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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mai 04, 2009

Elle finissait de farcir la poule, avec plus de soin qu'elle n'en avait jamais eu, les pommes de terre trempaient, les poireaux, l'oignon attendaient sur une planche, le soleil dessinait une bande sur les carreaux, elle bourdonnait à lèvres fermées un air indistinct.
Elle a entendu, Julien qui tapait ses bottes sur la pierre du seuil.
Elle lui a crié :
- "Bertrand est parti la chercher - et Jean ?"
Il s'est arrêté dans son dos
- "Il est dans le champ du pont. Il finit - en a pour une petite demi-heure"
Il est monté, courbé, se hissant en prenant des appuis forts et lents, a fourgonné au dessus d'elle, est redescendu pieds nus, chaussures à la main.
- "Je vais sur la place"
- "Tu ne te changes pas ?"
Il s'était assis près de la fenêtre et laçait ses souliers, courbé, et sa voix en était encore plus sourde.
- "J'ai ma casquette"
- "oh ! toi;;;"

- "Tu ouvres la salle ?"
- "Peut-être, après, avec elle. Mais pour le déjeuner, ici, comme toujours. Elle revient, ce n'est pas une invitée".
Il regardait, debout dans la porte
- "Tu crois que c'est pour nous qu'elle revient ?"
Elle a soulevé, d'un grand mouvement, le faitout, et l'a posé sur la cuisinière
- "Et qui d'autre ?"
Il a montré les prés qui descendaient vers le repli du vallon, la colline, le bosquet, le coin de vigne qui dépassait derrière une croupe.
- "ça"
- "C'est la même chose"
- "Tu crois ?"
- "Je ne me le demande pas. Je suis heureuse qu'elle vienne."
Il a grommelé : "il y a si longtemps..."
- "Tu devrais te changer, pour elle, pour la saluer"
- "Je suis comme ta cuisine"
et il est sorti.
Elle l'a regardé partir avec un petit rictus amusé et exaspéré - son bonhomme - elle a haussé les épaules, s'est dépêchée de finir la préparation du repas, est sortie, est revenue avec une nappe damassée, douce et molle de tant de lavages, a mis le couvert avec application, frottant les fourchettes et cuillères qu'elle sortait d'un écrin, reculant pour mieux voir, déplaçant légèrement les assiettes .
Elle a essayé de voir sa pièce avec un oeil étranger, a grimacé, un peu, et puis souri devant le bahut qui luisait un peu dans l'ombre, le carrelage briqué et son rose usé..
Elle est sortie, a examiné la maigre bordure d'iris, en a choisi quatre, a cassé le bout d'une petite branche de laurier, les a plantés dans un vase de verre pourpre qu'elle a posé sur la pierre de l'appui de la fenêtre.

pas certaine de ne pas les retrouver demain

10 commentaires:

joye a dit…

Histoire intéressante !

Je ne comprends pas le dialogue, il vaudrait mieux que je le revoie demain !!!

;-)

Bonne nuit, brige.

micheline a dit…

cette vie de tous les jours, un rien coquette pourtant avec ses petites distances et l'attente quand même??????c'est ça?

chase a dit…

chère Brigetoun,
Magnifique photo en vert.

chase a dit…

ET je fais le blogging le weekend prochain, je vais me rattraper sur les chef d'oeuvres à ce temps.

BElle semaine en vert comme toujours et sauvez une rose pour moi.

pierre a dit…

Quel fumet venant de la cuisine! Il n'avait pas fini de lacer ses chaussures que son estomac criait déjà famine. Se demandant quelle bouteille il choisirait pour cette poule farcie. Un vin jaune , peut-être...

OLIVIER a dit…

Joli texte mais surtout très belles photos !!!
Bonne semaine !

Brigetoun a dit…

ça voulait avoir un vague rapport avec le fils prodigue (la fille)

Gérard a dit…

la poule farcie, avec ou sans le sot-l'y-laisse ?

native d'Avignon a dit…

L'homme vit pour sa terre, la femme pour sa famille.
Il méprise les apparences, elle y met son point d'honneur.
L'un va se détendre sur la place, l'autre médite dans sa cuisine.
Ils vivent sur des plans différents mais sont complémentaires.

albin, journalier a dit…

La façade : un faux air lisboète.