parce que je suis partie sous notre omniprésente pluie vers Louise Labbé au Roure et le jazz dans le jardin de Calvet, mais un peu transie, un peu « blues » en côtoyant de pauvres égarés sous leur parapluie j’ai renoncé et suis rentrée, sans même essayer de joindre les airs d ‘opéra au musée lapidaire ou le danseur de la collection Lambert
Mais dimanche était voué à la lumière, aux annonces de haut-parleur s'insinuant dans ma cour, et au farniente joyeux au bord du Rhône pour les « mille pagaies » (chiffre exact ?)
Des néophytes s’amusant de leur maladresse, et du pur plaisir de ces glissades en eau plate (souvenir de ma seule expérience de la chose et de multiples bouillons pris pour la plus grande joie des « amis » dans les petits rapides) pour la joie des promeneurs rêveurs, des canards et de vieux anglophones
Et Brigetoun assise visage enfin au soleil (mais me faudra chercher de nouvelles sandales, maintenant que les bottes doivent être abandonnées, celles de la fin de l’été dernier laissant mes pieds faire à leur surface des allers et retours qui n’améliorent pas l’élégance de ma démarche) dégustait ce plaisir, juste à la marge, loin de l’affluence
En faisant abstraction de ce qui longeait ce calme bucolique, en saluant la face guerrière du palais dédaigné samedi.
Et assise sur un muret sous le pont j’alternais contemplation qui déclenchait des photos comme une envie de prendre possession, et de petites plongées dans « l’instinct du ciel » de Jean-Michel Maulpoix, m’arrêtant sur
« Partout tu poursuivis la mer…
La mer autour et dedans,en bouche, en embouchure, haussant, baissant la voix. Ses croûtes et ses gerçures,….En regardant longtemps la mer, tu compris comment bouge le visage de l’homme…
La nuit qui n’en peut plus de répéter la mer sait que ceux qui viennent là le soir, fumer une dernière cigarette, ne s’intéressent précisément qu’au fait qu’ils ne comprennent rien de ce qu’elle leur raconte… »
et j’ai levé les yeux et regardé sans voir, consciente seulement de cette eau, de la lumière et des ombres sur elle, et de ce qu’elle n’était pas la mer, et très loin du texte aussi, j’ai revu le Papé, qui fut mon Papa, exilé pendant les longues années, de la fin de l’âge mur à la vieillesse, dans les terres, arraché à cette mer à laquelle il appartenait (peut être trop en elle pour la faire parler) par amour pour les siens, et à ses promenades vers les écluses de Bougival pour voir passer les péniches, essayer consciemment ou non, et se moquant un peu de lui-même, de renouer avec son élément naturel
« Partout tu poursuivis la mer…
La mer autour et dedans,en bouche, en embouchure, haussant, baissant la voix. Ses croûtes et ses gerçures,….En regardant longtemps la mer, tu compris comment bouge le visage de l’homme…
La nuit qui n’en peut plus de répéter la mer sait que ceux qui viennent là le soir, fumer une dernière cigarette, ne s’intéressent précisément qu’au fait qu’ils ne comprennent rien de ce qu’elle leur raconte… »
et j’ai levé les yeux et regardé sans voir, consciente seulement de cette eau, de la lumière et des ombres sur elle, et de ce qu’elle n’était pas la mer, et très loin du texte aussi, j’ai revu le Papé, qui fut mon Papa, exilé pendant les longues années, de la fin de l’âge mur à la vieillesse, dans les terres, arraché à cette mer à laquelle il appartenait (peut être trop en elle pour la faire parler) par amour pour les siens, et à ses promenades vers les écluses de Bougival pour voir passer les péniches, essayer consciemment ou non, et se moquant un peu de lui-même, de renouer avec son élément naturel
Et si j’écris que j’étais loin du texte, c’est que je détourne la surface de mots, les extrayant de leurs résonances, de la mort, de l’amour, de l'incomplétude … mais ne puis faire autrement puisque je n’ai ni le droit ni la possibilité de pénétrer sous la surface que mon père nous offrait ; je sais seulement que j’ai pensé à lui.
6 commentaires:
Un temps gai pour les pagaies, en quelque sorte !
Dessous le Pont Bénezet, la lumière était bien belle ce dimanche, comme lavée, délavée et neuve.
Mon Amie,
tout est magnifique et émouvant !
Merci pour ce partage en mots et en photos !
Et sache que tes mots me touchent toujours.
OLIVIER
Belles photos des bords du rhône qui me rappelle une flânerie l'an dernier à cet endroit à la même époque. Bel endroit pour laisser l'esprit s'évader et rêver de choses du passé, de personnes aimées.
Le temps d'une lecture, ma pensée s'est exilée, un exil volontaire mais non contraint. Et je n'ai vu aucun paysage, ni eau, ni terre, ni bleu , ni vert. Juste une petite fille, habillée de lumière.
Des photos sublimes, et un texte qui l'est plus encore, voici un très beau billet, très ensoleillé, très... festif.
Suis aujourd'hui enfin de retour, après avoir connu quelques grosses difficultés informatiques, qui ont entrainé une absence forcée des blogs que j'aime, tel les tiens.
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