la mesure, la cadence, l’exacte musique. Cela vient tout seul, mais il faut quand même faire attention parfois. »« la vie des écrivains classique »Marc Pautrel
"S'obstiner à travailler dans de telles conditions, c'est sûrement maladif, de même que de faire feu de tout bois, et pourtant les mots sont là, comme la parole est aux bavards, un flot mal contenu dans lequel on trouve de tout, le plus difficile en somme c'est de séparer le grain de l'ivraie, c'est-à-dire de retenir les pépites dans un torrent de boue. Je n'en trouve pas si souvent des pépites, je n'appartiens pas au clan serré des chercheurs d'or heureux, plutôt au groupe indistinct et sans grade des chercheurs d'or pauvres." – « Désordre, un journal » Philippe de Jonckheere


Jean-François Copé est venu surveiller ses troupes, a tonné contre l'opposition et s'en est allé
"Raconter des histoires, transmettre des idées, témoigner, des tas d’institutions bavardes s’occupent de ça, les grands-mères (du temps au moins qu’elles savaient « raconter des histoires »), l’université, les médias, le cinéma, même les partis politiques. Tramer de la beauté avec les mots, en revanche, est proprement l’objet de la littérature. Seulement on ne sait pas du tout en quoi consiste cette « beauté » verbale. On cherche à tâtons, obstinément, quelque chose qu’on ne connaît pas, ou plutôt quelque chose qu’on a souvent éprouvé, lecteur (et alors cela donne envie d’interrompre sa lecture pour se lever et tourner en rond en répétant, en ressassant la phrase qui vous a balancé comme une décharge électrique), mais que pour autant on ne sait pas définir." "Littérature, politique" Olivier Rolin
Le Président a annoncé qu’une conférence des présidents de groupe était convoquée et a annoncé une suspension de séance (ils vont laisser reposer la tempête vraie ou non après la séance de ce jeudi soir). Ce qui m’a envoyé, sur un rayonnage à :
« Mon sacré nom de Dieu de roman me donne des sueurs froides…. J’ai relu tout cela avant-hier, et j’ai été effrayé du peu que ça est et du temps que ça m’a coûté (je ne compte pas le mal). Chaque paragraphe est bon en soi, et il y a des pages, j’en suis sûr, parfaites. Mais précisément à cause de cela, ça ne marche pas. C’est une série de paragraphes tournés, arrêtés, et qui ne dévalent pas les uns sur les autres. Il va falloir les dévisser, lâcher les joints, comme on fait aux mâts de navire quand on veut que les voiles prennent plus de vent. » «lettre du 29 janvier 1853 à Louise Collet » Gustave Flaubert que je trouve tout de même plutôt content de lui, là. (pas à tort, mais inhabituel


Je suis sortie jeter des papiers aux remparts, et en ai ramené un peu du ciel de fin d’après midi (et les nuages qui animaient le bleu, et le bleu pur au dessus de ma rue)
Et pendant la poursuite du débat, je n’ai pas trouvé derrière quel livre se cachait la correspondance de Mallarmé, que je cherchais, mais
« Et me voilà tâtonnant à nouveau, trébuchant, accueillant les images pour les écarter ensuite, cherchant à dépouiller le signe de tout ce qui ne lui serait pas rigoureusement intérieur ;mais craignant aussi qu’une fois dépouillé de la sorte, il ne se retranche que lieux dans son secret.
Ce matin l’eau voile l’herbe
l’écume revient aux roseaux,
plume par le vent poussée ! »
« paysages avec figures absentes » Philippe Jaccottet

et parce que le choix dans ma réserve de photos du ciel m’avait été dicté par le souvenir que j’en avais, un peu de « la Mounine » de Francis Ponge et les tentatives entêtées de description de ce ciel et le paysage « il faut d’abord que je le saisisse, que j’en lie en bouquet, pouvant être tenu à la main…. »« Sur la campagne de Provence
rêgne un pétale de pervenche
Ce jour bleu de cendres vaut nuit
Qui pèse sur la Provence….
.. »Le jour qui luit sur la Provence
est un azur à mine de plomb
ce jour bleu de cendres-là vaut nuit »
… »l’immensité intersidérale est vue ici par transparence et c’est grandiose (aperçu sur l’infini). »

6 commentaires:

micheline a dit…

par delà tout ce bleu..
à la recherche de..
encore et toujours..
et malgré tout..
Par tout ce qui a été dit
et mis en couleurs de mots..
Notre couleur de mots
comme en pause d'avoir tant regardé et vu...et voulu.
Je ne sais pourquoi j'ai tant dormi cette nuit...
sans rêves
comme un cadeau sans raison
comme tout ce bleu du midi
comme ce gros bouquet de cerises en fleurs dans le bleu timide de Paris

OLIVIER a dit…

Ma chère Brig,
Je lis que ce gouvernement t'exaspère, comme moi !
et tes lectures incroyables, j'aime la dernière !
Impressionnant ton lien d'hier !
Bon week-end,
OLIVIER

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ce texte qui associe les mots aux couleurs.

Accent Grave

Anonyme a dit…

Je viens te saluer et repasse demain.

Anonyme a dit…

Quelle lumière! quelle chance tu as!
Flaubert se coltinant avec ses paragraphes un peu comme toi avec ta tête. On trouvera comme il a trouvé.

Siréneau a dit…

Merci pour ce billet providentiel fait de miel de mille fleurs,phrases lavandes et coquelicots, l'une l'autre appelée par un agacement, je crois, contre une certaine intrigance, tu te défends à coup de beauté.