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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, janvier 18, 2009



"Nous vivons parfois dans la sphère domestique d'éprouvantes régressions, comme si le temps était pris de spasmes, de caprices ou de regrets, nous nous trouvons brutalement ramenés deux ans, dix ans ou vingt ans en arrière. Il suffit d'une panne de l'un des ingénieux systèmes d'exploitation désormais intégrés à nos existences : magnétoscope, graveur, ordinateur, Internet, et soudain nous décrochons de notre époque, nous n'y sommes plus, de là ce désarroi qui pourrait sembler disproportionné s'il n'avait d'autre motif qu'un petit souci technique."
l'autofictif d'Éric Chevillard http://l-autofictif.over-blog.com/ n° 449
clin d'oeil, vendredi matin, en allumant l'ordinateur, après une petite station au dessus du radiateur dans l'air qui se dégourdissait, réveillée par la lumière perdue depuis qu'à minuit l'électricité nous avait abandonnés, juste après que j'ai fini de faire ma cuisine.
Et m'en suis allée dans le noir à la chasse aux bougies pour pouvoir lire et me sentir accompagnée, pendant que je croyais sentir le froid s'installer, et que mes oreilles bourdonnaient de silence.
mais ne sais si c'est une réaction (suis certaine que non à vrai dire) je me suis déconnectée de la vie et du monde, et au moment de partir vers le Chêne noir assister à une comédie intitulée "sans fil" un ennui invincible et certainement injustifié m'a saisi et je me suis sentie incapable d'aller m'intéresser, même de façon ludique, à l'utilisation que mes contemporains font des portables (bien peu concernée)
une vacance, une tendance à rester en contemplation devant le mur, que je ne voyais pas, qui a duré toute la journée de samedi, avec juste une incursion vers la place de l'horloge (j'étais sortie pour un concert Mendelssohn à Saint Agricol et j'ai trouvé cela totalement inutile pendant les quelques pas qui m'en séparaient) pour voir le ciel vaguement gris commencer à se déchirer sur les arbres, et il était redevenu bleu dans l'après-midi quand j'ai levé des yeux un peu plus aiguisés, après avoir goûté les quelques pages fraternelles de l'"histoire de la libraire" de François Bon, sa découverte des livres, du monde des libraires, de cette foule à découvrir, des livres de poche, et ces lignes où je me suis retrouvée (en inversant Flaubert et Balzac)
"Pourquoi je cale à Proust ? Pendant plus d’un an je tourne autour, j’essaye de lire, je ne comprends pas. J’ai quand même vingt-six ans, mais je n’ai pas les clés. Peut-être il me manque l’échelon Flaubert, l’échelon Nerval.
Grande crise Flaubert, profonde. Et puis n’y plus revenir : comme un bon copain, content de le revoir mais on n’est plus sur la même route. Nerval et Balzac, oui. J’ai des trous énormes. J’ai basculé au lycée dans le surréalisme, mais Baudelaire et Rimbaud connais pas. Je découvre enfin Baudelaire via Benjamin. Là aussi, je vais lire au cimetière, cul sur la tombe. Trente ans plus tard, j’y retourne au moins une fois l’an. Rimbaud je le lis à Prague, printemps 1978. J’ai la clé. Je suis prêt pour Marcel Proust, mais sans savoir pourquoi il fallait ces clés..."
et puis, je ne me suis pas assise sur la tombe de Baudelaire, mais je l'ai réellement lu tard (et pas encore entièrement) et ne viens que depuis peu à Rimbaud (prévention contre une icône pour jeunesse qui se veut libre, préjugé stupide una vez màs)
Et toutes ces librairies qui me font rêver et que je ne connais pas (sauf l'Arbre à lettres parisien) et où j'ai toujours peur du regard, jugement, conseils du libraire (je n'aime pas que l'on intervienne quand je joue avec la tentation qui me vient des livres, jusqu'au moment du choix).
Mais, lui, les librairies, il y va depuis longtemps aussi pour lire ou écouter des auteurs, qu'il connaît peu à peu, lire. En commun, tout de même, la détestation des chats et du téléphone.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette panne me rappelle un exercice d'écriture ici :

http://www.impromptus.fr/dotclear/index2.php?2007/05/29/2308-oncle-dan-2155

Quant à Proust... je cale aussi !

micheline a dit…

ces pannes qui vous empêchent de vivre même si la chose absolument pas indispensable pour vivre ailleurs ...
Une addiction, on dirait
Savoir qu'elle est là notre petite fenêtre sûre et disponible comme de la lumière qui vient après la nuit .
comme tant de livres maintenant enfermés dans leur nuit..

tanette a dit…

Pannes toujours désagréables même si elles n'étaient là que pour nous faire prendre conscience que nous ne pouvons plus nous passer de ces "ingénieux systèmes d'exploitation" .

Anonyme a dit…

" [...]et puis, je ne me suis pas assise sur la tombe de Baudelaire [...] "

Vous êtes sauvée Brigitte !

" - Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage... " (Rimbaud dans " Les assis ")

Anonyme a dit…

Si la fée électricité perd le fil de ses courants, toi au moins tu ne perds pas le fil de tes pensées et,tellement aiguisées, ce matin.
Il y aurait des "lieux" pour lire. Je ne le crois pas: c'est sans doute la raison qui fait que bien des gens ne le trouve pas, le temps de lire.

Anonyme a dit…

Tu fais partie des gens que l'absence d'ordi, ne nuit point à ta culture, un exemple à suivre, aller ne sois pas modeste !

Brigetoun a dit…

le manque d'ordinateur n'a duré qu'une nuit - le reste c'était manque d'appétence pour quoi que ce soit : mélange paresse et déprime, à-quoi-bonisme - et maintenant douce somnolence

Anonyme a dit…

"une vacance, une tendance à rester en contemplation"

un peu mon état d'esprit ces derniers jours, comme une lassitude de la communication via internet, une envie de silence, de calme...

envie d'être ailleurs aussi, de ne plus rien entendre des horreurs du monde. Le temps de retrouver l'énergie pour combattre...avec des mots

Baci Brigetoun

Anonyme a dit…

J'avais tout juste deux ans et déjà il alignait respectueusement les nombreux livres de la bibliothèque familiale en direction de la Bibliothèque nationale; à peine une année plus tard il dévorait tout Jules Verne. J'avais cinq ans et il relisait la Recherche du temps perdu qu'un ami de sa mère lui avait offerte, j'étais précoce. Quand on lui a offert la correspondance de Flaubert, je n'avais pas encore fêté mon huitième anniversaire et je lisais en fin d'après-midi sur la moquette du salon. Il en avait quinze, seize peut-être, alors que je rêvais avec Sylvain et Sylvette au fond du jardin, j'aimais le courage du premier et la bienveillance de la seconde. Il en avait trente bon poids tandis que je m'endormais en compagnie de Oui-Oui.
Nous nous sommes croisés par une chaleur de trente-trois degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert...

Anonyme a dit…

J'avais tout juste...