Elle n‘était ni différence ni même, ni différente, ni identique. Juste un individu perdu dans son gouffre, son silence. Juste une nuit de terre obscure. Une époque en elle avait commis sur elle ces monstruosités dont les contes, certains contes, nous parlent, juste avant les forêts…. »

Et reprenant, toujours chez Publie-net - et lui aussi abandonné depuis longtemps malgré le plaisir de la lecture, même sans se référer tout de suite aux textes qui .en sont l’objet, évocation que, dans mon inculture, je goute presque comme une rêverie autour du livre pourtant étudié avec pertinence - « littérature, politique » d’Olivier Rollin, j’ouvre le 3ème texte et tombe sur « les Géorgiques » de Claude Simon, que j’ai repris par petites plongées ces jours-ci.
Et j’aime que parlant de « la mine de plomb » de Claude Simon il évoque en passant la critique par Elie-Faure de la « bataille de Pharsale de Durer » , où tout est sur le même plan, et par delà la défense de Durer par Lucien Dällenbach (que j’avoue humblement ne jamais avoir lu), la phrase de Whitman « je crois qu’une feuille d’herbe ne vaut pas moins que le travail errant des étoiles ».
Revenant aux Géorgiques chez Rollin
« La « mine de plomb » de Claude Simon embrasse, dans un seul mouvement, à la fois très simple et très réticulé, l’espace et ce qui le remplit, elle joue vertigineusement du panoramique et du zoom, elle montre sa forêt, sa masse, sa rumeur et la fine articulation de la feuille sur sa tige, l’armée en déroute et le poil luisant de sueur sur la croupe d’un cheval, elle va sans cesse du cosmos à la chose même, et c’est ce battement en elle qui lui confère, je crois, cette puissance un peu grisante qui impose au lecteur sa loi. Elle a quelque chose de l’aleph borgésien : «L’espace cosmique était là, sans diminution de volume » »
Et il y a la suite : la phrase de Simon comparée « à la progression d’une marée montante …. cela.. immense et délicat, irrésistible et pointilleux,…..
Et cette phrase pour ainsi dire fractale est capable de dire… la succession, la trajectoire que le temps creuse dans le donné… »
Et j’aime que parlant de « la mine de plomb » de Claude Simon il évoque en passant la critique par Elie-Faure de la « bataille de Pharsale de Durer » , où tout est sur le même plan, et par delà la défense de Durer par Lucien Dällenbach (que j’avoue humblement ne jamais avoir lu), la phrase de Whitman « je crois qu’une feuille d’herbe ne vaut pas moins que le travail errant des étoiles ».
Revenant aux Géorgiques chez Rollin
« La « mine de plomb » de Claude Simon embrasse, dans un seul mouvement, à la fois très simple et très réticulé, l’espace et ce qui le remplit, elle joue vertigineusement du panoramique et du zoom, elle montre sa forêt, sa masse, sa rumeur et la fine articulation de la feuille sur sa tige, l’armée en déroute et le poil luisant de sueur sur la croupe d’un cheval, elle va sans cesse du cosmos à la chose même, et c’est ce battement en elle qui lui confère, je crois, cette puissance un peu grisante qui impose au lecteur sa loi. Elle a quelque chose de l’aleph borgésien : «L’espace cosmique était là, sans diminution de volume » »
Et il y a la suite : la phrase de Simon comparée « à la progression d’une marée montante …. cela.. immense et délicat, irrésistible et pointilleux,…..
Et cette phrase pour ainsi dire fractale est capable de dire… la succession, la trajectoire que le temps creuse dans le donné… »
Et à travers les époques et les situations des scènes précises et proches, des retours toujours différents, avec ce que j’ai malheureusement supprimé pour garder en quelques lignes le squelette de la phrase, les plis des tissus, les odeurs, la lumière etc…
10 commentaires:
Que de riches lectures, ma belle amie.
Et bomment va la crève et la température par chez-vous?
Ici, pluie intermitentes, soleil et pluie, et soleil, tout cela dans la même journée, mais frisquet. Pas jojo, l'été nous file entre les doigts et nous n'en profiterons même pas.
Bon mardi et bisous
Un temps à passer chez toi à y lire depuis jeudi que tu ne chômes pas; tes activités toujours aussi nombreuses de lectures et d'écriture m'enrichissent au fil de tes billets; je me laisserais sans doute tenter par les Géorgiques, ceci étant dû à ma passion dévorante de l'époque napoléonnienne...Belle journée Brig.
lire les Géorgiques (celles là aussi) oui - mais la seconde guerre mondiale, comme dans la route des Flandres etc... tient quand même la plus grande place, mais mélée, avec des résonances, etc
On peut (on doit) vagabonder dans les rues comme dans les livres et inversement.
Cela va mieux puisque tu as repris l'une et l'autre errance.
Bonne journée
en toute confusion et honte de ne pouvoir terminer 3 ou 4 bouquins que je lis en parallèle sans arriver à donner à voir la subsrantifique moelle!!! je me berce des mots de tes lectures.. sans plus de paix..
"Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille
tu réclamais le soir, il decend , le voici
................................
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche"
( Baudelaire)
lire - comme avancer (aussi) dans les sables mouvants
J'emprunte à Sam Levinson la citation qu'« on ne peut pas vivre assez longtemps pour faire toutes les erreurs nous-mêmes, il faut apprendre de celles des autres » et la modifiant pour parler des lectures.
Merci de me faire profiter des tiennes, très érudites.
Claude Simon, le catalan, prix Nobel, pas encore lu...
Qd je vois tout ce que tu lis, je suis stupéfait et admiratif ! il faut que je m'y remette...
Tu restes ma référence pour les lectures.
A plus,
OLIVIER
Pas très en forme depuis quelque temps, flemmarde, j'admire ta vitalité delectrise. Le soliel semble voulir revenir ce soir, ça fait du bien au moral et au potager devenu cloaque... mais, bon, fèves, petits pois et haricots verts sont de la fête de la musique ! La douleur physique est parfois empêchante, d'autant plus qu'on tourne en rond à la recherche d'une cause (radios, échographie, analyses de sang... rien... ). Je suis bien contente de revenir ici, dans cette bibliothèque universelle de haut niveau. merci !
Longuissime, peut-être, mais totalement jouissif... Tes billets font vraiment du bien.
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