Anne-Françoise et sa fille se sont souri, ont tâtonné, ont retrouvé ce mélange d’affection tue - trop évidente pour qu’elles l’expriment ou la montrent - et de réserve dans lequel elles se coulent à l’aise, avec tout de même chez Mathilde une inflexion - l’indépendance têtue et un peu raide devenue une simple différence courtoise - son nouveau rôle de femme, et sa déférence.
Elle se raconte, un peu, et puis :
- permettez moi, Mère, de vous quitter . Je me dois de rendre visite à ma belle-mère sans la faire attendre
- Mathilde ! Ne devrais-tu pas la faire prévenir, lui demander de te fixer une heure ?
- mais non ! Je suis sure qu’elle me connaît assez pour attendre de moi un peu de spontanéité. Nous nous aimons beaucoup, savez-vous ? - et avec un brusque doute, un regard qui quémande - du moins je crois.
Anne Françoise, s’applique au naturel, les mains sagement posées sur son giron, - « je le crois, ma chérie »
Chez les Icart, une citronnade bue dans le petit salon envahi de soleil, Aurélie l’entraîne dans l’office, lui fait goûter une confiture de cédrat, lui offre avec un peu de solennité un joli cahier couvert de moire vert sombre : « mes recettes de conserves, mon enfant. Vous me les aviez demandées »… et puis, en parlant un peu vite, fourrageant dans les armoires, tournant le dos à la jeune femme, après avoir affirmé, comme pour la forme, qu’elle sait que cela ne la regarde pas, elle parle de Julie, des doutes qu’elle a sur le mariage projeté, sur ce qui peut y entrer de résignation, d’envie véritable, cette gêne qu’elle a cru sentir, comme un remord.
Elle se retourne, fais face à Mathilde : « j’ai l’impression qu’il y avait une sympathie, ou sa promesse , entre vous - peut-être pourriez vous … et puis elle vous remplace un peu ; vous pouvez vous inquiéter pour votre mère »
Et, posant la main sur son bras : « je sais, vous refusez les détours, l‘habileté… mais ne commencez vous pas à apprendre ? - et bien entendu vous ne supportez pas plus de forcer l’intimité des autres que vous ne tolérez … mais justement, je pense que cette timidité, discrétion, est ce qu’attend cette jeune fille. Et puis, vous êtes presque du même âge, et totalement incapable de condescendance…. Ce n’est pas de la curiosité, je suis inquiète…’
Elle referme l’armoire, murmure presque, mais de façon à être entendue
- il est vrai que cela semble la seule solution. Que deviendrait-elle ?
Elle se retourne, fais face à Mathilde : « j’ai l’impression qu’il y avait une sympathie, ou sa promesse , entre vous - peut-être pourriez vous … et puis elle vous remplace un peu ; vous pouvez vous inquiéter pour votre mère »
Et, posant la main sur son bras : « je sais, vous refusez les détours, l‘habileté… mais ne commencez vous pas à apprendre ? - et bien entendu vous ne supportez pas plus de forcer l’intimité des autres que vous ne tolérez … mais justement, je pense que cette timidité, discrétion, est ce qu’attend cette jeune fille. Et puis, vous êtes presque du même âge, et totalement incapable de condescendance…. Ce n’est pas de la curiosité, je suis inquiète…’
Elle referme l’armoire, murmure presque, mais de façon à être entendue
- il est vrai que cela semble la seule solution. Que deviendrait-elle ?
Elles reviennent au salon au moment où Vivien entre, suivi par un homme encore assez jeune, qui s’incline légèrement :
- mon amie, j’ai retenu Monsieur Aurélien Castelle pour vous le présenter. J’ai cru comprendre que nous serons amenés à nous rencontrer….
Et puis, découvrant, Mathilde derrière sa femme, il se précipite, stoppe brusquement, se dresse de toute sa taille pour l’embrasser sur le front, s’écrie : « quel plaisir ! René, dans sa lettre, me parlait de ce voyage qu’il entreprenait, mais ne disait rien de vous. J’ai cru… »
Aurélie le regarde, il se tait - et elle les invite à s’asseoir.
Pendant qu’ils échangent des banalités, Mathilde regarde son vis-à-vis, lui trouve de la grâce, essaie de se souvenir du garçon, silhouette perdue, cachée parmi les images un peu floues qu’elle garde de son mariage,
Pardon aux mânes du personnage inconnu dont j’accapare le buste.
- mon amie, j’ai retenu Monsieur Aurélien Castelle pour vous le présenter. J’ai cru comprendre que nous serons amenés à nous rencontrer….
Et puis, découvrant, Mathilde derrière sa femme, il se précipite, stoppe brusquement, se dresse de toute sa taille pour l’embrasser sur le front, s’écrie : « quel plaisir ! René, dans sa lettre, me parlait de ce voyage qu’il entreprenait, mais ne disait rien de vous. J’ai cru… »
Aurélie le regarde, il se tait - et elle les invite à s’asseoir.
Pendant qu’ils échangent des banalités, Mathilde regarde son vis-à-vis, lui trouve de la grâce, essaie de se souvenir du garçon, silhouette perdue, cachée parmi les images un peu floues qu’elle garde de son mariage,
Pardon aux mânes du personnage inconnu dont j’accapare le buste.
3 commentaires:
sans rapport que de te dire bonjour en cette prime heure de la dernière journée de printemps.
je crois que je vais devoir aller chez le dentiste, ce n'est pas un voyage bien excitant..pas plus que chez le toubib...(et toi?)
En rapport pourtant, ma petite pensée du matin:
Tant sont grands nos désirs d'évasion que nous finissons par prendre n'importe quel train qui passe.
dans l'atmosphère que tu sais si bien décrire de cette bourgeoisie je pense que les mânes de ce buste seront flattées d'être si bien mises en valeur. Bonne journée Brig.
Les non-dits des rencontres, les regards échangés, les gestes ébauchés puis stoppés dans leur élan, des souvenirs en superposition... un instant charmant d'échanges.
Bonne journée.
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